Chapitre 2

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Ma nouvelle maison me semble trop vaste, trop impersonnelle, pas assez chaleureuse avec ses murs blancs. Je ne m'y sens pas chez moi et j'ai la sensation d'être chez un inconnu. Ma « chambre » fait à elle seule la taille de mon ancien appartement. Je sais que n'importe quelle fille aurait sauté de joie à ma place, mais je n'arrive pas à me réjouir. D'ici quelques jours voire semaines, je m'y sentirais sans aucun doute parfaitement à ma place mais pour l'instant, ce n'est pas le cas et cela me perturbe.

Pour combler ma gêne, je prend mon téléphone et consulte les stories Instagram de mes amis restés en France, mais le silence n'en reste pas moins pesant. Je suis habituée à un petit espace chaleureux, où résonne les cris de mes frères, le tic-tac incessant de l'horloge ou encore le bruit de fond de la télévision. Le silence m'oppresse tellement que je décide d'aller courir afin de m'éloigner de cette morosité ambiante.

Je fouille pendant une dizaine de minutes dans les cartons pour trouver mes vêtements de sports qui, bien évidement, sont au fond du dernier carton. Je m'habille en vitesse et descend dans l'entrée.

_Je vais courir, j'annonce à mon père.

Un vague « OK » me parvient de sa chambre et je sors.

Le quartier n'est pas très animé, mais il y déjà plus de bruit et de vie que dans la maison. Je mets mes écouteurs, indispensables pour que je puisse courir, et ma playlist « Sport » démarre. Je fais le vide dans ma tête et je me concentre uniquement sur la musique.

Je commence à courir à petites foulées régulières, laissant à ma respiration le temps de s'adapter. Les chansons défilent et résonnent dans mes oreilles et j'ai la sensation que, à ce moment, rien ne pourrait me contrarier.

A peine ai-je pensé ça que je me retrouve projetée au sol, mes écouteurs tombants non loin de moi.

Furieuse, je lève les yeux vers l'inconnu qui m'a foncé dedans avec la ferme intention de l'engueuler mais je reste bouche bée. Waouh ! Un garçon de mon âge se tient devant moi et j'ai rarement vu quelqu'un d'aussi beau. Sa peau est légèrement hâlée, ses cheveux bruns coiffés-décoiffés me donnent envie d'y passer la main et son tee-shirt met en valeur ses bras musclés. Son corps semble être celui d'un dieu mais lorsque je croise ses yeux bleu-gris, j'ai l'impression de me prendre un seau d'eau glacé. Je me donne mentalement une gifle et m'oblige à me concentrer sur ce qu'il me dit.

_Excusez-moi, que disiez-vous ? Je lui demande, ayant été plus absorbée par son corps de rêve que par ce qu'il me disait.

Il me foudroie du regard et, visiblement énervé, s'exclame :

_Vous pourriez faire attention à ce qu'il se passe autour de vous, voilà ce que je disait !

Oups ! Serai-ce moi qui lui aurait foncé dedans ? Je m'apprête à m'excuser mais il continue :

_Ça vous amuse peut-être de jouer les auto-tamponneuses mais c'est pas le cas de tous le monde. Certains n'ont pas vraiment le temps pour ces putains de conneries ! Alors ouvrez un peu vos yeux bordel !

Pardon !? J'avais l'intention de m'excuser mais vu sa grossièreté, il peut toujours rêver! Et puis, s'il avait fait attention, je ne l'aurais pas percuté ! En plus, c'est moi qui me retrouve le cul par terre comme une idiote, pas lui !

Je me relève et lui fait face. Il mériterait bien mon poing dans sa figure !

_Désolée d'avoir osé croiser votre chemin, Votre Altesse, lancé-je avec sarcasme, j'espère que je ne vous ai pas fait perdre trop de votre précieux temps.

Il ouvre la bouche, surpris, et je poursuis :

_Sur ce, je vous souhaite une bonne journée et au revoir.

Ignore-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant