24. Tu n'as jamais fait ton rôle de père!

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Lance m'avait fait un câlin devant tout le monde avant que je ne parte. J'ai cru voir Leiftan et Nevra très énervé tandis que Mathieu n'avait pas l'air surpris.

C'est étrange d'ailleurs qu'il ne le soit pas...

Je crois que cette mission m'aide à comprendre ce que je veux et ce que je ne veux pas, elle m'aide à m'affirmer.

Je suis sur le trajet, la voiture a des fenêtres fumés et elle est très luxueuse mais plus nous nous rapprochons de chez mon père, plus mon stress augmente.

Qu'est-ce que je vais dire à celui qui n'a jamais fait son travail de père? À celui qui est la principale cause de mes traumatismes..

Lorsque je vivais avec mes parents, c'était compliqué. Certes, de l'extérieur j'étais riche et dans une « bonne famille » mais à l'intérieur.. mon père ne sortait jamais de son bureau à part pour frapper ma mère ou nous engueuler. Je crois n'avoir aucun souvenir d'un câlin ni même d'un bisous ou d'un bonne nuit. Il a toujours été alcoolique d'aussi loin que je me souvienne. Il a trompé ma mère énormément de fois aussi puisqu'il est beau et riche.. il était attirant auprès des autres dames.

Comment lui parler maintenant ? Huit ans plus tard ? En ayant conscience de tout ça?

Est-ce qu'il a vieilli? Est-ce qu'il a changé? Peut-être que le fait d'avoir tout perdu l'a touché et l'a fait changé en positif?

Non, bien sûr que non.

La voiture s'est arrêtée et le chauffeur est descendu. Je suppose que nous sommes arrivés et effectivement, Cobra ouvre la portière.

À ma plus grande surprise : nous ne sommes pas chez moi mais devant un immeuble. Il est assez banal mais il a l'air d'être relativement neuf, je dirais que sa construction remonte à deux ou trois ans.

En tout cas, ce n'est pas là où mon père travaillait il y a huit ans.

Cobra m'a escorté traversant le hall puis le couloir, nous étions montés au troisième étage. En sortant, nous avons suivi un long couloir avant d'arriver à une épaisse porte en bois où l'Armoire a sonné.

Mon cœur bat à toute vitesse, j'ai l'impression que ce moment dure une éternité.

Il y a eu un grésillement électrique puis la porte s'est déverrouillée.

Je souffle un coup et je pousse la porte timidement laissant la brute derrière moi. Elle se ferme automatiquement lorsque je la lâche.

J'observe la pièce devant moi : un grand bureau vaste mais à la décoration un peu austère. Elle reste cependant élégante.
Le bureau est gigantesque et propre, rien ne traîne dessus.

Le tout est à l'image de l'homme qui se tient assis là.

Ses cheveux poivre sel sont en bataille, son visage est ridé mais il reste un bel homme. Ses yeux violets se posent sur moi et sa mâchoire carrée se contracte derrière sa barbe mal taillée.

Aussitôt, son expression a changé comme-ci il avait reçu un électrochoc. Il se leva alors, titubant vers moi.

« Tout était vrai.. Irelia, ma fille..

Je fis abstraction du dégoût que me procure ce mot dans sa bouche mais, encore une fois, une vague d'émotions contradictoires me parcouru. J'étais énervée qu'il est prononcé ce mot et en même temps émue car j'ai toujours voulu ça. J'ai l'impression que l'enfant que j'étais est toujours quelque part en moi et a attendu ce moment toute sa vie. En même temps, quelle petite fille n'aimerait pas avoir la reconnaissance de son père ?

Les yeux disent.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant