3 - Idiot

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- C'est dommage... Moi qui avait décidé d'être gentil avec toi... La prochaine fois, tu apprendras à tenir ta petite langue, susurra Frederick à l'oreille d'Elliott qui frissonna.


Le trajet s'acheva une heure plus tard, alors que Frederick venait de garer sa voiture devant sa maison de campagne. Il s'agissait simplement d'une résidence secondaire vers laquelle il se tournait lorsqu'il avait besoin de tranquillité. Ici, pas de voisins gênants et encombrants, pas de travaux, pas de circulation, juste le bruit des oiseaux, et la vue imprenable sur les champs agricoles qui se situaient non loin. Il poussa un soupir en éteignant le moteur et sortit de la voiture en se dirigeant vers le coffre. Il l'ouvrit doucement, n'ayant plus du tout entendu le brun durant le reste du trajet. 

Elliott en avait assez, il ne savait plus depuis combien de temps on le trimballait. Il avait l'impression qu'on l'avait fait traversé tout le pays, voire même le continent dans ce foutu coffre. Et la bouteille d'eau qu'on lui avait vidé sur la tête plus tôt n'avait rien arrangé car il était sûr et certain qu'il avait attrapé froid. Il n'aimait pas être traité comme ça. Il méritait beaucoup mieux, comme... au moins un endroit décent où il pourrait s'asseoir et ne pas être ligoté. Lorsqu'il sentit la voiture ralentir pour emprunter un chemin qui semblait être fait de terre, il fut secoué dans tous les sens dans le coffre, demandant à tous les dieux lequel d'entre eux il avait énervé pour aujourd'hui finir comme ça. Au final, le véhicule s'était finalement arrivé, et Elliott n'attendait que le moment où on viendrait le retirer du coffre pour tenter de s'enfuir.

Lorsque la porte du coffre s'ouvrit, Elliott sentit son cœur s'accélérer. Ce serait bientôt à lui de jouer ! Tel James Bond ou Indiana Jones, il se sauverait et retournerait chez lui et terminerait ses jours paisiblement avec une belle femme et de beaux enfants. Voilà ! Il sentit des mains toucher sa cuisse, et il sursauta en poussant un couinement aigu qui n'avait rien à voir avec James Bond.

- Ne t'agites pas. Je vais juste détacher tes jambes pour que tu puisses marcher... grommela son ravisseur.

S'il n'avait eu pas cette balle en plastique entre les dents, Elliott aurait largement souri. Voilà qu'on lui facilitait la tâche. S'il pouvait marcher, il pourrait courir, et à lui la liberté. Il se laissa faire attendant le moment propice. Il sentit très vite, les cordes qui l'étreignaient glisser le long de son jean slim. Puis des doigts froids effleurèrent sa joue et il frissonna au contact de cette odeur mentholée. 

- Je vais enlever le bâillon, mais tu restes sage, Elliott. C'est clair ?

Elliott se raidit en entendant son prénom. Parce qu'en il connaissait son identité ?! Il devait s'échapper et vite, avant que ce malade tente quelque chose pour lui voler tout l'argent de son compte bancaire. Il acquiesça faisant comprendre qu'il coopérait docilement, et on lui enleva le bâillon doucement. La main de son ravisseur vint ensuite se poser sur son menton.

- Si tu as des raideurs, ne t'en fais pas, je te montrerai quelques étirements du visage. Ca peut arriver lorsqu'on n'est pas habitué à porter le bâillon.

Habitué à être... bâillonné ?

Doux Jésus... où est-ce qu'il était tombé... 

- Je vais t'aider à sortir du coffre, Elliott. Mais ne va pas trop vite, compris ? Je garde le bandeau et les liens autour de tes poignets, je les enlèverai à l'intérieur. Ne sois pas gêné si tes jambes sont un peu...

Elliott fit oui de la tête, écoutant à moitié les paroles de son ravisseur. Dès qu'il sentit ses pieds touchés la terre ferme, il envoya son pied dans ce qui semblait être le mollet de son ravisseur. Et il commença dès lors à courir le plus vite possible. Mais contre toute attente, ses jambes le lâchèrent à à peine quelques mètres, et il s'écrasa dans les graviers, la tête la première en faisant un "aie" audible pour toute la campagne.

- ...flageolantes... Termina Frederick, dépité.

Frederick soupira en voyant le jeune homme tenter de se débattre pour se relever. Il s'approcha de lui et l'attrapa par la taille pour le jeter en sac à patates sur son épaule. Elliott hurla comme une fillette en se débattant dans ses bras.

- Lâchez-moi ! C'est un ordre ! Enfoiré ! Laissez-moi partir ! Vous m'écoutez oui ?! C'est un ordre !

Frederick sourit malicieusement en entendant les geignements du brun. Sans le prévenir, il le lâcha au sol, le faisant tomber dans un bruit sourd.

- Aïe !! Barbare ! 

Elliott se redressa comme il pouvait avec ses mains toujours ligotées dans son dos et se mit à genoux tentant de chercher à l'aide d'un bruit la position de son ravisseur.

- Je vous jure que je me vengerai ! Hurla-t-il de nouveau.

Frederick s'accroupit, en souriant, attrapant entre ses doigts le menton fin du brun.

- Tu m'as ordonné de te lâcher, non ? C'est ce que j'ai fait. Je ne suis pas sûr de réellement être en tort, dans le cas présent. Mais si tu continues comme ça, Elliott, tu peux être sûr de rester attaché pendant encore deux jours entiers. Et ne prend pas mes menaces à la légère. Je l'ai déjà fait pour des plus costauds que toi, et je n'hésiterai pas à le refaire.

Elliott se retira de la poigne de son ravisseur, les joues rouges de honte et de colère alors que ses yeux s'embuaient de larmes. Au final, il était plutôt content d'avoir les yeux bandés.

- Pourquoi vous m'avez enlevé ? demanda-t-il, la voix tremblante.

Le regard de Frederick s'adoucit aussitôt qu'il entendit la voix cassée de son nouveau soumis. Avec toute la douceur dont il pouvait se montrer capable, il inspira une grande bouffée d'air avant de déclarer :

- Je ne t'ai pas enlevé, Elliott. Tu m'as été confié. Tu peux être certain que si tu te montres coopératif, je ne te ferai aucun mal.

Mais vous pourriez m'en faire, songea Elliott pour lui-même.

Frederick reprit le plus jeune sur son épaule, n'éprouvant aucune difficulté à le soulever. Il était vraiment un poids plume et il se promettait de lui faire gagner en masse musculaire durant son séjour à ses côtés. Elliott se plaignit encore une fois, le sang lui remontant à la tête d'être ainsi porté.

- Normalement, on fait entré les invités sur leurs deux pieds, bougonna-t-il en gigotant dans les bras de Frederick.

- Normalement, les invités ne tentent pas de fuir, répliqua ce dernier sur un ton plus joueur.

Il sortit la clé de sa maison de campagne de sa poche et l'ouvrit, heureux de retrouver l'atmosphère paisible des lieux, espérant secrètement que cet atmosphère atteigne également son accompagnateur. Il monta les escaliers se dirigeant vers la chambre d'ami. Sur son épaule, Elliott n'avait  pas arrêté de se plaindre, et l'idée de le bâillonner encore une fois lui traversa l'esprit, mais il se força à subir les incessantes plaintes et geignements du plus jeune. 

Arrivé dans la chambre, il jeta Elliott sur le lit, sans ménagement en ricanant, ce dernier se plaignit encore, mais fut rassuré de ne pas retrouver les graviers comme plus tôt auparavant. Frederick le fit se tourner et enleva les cordes qui liaient ses poignets. Elliott soupira de soulagement en retrouvant sa liberté.

- Ne tente pas de fuir, ou je te punirais, souffla à son oreille l'odeur mentholée.

Elliott frissonna de nouveau en acquiesçant sagement, se massant les poignets rougis par les cordes. 

- Je vais enlever le bandeau maintenant. Mais attends quelques secondes avant d'ouvrir les yeux.

Frederick s'exécuta, et Elliott, comme un enfant devant un magasin de bonbons, ouvrit de grands yeux. Rick plaqua sa main directement sur les deux orbes bleus nuit qui s'étaient dévoilées durant l'espace d'un instant. 

- Je t'ai dit de ne pas ouvrir les yeux, crétin. Tu as passé trois heures trente dans le noir... Alors adaptes-toi d'abord, soupira Frederick, plus que dépité par l'idiot dont il devait avoir la charge maintenant. 


Frederick soupira à l'idée de devoir se coltiner quelqu'un de si peu mature qu'Elliott pendant les trois mois à venir. Qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter d'aider ce gamin...?



Let's play togetherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant