Chapitre 4 : Premier Conseil

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Vers seize heures moins le quart, Hilda m'entraîna hors de sa chambre et nous avançâmes en direction de la Salle du Conseil. À peine fut-on sortit de son antichambre qu'une touffe de plumes jaillit de sous ma tunique byzantine. Shiro, qui manifestement, en avait eu assez d'être discret, sortit en fanfare et se percha avec une nonchalance exagérée sur mon épaule. Mon meilleur ami me gratifia de quelques coups de becs dans l'oreille pour me signifier qu'il m'en voulait énormément de l'avoir laissé mourir de chaud sous mon vêtement.

- Pitié Shiro on en a déjà parlé mille fois ! m'exaspérai-je.

Ma princesse, qui marchait à côté de moi, se tourna vers nous et adressa à mon compagnon à plumes un charmant sourire.

- Rebonjour Shiro ! le salua-t-elle avant de me demander. Tu l'avais caché sous ton haut durant notre échange c'est ça ?

- Oui, approuvai-je. Mais je l'ai comme qui dirait oublié et monsieur (J'adressai à mon oiseau un regard mi-désolé, mi-énervé.) en fait tout un drame !

Outré, mon ami m'accorda une dizaine de coups supplémentaires. Je gémis de douleur et, immédiatement, Shiro cessa son châtiment. La Princesse le remarqua bien sûr, et commenta :

- Et bien, ton oiseau est très réactif ! À la moindre souffrance, il s'arrête ! observa-t-elle.

J'adressai au principal concerné un sourire complice. Hilda ne connaissait pas vraiment les limites de la connexion qui nous liait mon Destiné et moi.

- Vous ne croyez pas si bien dire, répondis-je avant de lui expliquer. Comme vous le savez, Shiro et moi sommes « Destinés », ce qui veut dire que l'un ressent ce qu'éprouve l'autre. Si je souffre, Shiro souffrira aussi, si je suis heureux, Shiro ne pourra s'empêcher de l'être également.

- Intéressant... Donc ça agit même sur vos émotions ? s'intrigua ma dulcinée.

- Oui, affirmai-je, puis je précisai. En fait, cette liaison émotionnelle ne marche que dans un sens. Shiro me suit dans mes émotions, il est obligé de ressentir ce que moi je ressens, mais de mon côté, je perçois juste ses pensées et ses sentiments, je n'y suis pas soumis.

- Et vous communiquer par télépathie ? Comme nous deux ? demanda mon ange en nous montrant du doigt tous les deux.

- Pas vraiment, disons que nous lisons dans notre regard. C'est... instinctif, répondis-je.

- Je vois, acquiesça-t-elle. Et... Si tu tombes amoureux Lavio ? Est-ce que Shiro devra suivre ton cœur ?

Je faillis m'arrêter net en plein milieu du couloir. C'est vrai que je ne m'étais jamais posé la question ! Je consultai mon compagnon aux ailes bleues et je lus dans ses yeux une réponse très claire. Je dus me retenir de soupirer de soulagement. Rassuré, je me tournai vers ma bien-aimée.

- Non, l'amour est le seul sentiment que nous ne partageons pas.

- Et pourquoi d'après-toi ? me questionna-t-elle.

Je haussai les épaules avant de conclure :

- L'amour est plus fort que tout !

Ma réponse sembla lui plaire, car ma chère princesse esquissa un de ses ravissants sourires. Au même moment, nous arrivâmes devant la porte qui marquait l'entrée de la Salle du Conseil. Un valet qui se tenait devant la porte nous ouvrit. Hilda prit le temps de le remercier, ce qui eut le don de surprendre le jeune homme ; il n'avait clairement pas l'habitude qu'on lui adresse la parole, encore moins pour le remercier. Mon visage se fendit en un grand sourire, j'adressai un clin d'œil au valet. Je savais qu'il venait d'arriver au service de la famille royale, le pauvre devait être un peu perdu, je me promis d'aller le voir ce soir.

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