MINE » narry

eighteenth

Debout face à la fenêtre, Chloë écoutait le doux murmure de l'orage. Quelques éclairs déchiraient déjà le ciel obscur, éblouissant la chambre plongée dans la pénombre. Pensive, la jeune femme fixait la rue déserte, les paupières lourdes de fatigue mais l'esprit bien trop agité pour trouver le sommeil. Elle jeta un rapide coup d'œil au radio réveil qui indiquait deux heures du matin.

Le front collé à la vitre, elle réfléchissait à ce qu'elle comptait faire le lendemain. Sa vie venait de prendre un nouveau tournant et quelque chose en elle avait changé. Elle ne bafouillait plus, ne rougissait que très rarement et reprenait peu à peu confiance en elle. Le lit grinça dans son dos et elle regarda par-dessus son épaule, un léger sourire aux lèvres.

Un jeune homme émergeait du pays des rêves et cherchait à tâtons le corps de sa dulcinée. Il chuchota son prénom et elle lui intima de se rendormir. Son conseil tomba dans l'oreille d'un sourd puisqu'il se redressa sur son séant, les yeux à moitié ouverts et les cheveux en bataille. Il frissonna lorsque la couverture déserta son torse nu. En poussant un grognement mécontent, il sortit du lit et combla la courte distance le séparant de Chloë. Il entoura la taille fine de Chloë de ses bras corpulents. La chaleur irradiant de son corps la fit tressaillir et un sourire plus large se dessina sur ses lèvres lorsqu'il déposa un tendre baiser dans son cou.

- Qu'est-ce que tu fais ? bougonna-t-il, y'a un truc intéressant dehors ? Un dingue occupé à traîner un cadavre au milieu de la rue ?

- Tu vas être fatigué demain matin si tu ne dors pas. Retourne te coucher, Louis.

- Seulement si tu viens avec moi.

Elle se retourna pour lui faire face. Malgré les semaines passées à ses côtés, elle le trouvait toujours aussi séduisant. L'éclat argenté de la lune redessinait les traits de son visage et faisait ressortir la douceur de ses yeux. À travers son regard, elle se sentait belle, elle se sentait femme. Jamais un homme ne l'avait contemplée avec autant d'amour. Dans ses pupilles, elle percevait une intensité qui la troublait.

Louis Tomlison avait vingt huit ans. Elle l'avait rencontré un mois auparavant alors qu'elle emmenait son Jack-Russell au toilettage. Il s'était occupé de son petit chien et la tendresse émanant de ses gestes l'avait touchée. De ses doigts délicats, il massa l'animal jusqu'à ce qu'il s'endorme. Chloë se rendit ensuite au toilettage presque tous les jours mais venait rarement accompagnée de Noisette, son fidèle compagnon. Le courant passa très vite entre eux et, entre ses bras, elle oublia tout. En un regard, il lui redonna l'envie d'aimer, l'envie de faire de nouveau confiance aux hommes, chose qu'elle croyait perdue à jamais.

L'amour survient toujours au moment où on ne l'attend pas. Il apparaît au détour d'une rue, se lit à travers un regard inconnu, se dévoile en un sourire, se découvre au fil des années. Louis avait été pour elle une véritable bénédiction, un souffle nouveau dans sa vie effilochée. Son sourire, sa douceur soigneusement dissimulée derrière une insolence presque infantile, ses yeux terriblement expressifs, le respect avec lequel il la traitait, sa manière de prononcer son prénom, sa façon de rire... toutes ces petites choses qui faisaient qu'elle tombait de plus en plus amoureuse de lui au fil des jours. À ses côtés, elle n'avait plus peur. Elle l'aimait et se sentait prête à tout lui offrir jusqu'à son dernier souffle. Elle avait besoin de lui et il avait besoin d'elle. Pour la première fois, elle se sentait aimée en retour.

Chloë passa les bras autour de la nuque de Louis et l'embrassa du bout des lèvres, frissonnant à la délicatesse de ses caresses. Elle se nicha contre lui et ferma les yeux, respirant son odeur masculine et singulière, tandis qu'il refermait les bras autour de son corps fragile. Il déposa un doux baiser sur ses cheveux, elle tressaillit.