8- Retour à la réalité

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« If I had a flower for every time I thought of you, I could walk in my garden forever. »

- Alfred Lord Tennyson -

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Voilà trois jours que Ranpo avait été envoyé dans son roman, et l'américain commençait sérieusement à penser qu'il devrait faire appel à ce membre de l'Agence qui pouvait annihiler les pouvoirs.

L'état mentale du détective lorsqu'il était parti n'était pas pour le rassurer non plus.

Poe savait très bien qu'il se servait de ses livres comme d'une distraction à la vie réelle, mais il espérait que le petit japonnais soit assez rationnel pour se dire que rester dans un univers fictif trop longtemps n'était pas la meilleure des idées.

Il porta son pouce à sa bouche et commença à arracher de petits bouts d'ongle, et au fur et à mesure qu'il rognait la kératine, son doigt se mit à saigner, trop peu pour qu'il s'en rend compte immédiatement.

C'est seulement lorsqu'un goût métallique s'installa sur sa langue que le brun réalisa qu'un de ses vieux tics avait refait surface.

Poe fixa son doigt quelques secondes.

"Pourquoi est-ce que je m'inquiète autant? D'ici quelques heures il fanfaronnera en me disant à quel point mon énigme était facile à résoudre."

Il prit une grande inspiration et retourna à sa contemplation des pages dorées.

Il laissa son regard dériver le long des murs de la grande pièce dans laquelle il se trouvait.

Pendant ces trois jours, il avait acheté le manoir qui lui faisait de l'œil depuis un petit moment, et avait à peine de commencer à emménager, la plupart des pièces étaient affreusement vides.

L'américain était toujours surpris d'avoir trouvé une telle demeure dans un pays aussi accroché à sa culture, mais il avait appris par les vendeurs que c'était un riche canadien qui l'avait fait bâtir quelques dizaines d'années plus tôt car il n'en trouvait aucune à son goût.

Il avait enfin une maison bien à lui au Japon, un endroit où il pourrait rester sans avoir peur qu'on vienne le déranger pour des stupides histoires de lignée et d'héritage.

Le lendemain, on vint toquer à sa porte, et c'est sans surprise qu'elle s'ouvrit sur deux membres de l'A.D.A.

- Bonjour, que puis-je faire pour vous? Les salua-t'il poliment.

L'un était un roux de taille moyenne qui affichait un petit sourire timide, tandis que l'autre était un petit blond aux allures de fermier.

Après l'avoir saluer en retour, le plus jeune des deux demanda à l'écrivain s'il n'avait pas vu Ranpo c'est quatre derniers jours.

Poe réfléchi rapidement: devait-il leur dire? Etaient-ils au courant que leur meilleur détective utilisait des romans comme drogue? Était-ce un secret, ou avait-il le droit de leur dire? Et dans ce cas là, comment réagiraient-ils?

Heureusement que son épaisse frange le cachait, car ses yeux cherchaient frénétiquement une issue.

- Il- Il loge chez moi quelques t-temps.

- Pourrions-nous le voir? Nous avons à lui parler.

- J-je crois qu'il dort, et je ne pense pas que le réveiller soit une bonne idée...

Six years of my life - RanpoeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant