7 - Programme

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- Effectivement. Etant donné que tu es là depuis cinq jours déjà, je me suis dit que le moment était bien choisi. Il est temps qu'on parle de mon programme de discipline. Celui pour lequel Sana et Dario ont voulu te confier à moi. Et, il faut également qu'on parle de ton contrat, Elliott.

- M-Mon contrat ? Bafouilla tout bas Elliott.

Il observa les papiers devant lui. Beaucoup de paperasse, pensa-t-il intérieurement. Il avait presque peur de les prendre entre ses mains, comme si toucher ses papiers rendraient les choses plus réelles qu'elles ne l'étaient déjà. 

- Chaque chose en son temps, Elliott. Je veux d'abord te parler du programme que j'ai moi-même établi. C'est un programme en trois étapes : l'apprivoisement, le dressage et enfin l'acceptation. 

En disant cela, Frederick avait montré différents papiers à Elliott pour illustrer ses propos. Le châtain observait le tout, l'air concentré et attentif, avant qu'un petit sourire n'apparaisse sur son visage.

- Genre comme quand on dompte un animal sauvage ? Nargua-t-il, un sourire aux lèvres, trouvant ce foutu programme de discipline de plus en plus ridicule.

- Exactement, sauf qu'ici au lieu d'un animal sauvage, on m'a donné un sauvage tout court, répondit sur le même ton joueur Frederick.

Elliott lui lança un regard noir qui disparut bien vite en apercevant le sourire éclatant de l'homme.  Il s'était accroupi en face de lui pour être à son niveau, seule la table basse les séparait. Il passa une main couleur cacao dans ses dreads, et Elliott observa le mouvement agile de ses doigts entre ses cheveux noirs de geais, qu'il avait attaché en queue de cheval lui tombant sur l'épaule.

- Alors voilà comment ça va se pass-

- Votre nom.

Frederick l'observa quelques secondes, l'air de ne pas vraiment comprendre, en lui lançant un regard sévère, alors Elliott se répéta en se raclant la gorge, les mains moites.

- J'aimerais savoir votre nom, s'il vous plaît, bougonna Elliott, croisant les bras sur sa poitrine.

Le sourire de son vis-à-vis s'agrandit alors qu'il lui faisait un clin d'œil.

- Je préfère ça. La première fois, j'ai cru que j'étais en train de parler à un homme de Cro-Magnon, incapable de formuler une phrase avec pour syntaxe sujet- verbe - complément, et une forme adorable de politesse. Heureusement qu'Elliott, le sage et charmant jeune homme est réapparu.

Elliott râla. Quel idiot il avait en face de lui. 

- Bon, vous me le dites ou pas votre prénom ? Grommela-t-il de nouveau.

- Hum... Le problème, c'est que je ne sais pas si tu le mérites, Elliott. Les vilains garçons ne devraient pas être récompensés, susurra tout bas Frederick sans jamais lâcher le regard saphir d'Elliott.

Elliott se raidit entièrement dans le canapé en entendant les paroles du plus âgé. Il aurait voulu lui jeter un oreiller au visage, le traiter de crétin et de toutes les autres insultes qui lui venaient à l'esprit mais au lieu de ça, il se contenta de bafouiller des mots inaudibles.

- Qu'est-ce que tu dis ? Demanda de cette même voix profonde Frederick.

Dieu, qu'Elliott le détestait plus que tout.

- J'ai... J'ai dit s'il vous plaît... Répéta-t-il quand même plus fort, mort de honte, les joues rouges, cachant son visage entre ses mains.

Il était clair qu'après ça, il avait juste envie de se terrer dans sa nouvelle chambre et de ne plus y sortir. Plus jamais. Ou seulement, si c'était pour changer d'identité et de pays. Dans la cohue qu'était son esprit en ce moment, il n'entendit même pas son ravisseur se poser à ses côtés dans le canapé.

- Je m'appelle Frederick Woods, répondit avec un sourire bienveillant le dominant.

Elliott sentit des doigts chauds dans sa nuque. Il sursauta, mais alors qu'il était prêt à bouger et se rendre le plus loin possible de cet homme, la voix grave et pénétrante du prénommé Frederick s'insinua dans son esprit.

- Ne bouges pas. Reste calme, murmura-t-il contre sa peau.

Frederick engloba la nuque d'Elliott dans sa main, y exerçant une légère pression de ses pouces. Elliott frissonna devant ce contact, mais se laissa étrangement faire. Il se sentait si crispé deux minutes auparavant et pourtant, en sentant les doigts du foncé dans son cou, il éprouva très rapidement une sensation de légèreté. Il relâcha ses épaules, et laissa tomber sa tête un peu plus en avant pour permettre à Frederick de continuer. L'autre main du dominant se posa sur le torse fin de son soumis, le retenant à peine.

- Qu...Qu'est-ce que vous faites ? Soupira Elliott, les yeux clos.

- Je te récompense, souffla Frederick. Tu te comportes bien, alors il faut bien féliciter tes efforts. Je suis en train d'appuyer sur deux points de pression qui libère immédiatement de la dopamine dans ton corps. Tu aimes ?

"Doux Jésus..." fut la seule pensée qui traversa l'esprit d'Elliott alors qu'il se laissait aller entre les mains expertes de cet hommes. Il devait être masseur professionnel, il en était convaincu. Bien que la veille, il avait été convaincu qu'il était cuisinier.

Frederick enleva sa main de la nuque d'Elliott, la passant dans son dos par-dessus son sweat à capuche gris. 

- Respires maintenant. Doucement. 

Elliot s'exécuta, reprenant peu à peu ses esprits. Il passa une main hésitante sur sa nuque, sentant encore les doigts de Frederick contre sa peau, un frisson le parcourut, alors qu'il s'éloignait doucement du noiraud. Il se racla la gorge, gêné, ne parvenant pas à croire qu'il avait laissé cet homme le toucher.

- Le programme. Vous vouliez me parler du programme, se reprit Elliott, ayant un besoin presque vital de changer de sujet.

Frederick sourit. Il ne savait pas que perturber le châtain serait aussi simple. Il ne commenta pas, se contentant simplement de joindre ses mains devant lui, réfléchissant à la meilleure manière d'aborder le sujet avec son soumis.

- Ce programme se déroule sur une période de trois mois. Comme je te l'ai dit : apprivoisement, dressage, acceptation. Durant douze semaines, je vais être ton dominant, et toi mon soumis. 

Elliott se redressa vivement, sautant sur ses pieds, prêt à répliquer tandis que d'un seul signe de la main Frederick lui indiqua de se rasseoir. Elliott soupira, croisant les bras sur son torse, redéposant ses fesses sur le canapé, qui était - il devait l'admettre - extrêmement confortable. Frederick avait du goût pour choisir le mobilier, il ne pourrait pas dire le contraire.

- Les deux premières semaines sont basées sur l'apprivoisement. Une période où on apprend tous les deux à se connaître. Puis, nous avons huit semaines de dressage. Où je te montrerais les quelques bases de domination possibles en huit semaines. Et ensuite l'acceptation. Deux semaines où l'on pourra profiter toi et moi, de tous ce qu'on aura pu découvrir l'un sur l'autre. En aucun cas, je ne veux que tu te sentes mal à l'aise. J'aimerais qu'on commence à se connaître pour que tu aies confiance en moi. Dans ce que nous allons partager durant trois mois, je ne ferai rien qui te déplaît ou que tu n'es pas prêt à faire. J'ai juste besoin que tu gardes l'esprit ouvert. C'est d'accord, Elliott ?

Ce dernier avait des sueurs froides. Frederick avait parlé lentement, mais il y avait eu tellement d'informations qu'il avait l'impression d'être en surchauffe. Il se répétait en boucle, les paroles de son hôte. 

"Bases de domination"

Elliott avait l'impression que ses jambes l'auraient lâchés s'il n'était pas déjà assis. La seule chose qu'il put alors dire, la voix blanche et un air légèrement effrayé au visage fut :

- Je... Je ne suis pas... homosexuel.

Let's play togetherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant