5. Comptine

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Mayna

14 : 10, Empire Etnal-Gna's larme, cafétéria.

Plus Daeron s'approchait de notre table, plus je sentais en moi une irrésistible envie de fuir.

Je comprends mieux l'idée du traceur dans le bracelet du coup.

Dire qu'il avait l'air énervé était un euphémisme. Il n'avait plus rien à voir avec ce jeune homme à l'air détaché et hautain qui m'avait conduit jusqu'ici.

Il parait encore plus dérangé...

Si, si, c'est possible.

C'était un putain de monstre.

La salle dans laquelle, quelques secondes plus tôt, régnait un intense brouhaha, était devenu étrangement calme. Seuls les pas du jeune homme, claquant contre le sol, venaient rompre ce silence et résonnaient dans le réfectoire.

Nous étions tous suspendus à ses lèvres, attendant qu'il s'explique sur la raison de sa soudaine colère.

Pourquoi marche-t-il si lentement ?
Où peut-être est-ce le temps qui s'écoule au ralenti ?

Brusquement, il empoigna une chaise et la lança avec force vers nous. Celle-ci vola quelques mètres pour venir s'écraser juste à un pas de notre table.

- Mais, bordel, t'as pété un câble ou quoi ? hurla Lozen.

Daeron lui lança un regard noir, mais ne répondit pas.

- Mec, qu'est-ce qui se passe ? Demanda Pharell à son tour. Tu vas finir par nous faire flipper avec tes aires d'Anakin Skywalker.

Ok, il essaye de détendre l'atmosphère.

Mais, sa remarque, comme à Lozen, ne lui valut une œillade meurtrière.

Ok, il ne détend rien du tout !

- Vous trois, c'est putain d'urgent ! Rendez-vous dans mon bureau dans vingt minutes. Finit par dire Daeron. J'ai prévenu Wendy et Gabin, ils seront là aussi.

- Mais, nous sommes quatre, lui signala Azaë.

L'enfoiré émit un léger rire. Un de ses rires mauvais destinés à une seule chose : blesser.

- Pinocchio ne vient pas. Pas besoin d'une gamine incompétente dans mon équipe, bordel ! Ici c'est pas un dessin-animé pour les gosses.

Comme si je n'étais pas assez visée, cet enfoiré de mes deux avait prononcé sa phrase les yeux rivés sur moi.

Dire qu'auprès de Mr. Etnal-Gna, je l'avais défendu !

À cet instant, ma première envie fut de l'étrangler jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Mais, au fond de moi, ses mots firent exploser la bulle de pression et de doutes que je portais depuis que j'étais entrée dans l'Empire ETNAL-GNA'S Larme...

Depuis que j'avais mis les pieds dans ce monde qui m'était encore inconnu.

Une vague glaciale inonda ma poitrine, puis l'ensemble de mes muscles, un à un.

J'avais tenu jusqu'à lors, refoulé mon stress, combattu mes peurs, emprisonné ma peine, nié mes faiblesses, ravalé mes larmes...

Mais jusqu'à quand ?

Je me fissurais. J'essayais de me contenir depuis trop longtemps. Comme un vase cassé que l'on tentait de recoller à la glu, de nouvelles failles s'ouvraient et l'eau coulait de plus belle.

Entre le sang et les larmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant