sixteenth

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Harry resta de longues heures dans la salle d'attente, les yeux vides et la chemise couverte de sang. Son sang. Son regard sombre et dénué d'éclat fixait sans ciller l'affiche punaisée au mur d'en face qui conseillait de se brosser les dents trois fois par jour sous peine de carries et autres inconforts buccaux-dentaires. Il jeta bref coup d'œil à l'horloge accrochée au-dessus du bureau de la réceptionniste. Elle indiquait minuit et demi.

L'ambulance était arrivée quelques minutes après l'évanouissement de Niall. Les secouristes s'étaient empressés de l'installer sur une civière et de calmer l'hémorragie. Harry avait pu accompagner Niall jusqu'à l'hôpital où des médecins le prirent en charge. Cela faisait maintenant plus d'une heure que le blond était en salle d'opération, entre la vie et la mort.

Coudes en appui sur les genoux, Harry enfouit le visage dans ses mains et ses doigts serrèrent son crâne, comme pour l'empêcher de sombrer dans la folie. La scène défilait en boucle dans sa tête. Le coup de feu, le corps raide de Niall s'écroulant sur le sol, l'odeur du sang, le goût de la peur. Il revivait sans cesse le kaléidoscope d'émotions qui saisit son cœur à cet instant et songeait à ce qu'il aurait pu faire, à ce qu'il aurait dû faire. Il ferma fortement les yeux, essayant de chasser cette culpabilité qui gangrénait son esprit.

Il s'était juré de protéger Niall, il avait même eu l'audace de menacer Zayn Malik. Le caïd devait d'ailleurs bien se moquer de lui à cette heure-ci. Furieux contre lui-même, Harry frappa sa cuisse, s'attirant ainsi quelques regards intrigués. Il n'avait pas réussi à prendre soin de la personne la plus chère à son cœur, il n'avait fait que la regarder souffrir et de depuis le début. Niall avait toujours souffert par sa faute, depuis ce maudit enterrement de vie de garçon. Il releva un peu la tête et scruta les environs avec véhémence, espérant apercevoir le chirurgien qui opérait Niall.

Il tentait d'imaginer un scénario plaisant. D'ici quelques minutes, le docteur Shizune tapoterait son épaule et le sortirait de sa torpeur. Il lèverait les yeux vers elle et croiserait son sourire lumineux. D'une voix à la fois douce et enjouée, elle lui annoncerait que Niall allait bien. Il la remercierait en la serrant contre lui et courrait jusqu'à la chambre de Niall pour l'embrasser fiévreusement.

Hélas, ses yeux verts voilés de chagrin ne décelaient aucun chirurgien, juste une salve de patients maladroits et excessivement inquiets, sans compter quelques infirmières occupées à prendre leur pause cigarette à l'extérieur. Harry lâcha un long soupir, abattu. Si Niall ne s'en sortait pas, il ne se le pardonnerait jamais. Comment pourrait-il affronter les regards accusateurs de Bobby et Maura ? Comment pourrait-il se lever le matin et comment pourrait-il s'endormir le soir si la mort de Niall alourdissait sa conscience ? Comment pourrait-il continuer à vivre si Niall ne respirait plus ? Ses songes s'orientèrent vers des souvenirs cruellement doux.

Harry se souvenait de tout. Du goût de ses lèvres et de la profondeur de ses yeux bleus. Du toucher délicat de sa peau et des battements irréguliers de son cœur lorsqu'il lui chuchotait ses « je t'aime ». De la chaleur de ses bras et de la douceur de ses cheveux. Du ton rauque et quelque peu mielleux qu'adoptait sa voix lorsqu'il prononçait son nom. Chacun de ses murmures, chacun de ses cris, résonnait encore dans les tympans du brun.

L'éclat particulier de son rire, aussi lointain soit-il, faisait toujours battre son cœur de la même façon. Harry ferma doucement les yeux. Il se souvenait de tout. De la douleur poignardant sa poitrine dès qu'il l'apercevait avec une fille. De chacun des sanglots qu'il avait pu verser pour Niall et de chaque sourire qu'il avait fait naître sur son visage. Du temps perdu à se considérer comme de simples amis parce que c'était tellement plus facile à vivre.

Si Niall était là, ses bras entoureraient certainement son corps tremblotant pour le réchauffer comme ils savaient si bien le faire. Sa bouche trouverait sans doute le chemin jusqu'à son cou pour y déposer un délicieux baiser qui l'aurait fait frissonner. Sa respiration aurait suffit à calmer ses angoisses et, d'une voix suave et rassurante, il lui susurrerait que tout irait bien. Sans s'en rendre compte, Harry tressaillit.

MINE » narryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant