Chapitre 4

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Assise sur mon lit, Adora m'aide a répéter mon texte et me donne des conseils que je note. Je veux faire les choses bien pour le film. Elle me donne la réplique tout en faisant des gestes quand je dois augmenter la voix ou pas. On fait ça depuis deux semaines maintenant. Je répète une scène qui a lieu juste avant l'acte. C'est moi qui joue la dominante, mais je n'ai pas encore l'habitude ou du moins je dois voir quelqu'un de dominant avant pour l'imiter. Généralement, c'est moi qui subit, même si je renverse un peu la situation, des fois.

Adora se tient droite devant moi, le texte qu'elle doit dire devant les yeux. Je commence à dire mes répliques avec nonchalance, comme je dois le faire. La blonde ma conseiller de faire des gestes, de jouer avec mon corps pour faire vivre mon personnage et mes paroles. Je joue le rôle d'une délinquante lesbienne qui s'assume complètement et en face, c'est une sorte de petite sainte qui n'a jamais rien fait sexuellement et qui n'a pas encore compris qu'elle était lesbienne. Adora regarde mon cahier de réplique complètement fichu. J'ai surligné plein de choses, il y a des annotations et plein de post-it. C'est dans la scène que l'héroïne baisse la tête.

Quand j'ai fini ma réplique, je m'approche d'Adora et attrape son cou, la forçant à relever la tête et à me regarder. Elle est surprise alors que je gratte légèrement sa peau avec mes ongles puis les enfonce légèrement sans lui faire mal. Je me rapproche de ses lèvres et souffle dessus avant de reprendre ma réplique.

"Tu n'as pas le droit de détourner tes beaux yeux de moi, chérie, je souffle avec une voix sensuelle.

Euh... Catra ? Je me recule d'un coup et la lâche.

Pardon ! J'espère que je ne t'ai pas gêné ou fait mal.

Non, t'inquiètes pas, tu m'as un peu surprise. Je ne pensais pas que tu irais jusque-là, elle se racle la gorge, c'est écrit après que tu doit l'embrasser.

Ouais ça, je sais faire et je dois après l'amener jusqu'au lit, je réponds.

Je ne m'y connais pas trop dans ce genre de scène, mais je pense que ce que tu viens de faire était parfait. Si tu refais la même le jour où tu la tournes, non seulement, tu vas surprendre ta partenaire, mais aussi le staff."

Je rougis face à tant de compliments. Elle est l'une des rares à me complimenter. Ma mère ignore complètement ce que je fais à l'heure actuelle. Je m'installe à côté d'elle alors qu'elle note quelque chose sur mon cahier. Je n'arrive pas à croire que j'ai réussi à faire quelque chose d'aussi torride du premier coup. La blonde finit par relever la tête vers moi.

"Tu comptes faire ça toute ta vie ?

Non, j'espère quitter ce milieu pour être actrice ou scénariste pourquoi pas. C'est pour ça que je suis dans la filière littéraire. Je me suis dit qu'il fallait bien commencer quelque part et au moins, ça me permet de voir l'envers du décor, j'explique.

Très bien, laisse moi te donner un conseil : ne dis à personne ton orientation sexuelle ou que tu as quelqu'un dans ta vie. Faire ça, c'est détruire ta carrière ou plus intimement ta vie.

De toute façon, je ne dévoile rien de ma vie privé, sinon je suis foute.

Foutue ? Comment ça ?

Ma mère est une salope. Elle a abusé d'un homme en Espagne et elle est tombée enceinte. Je suis née comme ça. Au début elle c'est occuper de moi parce qu'elle n'avait pas le choix, mais elle ne voulait que l'argent que peux lui donner un enfant. Elle m'a éloigné du monde du show-business, me répétant que c'était de la merde et des guignoles, mais un jour, j'ai vu une femme passer à la télé pour chanter à l'eurovision. Elle était vraiment belle et très talentueuse. Je me rappelle encore de ses cheveux bruns et de ses yeux bleus ! Une déesse. Dommage que c'était qu'une rediff pour vendre la télé.

Tu as dû voir Mara alors...

Elle avait un talent de malade ! J'espère qu'elle avait réussi à avoir une vie heureuse. Enfin, quand j'ai eu dix-huit ans, ma mère n'a plus voulu me nourrir et ma dit de me démerder parce que je lui rapportais plus d'argent. J'ai galéré avec des petits boulots puis j'ai commencé à être actrice porno quand j'ai vu que ça pouvait ramener beaucoup ! Elle ne sait pas que je fais ça. À l'heure actuelle, elle croit que j'ai une bourse pour étudier et rien d'autre."

Je ne me rappelle même pas de l'avoir un jour appelé maman. Il n'y a jamais eu d'amour entre nous et c'est très bien comme ça, mais si elle vient à apprendre ce que je fait alors elle serais capable de venir me chercher ici, de me trainer je ne sais où et adieu ma liberté. Elle ne m'aimait pas, mais je devais lui faire honneur. Elle n'a jamais voulu non plus que je voie mon père. Je l'ai quand même déjà vu plusieurs fois et heureusement, lui m'a donner l'amour qu'elle ne m'a jamais donner.

"Et ton père, il est au courant ? Elle me demande.

Ouais ! C'est grâce à lui que j'ai pu commencer. Il n'avait pas les moyens de m'aider à long terme et n'a jamais critiqué les femmes comme moi. Il dit même que c'est impressionnant, je la regarde, et le tiens ?

Il mort avant que je ne naisse, je l'ai jamais connue.

Oh, je suis désolée...

Ne t'en fais pas. Je me porte très bien."

Elle m'offre son plus beau sourire. Elle a l'air de bien le vivre l'absence de son père, mais elle ne parle jamais de sa mère. Elle aussi n'est plus de ce monde ? Je n'ose pas lui poser la question. Elle se lève, déclarant officiellement que je suis prête pour le film. C'est Miranda qui va m'emmener vu que c'est mon tout premier. J'ai vraiment hâte ! Adora se laisse tomber dans mon lit et regarde le plafond.

"Je sais que tu vas réussir, il n'y a pas de doute, me dit-elle.

Tu as peut-être trop d'espoir, je pouffe de rire, bon maintenant à moi de t'aider !

M'aider ? À quoi ? Elle me demande.

À t'amuser voyons ! Miranda m'a dit que tu ne sortais jamais t'amuser. Tu penses étude et travail, mais tu passes à côté de ta vie ! Sinon tu ne seras jamais heureuse, elle ferme les yeux en souriant doucement.

Heureuse hein... Qu'est que tu proposes alors ?

On peut aller dans un aquarium ! C'est assez sombre donc personne ne te reconnaîtra et on sera au chaud. Le froid d'hiver, c'est vraiment chiant.

Très bien, demain, on va à l'aquarium. Toutes les deux ?

Tu veux que tes amis viennent ?

Toutes les deux, c'est très bien aussi. Avec mes amis, on parle beaucoup de boulot."

Tu m'étonnes qu'elle s'amuse jamais alors ! Le lendemain, nous sommes en route pour l'aquarium après avoir prévenu Miranda. C'est au cas où il y aurait un problème. Adora est cacher sous sa capuche avec ses lunettes de soleil. Ça fait un peu stupide vu le temps d'aujourd'hui, mais les gens pensent qu'elle est aveugle alors sa marche. Nous arrivons au petit parc aquatique. Adora paie nos places. J'ai perdu le débat sur ça. Nous nous baladons, observant chacun des aquariums. Je me penche un peu pour regarder les hippocampes.

"Tu savais que les mâles pouvaient mettre au monde aussi ? Me dit la blonde me faisant rire.

C'est trop bizarre, mais impressionnant, je la regarde, j'espère que tu t'amuses ?

Ouais, je n'avais jamais fait ça avant. Merci d'avoir proposé, elle me sourit.

C'est normal ! J'avais envie aussi de m'amuser. C'est quoi ton animal aquatique préféré ?

Mmh, je dirais les raies manta."


Quand j'ai donné ma réponse, Catra attrape ma main et me tire avec enthousiasme. Maman m'avait dit qu'elle aimait les raies manta, je veux savoir pourquoi. J'essaie de lâcher un peu mon rôle pour être un peu plus authentique. Je suis de plus en plus fatigué. On s'arrête devant une vitre. De l'autre côté, il y a le fameux animal dont ma mère m'avait beaucoup parlé. C'est gracieux et ça a l'air doux. Tu avais raison, elles ont jolies. Catra se met devant moi pour avoir le même angle de vue que moi. Je ris un peu.

"Tu veux que je te porte aussi ? Je lui demande.

C'est ça moque toi de ma taille ! Sache que ce n'est pas moi qui suis trop petite, c'est toi qui es trop grande.

Ça revient exactement au même. C'est quoi ton animal aquatique préféré ? Je lui dis en retour.

Laisse-moi réfléchir... Les requins en tout genres !

J'étais persuadé que tu allais dire les dauphins, elle se tourne vers moi.

Les dauphins sont des violeurs donc jamais !"

Comment détruire l'image des dauphins en trente secondes ? Appelez Catra. Un petit qui nous regardait se met à pleurer suite à ça. Une petite panique gagne la brune qui essaie de calmer l'enfant. Elle s'excuse auprès de la mère. Quand le petit est enfin calme, nous allons voir les requins pour qu'elle se change les idées. Je m'amuse vraiment avec elle. C'est ça le bonheur que voulait ma mère pour moi ? Il a fallu qu'une petite Espagnol, fuyant sa mère arrive dans ma vie, mais je n'oublie pas mon objectif. Je compte bien le trouver et lui donner la mort la plus atroce qu'il soit.

Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je regarde le message. Un numéro que je ne connais pas ? J'ouvre les messages avant de me figer. Il y a une photo de ma mère accompagnée d'une affirmation qui confirme ma véritable identité. La seule personne hors Miranda qui sait cette information, c'est lui. Ce message vient de mon père biologique. Il a mordu à l'hameçon comme le gros poisson qu'il est ! Il me reste plus qu'à savoir de qui il s'agit, je peux demander à quelqu'un de remonter le message ou le faire moi-même. Je lui réponds de la façon la plus basique, lui demandant ce qui lui fait penser ça.

"Adora ça va ? Tu fixes ton téléphone depuis longtemps.

Oh oui, désolée, j'ai reçu un message. Rien de grave. On continue ?

Oui !"

Après ça, plusieurs semaines, se sont écoulées. La personne ne m'a jamais répondue et j'ai finalement décidé de me débrouiller seule pour remonter sa piste. Catra a commencer les tournages de son film et ça semble lui faire énormément plaisir. Je l'accompagne de temps en temps, quand je peux et quand ce ne sont pas les fameuses scènes X. Je n'ai pas très envie de voir ça de mes propres yeux. Auprès de la brune, j'ai décidé de renforcer mon mensonge pour ne pas la mettre en danger. Ma fatigue ne s'en va pas non plus et s'empire même. Je commence aussi à avoir de moins en moins d'appétit et de goût à la vie. Peut-être que je devrais aller voir ma psychologue.

On est à la proche des fêtes de fin d'année et j'essaie d'écrire une chanson sur le thème de Noël pour faire plaisir au fan. Je n'y arrive pas. Il n'y a rien qui sort. Ça commence à faire beaucoup de pages vident en ce moment. J'ai le syndrome de la page blanche. Ce n'est pas bon ça ! Si je n'arrive plus à écrire des chansons, je suis foutue et j'aurais plus de mal à le retrouver ! Catra pose une tasse fumante de chocolat chaud à côté de moi pour s'installer dans le canapé en face de moi. Je remonte mon regard sur ses jambes fine et belles. Elle porte juste une chemise et une culotte. Voilà que je matte ma coloc maintenant...

"Tu devrais faire une pause Adora, me dit-elle doucement.

Je ne peux pas faire de pause ! Je dois écrire cette chanson et rapidement ! Je m'exclame en essayant de retenir mon irritation."

Je ne suis pas irritable. Je ne suis pas irritable. Je suis une femme souriante et enthousiaste. J'entends Catra soupirer.

"Si tu bloques à ce point alors n'en fait pas ou alors demande à quelqu'un d'autre de l'écrire pour toi, me dit-elle.

Je ne peux pas. Je n'ai pas le droit de demander à quelqu'un d'autre.

C'est dans ton contrat ?

Non, mais les fans ne veulent pas. Je l'ai fait une fois, ça à fait un flop total.

Je vois, mais tu ne peux pas continuer comme ça. Tu as dormi cette nuit ?

Oui, j'ai dormi."

Non, je n'ai pas fermé les yeux une seule seconde. J'enchaîne les nuits blanches, mais comment ce mensonge peut être crédible avec ma tête horrible. Ça sonne soudainement à la porte. Aucune de nous n'attendait de visite aujourd'hui. Je regarde Catra qui hausse les épaules. Je me lève et regarde dans le petit trou pour voir de qui il s'agit. Une femme aux longs cheveux noirs et les yeux verts très fatigués sont devant. Elle me fait fortement penser à une sorcière. J'ouvre un peu la porte, histoire d'entendre sa voix, mais pas assez pour que je ne sois pas exposé. On ne sait jamais, je n'ai pas confiance.

"Bonjour, je peux vous aider ? Je demande.

Je viens voir ma fille pour les fêtes de fin d'année."

Revenge on life [Catradora AU]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant