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   Une fois ma valise défaite, je regarde les nombreux paquets de cigarette que j'avais dans mon sac, je ressens les effets du manque de nicotine mais je ne peux pas, plus maintenant que je sais pour ma grossesse. Je les jette dans la poubelle et me laisse tomber sur mon lit.
   Deux petits coups sont frappés à ma porte et elle s'entrouve. Francesca apparaît avec un air très timide sur le visage.

" Je te dérange? Elle demande doucement.
- Non, tu peux entrer. Je réponds en soupirant. Ce n'est pas à elle que j'en veux, elle n'y est pour rien en vérité.
- Je sais qu'on ne se connaît pas et n'hésite pas à me dire si je te soûle mais j'aimerai qu'on parle toutes les deux. Dit elle en s'asseyant sur la chaise face à moi.
- Francesca, tu as l'air vraiment très sympa mais je ne suis pas sûre d'avoir envie de parler maintenant. Dis-je assez froidement.
- D'accord. Dit-elle en se levant. Elle s'apprête à partir mais se ravise. Avalone, je tiens juste à te dire que tu es une femme forte. Ton père m'a expliqué pour ton copain et je tiens à te dire que je me doute que c'est dure donc je ferais mon maximum pour éviter de te rappeler ce que tu as perdu. Elle ajoute avant d'ouvrir la porte.
- Francesca, je vous remercie mais vous ne pouvez même pas imaginer ce que j'ai ressenti ce soir là et quand j'ai vu ce policier et la mère de Damiano devant ma porte. Je lui affirme d'une voix très faible. Vous n'imaginez pas la douleur qui creuse mon cœur de l'avoir perdu, ni celle d'avoir dû quitter mes amis et toute ma vie. J'ajoute en baissant la tête.
- J'ai perdu mon mari au combat, je n'imagine que trop bien ce que ça fait de voir un policier sur le pas de la porte qui amène les mauvaises nouvelles. Dit-elle en me fixant.
- Reviens t'asseoir et commençons sur de meilleures bases Francesca. Je cède finalement, pour mon père.
- Je veux que tu te sentes chez toi ici Avalone. Dit-elle avec un sourire.
- Tu peux m'appeler Ava et je suis désolée de ma froideur c'est juste que c'est très dure pour moi. Je réponds en soupirant. Dis moi Francesca, combien de personne vais-je voir dans cette maison? Je demande pour pouvoir jauger à quel point ça sera dure de faire le mur.
- Déjà il y a moi et ton père. Dit elle sur un ton léger. Ensuite il y a Rosa, notre gouvernante et Germán notre majordome. Ce sont les deux seuls employés de la maison qui vivent ici, dans une résidence dans le jardin. Elle me sourit. Par contre dans la journée je ne peux pas te dire combien de personne tu peux croiser, j'ai des jardiniers, des femmes de ménage et des ouvriers qui travaillent au sous sol pour aménager une salle de sport. Dit-elle en rigolant.
- D'accord, donc il y a deux personnes qui sont là tout le temps. J'enregistre l'info, je m'en fous des autres car ce n'est pas en journée que je vais faire le mur.
- Après il y a aussi mes enfants et ma nièce qui vivent ici. Tu vas tous les rencontrer ce soir au dîner. Elle ajoute en prenant ma main.
- Francesca, je dois te dire un truc. Je n'ai jamais eu besoin qu'on me materne, je n'ai pas besoin qu'on me surveille et j'aime avoir mon intimité. Dis-je alors qu'elle hausse les épaules.
- Je ferai tout pour te laisser ton espace mais il faut aussi qu'on fixe des règles. J'ai toujours eu des règles dans ma maison. Dit-elle plus sérieusement.
- On en parlera plus tard, j'aimerai aller prendre un bain avant le diner. Dis-je en me levant.
- Bien sur, je te laisse. On dîne à 19h donc prend ton temps. Dit elle en sortant."

   19h? Sans déconner, ce ne sont pas du tout mes horaires ça. Je pars me faire couler un bain et me plonge dedans, les mains sur mon ventre. Qu'est-ce que je vais faire de ce bébé? Suis-je vraiment prête à devenir mère? Mais serai-je prête à perdre la seule partie de lui qu'il me reste? La combinaison de nous deux?

   Quelques heures après, je termine de me préparer et enfile un short court avec un crop top au décolté plongeant, comme j'adore en mettre chez moi, pour descendre dîner. Quand je regarde l'heure, je me rends compte qu'ils doivent tous m'attendre depuis dix minutes alors je rigole, je ne serais jamais à l'heure.

[ Devinez qui a déjà dix minutes de retard pour le premier repas de famille]

   J'envoie mon message avant de quitter ma chambre. Je croise Ludmila dans l'escalier qui rigole.

" T'es en retard, c'est comme à la maison. Rigole ma petite sœur avant de redescendre en courant."

[T'es vraiment insupportable avec les horaires.]

   La réponse de Luis n'attend pas et je rigole. Lorsque j'arrive dans la salle à manger j'ai un mouvement d'arrêt. Nan mais c'est quoi ça? Ils sont combien dans cette famille?
   Autour de cette table, mon père me lance un regard réprobateur, ma sœur sourit dans sa magnifique robe blanche flambant neuve, Francesca me sourit, elle aussi est en robe. En fait quand je les regarde, ils sont tous sur leur 31 alors que moi, je suis habillée comme ci j'allais en soirée.

" Avalone, viens t'asseoir. M'ordonne mon père."

   Je fais la sourde oreille et continue de dévisager les personnes autour de cette table. Il y a un jeune homme qui doit avoir le même âge que Ludmi, un autre qui doit être un peu plus jeune que moi et encore un autre qui doit être un peu plus âgé et qui me fixe comme je le fais. Il y a également deux filles du même âge qui me regardent de travers.

" Avalone, je te présente Marina, ma nièce. Affirme Fran en pointant la jeune blonde qui me regarde de haut en bas. Et à côté d'elle il y a Alexia, ma fille. Elles ont le même âge que toi et vous irez ensemble au lycée. Dit-elle alors que je me retiens de lever les yeux au ciel. Mon plus jeune s'appelle Carlos, et voici Alejandro, le jumeau d'Alexia. Elle continue ses présentations alors que le petit garçon me fait un signe de main.
- Viens t'asseoir Ava. M'ordonne mon père pour la seconde fois.
- Tu peux prendre place à côté de Diego. Ajoute Francesca mais je secoue la tête.
- Je n'ai pas très faim, je vais plutôt aller faire un tour. Je rétorque et mon père soupire.
- Avalone Kally Da Silva, viens te mettre à table! S'exclame mon père alors que je le fusille du regard. Tous les autres baissent les yeux.
- Ce n'est pas parce que tu te prends pour un père que je vais me comporter comme ci je n'avais pas tout gérer toute seule ces trois dernières années. Je lui rétorque sérieusement.
- Ava, mange avec nous. Me demande Ludmila avec un regard triste. Je soupire mais obtempère, je ne peux rien lui refuser."

   Je file m'asseoir à côté du fameux Diego qui est le seul à ne pas me lâcher du regard. Un sourire en coin apparaît au coin de sa bouche et il se penche discrètement vers moi pour me murmurer :

" Ne fais pas la gueule sœurette, on va vivre comme une grande famille maintenant. Dit-il alors que je frappe sa cuisse sous la table.
- Même dans tes rêves les plus fous je ne serais pas ta sœur. Je rétorque froidement."

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