seventeenth

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Le soir tombait sur la ville, absorbant les derniers rayons de soleil. Pensive, Katherine laissait son regard se perdre sur la piste de décollage de l'aéroport de Londres. La tête pleine de songes, l'esprit rongé par le remord, elle espérait silencieusement qu'une vie meilleure l'attendait à Paris. Elle jeta un furtif coup d'œil à sa montre et constata avec un certain soulagement qu'il ne lui restait qu'une demi-heure avant de grimper dans l'avion qui la conduirait vers un futur plus flamboyant.

Un léger soupir franchit ses lèvres sèches pour former un cercle de buée sur la vitre froide. Elle frotta énergiquement son bras pour éloigner le désagréable frisson qui l'assénait. Ses pensées se dirigèrent vers Harry. Elle se demanda comment il allait, où il se trouvait, ce qu'il faisait. Devant ses yeux dénués d'éclat apparut le visage souriant de Niall Horan. Elle sursauta brutalement et ferma fortement les paupières avant de les rouvrir. Elle ne croisa que son insupportable reflet.

La respiration haletante, elle porta une main à son cœur bouleversé, tentant de reprendre le contrôle de ses émotions. Sa conscience la tourmentait, peuplait ses nuits de cauchemars et ses journées d'hallucinations. Le temps ne retenait pas son souffle et bien que les hommes aient souvent essayé, il demeurait indomptable.

Pourtant, si elle avait pu retourner en arrière, elle l'aurait sûrement fait. Elle aurait rangé sa fierté, ignoré les idées sombres que lui chuchotaient sa douleur, nié sa peur de la solitude. Elle regrettait amèrement son geste. Cette partie sombre d'elle-même, cette seconde personnalité qu'elle ne se connaissait pas la faisait trembler. Elle voulait fuir, tout oublier, tout recommencer.

Son regard absent s'attarda sur le Boeing 747 qui se trouvait face à elle. Elle s'imagina monter à son bord, s'envolant pour ne plus jamais revenir. Cette simple image suffit à l'apaiser et sans qu'elle ne s'en rende compte, un léger sourire s'arqua sur ses lèvres. Elle posa sa main gauche sur la vitre froide et ses yeux se posèrent sur son annulaire.

L'anneau doré qui autrefois l'ornait de par sa brillance singulière se trouvait maintenant au fond d'une poubelle de l'aéroport. Elle l'avait jeté sans aucune difficulté, décidée à tirer un trait sur cette vie chaotique. Harry lui manquerait toujours un peu mais elle devait apprendre à vivre sans lui. Elle ne put retenir quelques larmes. Ses doigts se refermèrent, ses ongles s'enfoncèrent dans la paume de sa main. Elle pleura silencieusement, faisant défiler devant ses paupières closes une multitude de souvenirs douloureux.

Le haut-parleur grésilla puis la voix douce d'une hôtesse de l'air se fit entendre.

« Tous les passagers du vol 747 sont priés de se présenter à la porte d'embarquement. »

Elle répéta cette phrase en français, puis en espagnol. À l'aide d'un mouchoir, Katherine tamponna ses yeux gonflés et rougis par les sanglots avant de tourner les talons. D'un pas traînant, elle s'engagea dans la file d'attente. Elle croisa les bras comme pour se protéger. La tristesse collait son visage et elle ne parvint pas à sourire à l'hôtesse lorsque celle-ci lui demanda son billet. Katherine répondit un « merci » poli lorsque l'employée lui souhaita un bon vol. Elle parcourut le long couloir, toujours de ce pas lent et incertain, et ne se retourna pas.

Elle releva la tête et fixa d'un œil morne la porte de l'avion. Son cœur bondit dans sa poitrine et, inconsciemment, elle accéléra le pas.

Elle fuyait pour la dernière fois.

•••

« Elle se reprochait beaucoup d'avoir cru à l'amour, alors qu'elle en connaissait les pièges et les désillusions. En bonne littéraire, elle aurait dû écouter les mises en garde de Kant et de Stendhal : l'amour tourmente et fait souffrir ; l'amour n'est qu'un soleil trompeur, une drogue qui nous empêche de voir le réel. Nous croyons toujours aimer quelqu'un pour ce qu'il est, nous n'aimons en fait, à travers lui, que l'idée de l'amour. »

MINE » narryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant