Let's play together

10 - Gagnant

- Ce que j'en dis, c'est que vous devriez vous préparer à mordre la poussière ! Il est hors de question que je vous montre mon corps de dieu grec ou ne serait-ce qu'un bout de ma si belle peau. Alors lacez bien vos chaussures, et mettez-vous en position. Je vais vous démolir.

Elliott regrettait amèrement ses paroles. Deux minutes qu'il était en train de courir, et il savait que c'était déjà deux minutes de trop. Et il n'avait même pas fini son premier tour. Frederick courait tranquillement à ses côtés, gardant un œil sur lui et lui indiquant le bon chemin pour ne pas se perdre dans les bois qui longeaient l'arrière de la bâtisse. Elliott se pinça les lèvres d'agacement en regardant le plus âgé à sa gauche qui avait l'air de réaliser un parcours de santé.

A la fin de leur premier tour, Frederick accéléra la cadence, considérant qu'Elliott connaissait à présent le chemin et qu'il ne se perdrait pas dans les bois.

- Je te laisse tranquille, la tortue ! Se moqua Frederick déjà plusieurs mètres devant Elliott.

Ce dernier soupira, son point de côté le faisant ralentir à chaque mètre qu'il faisait. Comment se faisait-il qu'il était aussi nul à ça ?! Et aussi prévisible que cela le fut, lorsqu'il termina son deuxième tour, Frederick était déjà bien devant, et bientôt il gagnerait cette stupide course et le pauvre jeune homme qu'il était devrait se balader partout les fesses à l'air ! Il fallait qu'Elliott gagne cette course. Il le fallait à tout prix ! Il s'arrêta dans la petite forêt clairsemée en regardant autour de lui. Il entendait quelques mètres plus loin les pas de Frederick. Une idée de génie lui traversa alors l'esprit et Elliott fut assuré de gagner cette course débile.

Elliott eut un sourire malicieux alors qu'il se laissait tomber dans les feuilles mortes au sol. Il se racla la gorge en prenant sa cheville entre ses mains et hurla de douleur en sortant son meilleur jeu d'acteur. Très vite, il entendit Frederick l'appeler et rebrousser chemin.

- Elliott ! Tout va bien ?

Le basané s'approcha de lui en se penchant pour mieux observer la cheville totalement intacte que tenait entre ses mains le malade imaginaire.

- Non... Non, j'ai mal... Ma cheville, elle est...

Il grimaça de douleur, profitant pleinement de l'expression grave sur le visage de Frederick. 

- Montre-moi. Qu'est-ce qui s'est passé ? Comment tu as fait pour tomber ?

- Je... Je ne sais pas... Je voulais vous rattraper et tout à coup, j'étais au sol... Je crois avoir entendu un craquement...

Alors que Frederick inspectait consciencieusement la cheville du châtain, ce dernier en profita pour sauter à califourchon sur le plus vieux. Pris au dépourvu, Frederick tomba en arrière, alors qu'Elliott se redressa rapidement en rigolant, courant déjà vers la victoire.

- Je vous laisse tranquille, la tortue ! Rigola-t-il en sprintant vers la fin de son dernier tour.

Frederick s'assit lentement sur le sol humide, ahuri. Venait-il vraiment de se faire avoir par ce petit sauvage ? Un petit sourire naquit sur son visage. A croire que oui, il s'était bien fait avoir. Autant en rigoler maintenant et paraître profondément déçu tout à l'heure lors de sa punition. Il se releva et se dirigea cette fois, à la marche vers l'avant de sa maison de campagne.

Il y trouva tout fier de lui un Elliott au sourire radieux qui l'attendait patiemment sur le pas de la porte.

- J'ai gagné le jeu ! Vous voyez ? Je vous ai démoli ! Frima-t-il.

Frederick ne réagit pas, se contentant d'avancer vers lui. Une fois devant Elliott, Frederick se contenta de l'attraper en sac à patates et de le jeter par-dessus son épaule, alors que le châtain poussait un petit cri de surprise.

- Tu as raison, tu as gagné. Mais pas à la loyale, Elliott. Aurais-je oublié de te mentionner les répercussions en cas de triche ? Fit Frederick avec un petit sourire en coin en ouvrant la porte.

- Qu'est-ce que vous voulez dire ? Les règles sont les règles. Vous m'avez dit que je devais finir avant vous, et je l'ai fait ! Le gagnant devait avoir une récompense ! Lâchez-moi !

Frederick eut un rire cynique en laissant tomber Elliott sur le canapé.

- D'accord. Moi, j'appelle ça une punition. Mais pour certains de mes soumis, cela s'apparente à une récompense. On verra bien dans quel camp tu te trouves, chuchota-t-il au visage d'Elliott.