Nouveau Départ

*3*

   Le repas se passe dans une ambiance chaleureuse mais je ne prends part à aucune discussion. Je n'ai pas envie d'être là, j'ai envie de rester seule, de pouvoir ruminer ma colère et laisser place à ma tristesse. J'ai envie de pleurer mais jamais je ne me mettrai à pleurer devant autant de personnes, encore moins des inconnus.

   Je finis par m'extirper du repas lorsque j'arrive au bout de mes limites. Ils sont encore au fromage lorsque je me lève brusquement. Je ne dis rien mais Francesca me lance un regard compatissant.

" Ava le repas n'est pas fini. S'exclame mon père.
- Ce n'est pas grave Ricardo, laisse la sortir de table. Le coupe Francesca."

   Je ne dis rien et quitte la table pour sortir prendre l'air. Je gambade dans le jardin, essayant de respirer correctement alors que mes larmes coulent toute seule, c'est trop pour moi.

" Ava, comment tu vas? Me demande ma petite sœur dans mon dos. J'essuie mes joues et me retourne avec le sourire.
- J'avais juste besoin de prendre l'air. Tu devrais aller prendre une part de gâteau. Dis-je d'un ton joyeux complètement faux.
- Je suis grande maintenant, je sais que tu es triste parce que Dam est monté au ciel. Dit-elle alors que je fonds en larmes.
- Je vais bien Lulu, laisse moi et va manger du gâteau avec Carlos. Dis-je en sanglotant.
- Non, on est toujours ensemble quand ça va pas. Rétorque Lulu en me serrant dans ses bras alors que je m'assois sur un transat.
- Je te promets que ça va Ludmi, tu sais je suis triste mais c'est normal, tu verras quand tu seras plus grande. Dis-je en prenant ses petites mains.
- Tu es sûre? Elle questionne quand même.
- Oui, file. Dis-je en la poussant vers la maison."

   Une fois qu'elle passe la porte, ma lèvre se remet à trembler et je me remets à pleurer. Je n'aime pas savoir que ma sœur me sait dans cet état, je veux absolument la préserver de tout le malheur du monde pour garder chez elle tout l'innocence et la joie qu'elle a en elle.

" Tu n'es pas très bavarde sœurette. Affirme une voix rauque dans mon dos.
- Je ne suis pas ta sœur. Dis-je en essayant de contrôler le tremblement de ma voix.
- Tu es en train de pleurer? Il ricane alors que je me retourne.
- Lâche moi ok. Dis-je en essuyant mes joues et en passant à côté de lui.
- Tu chiales parce que ton copain est en Amérique et qu'il t'a largué? Pauvre petite chose fragile. Se moque cet abruti en tirant sur sa cigarette.
- Tu ne me connais pas, ni moi, ni ma vie alors oublie mon existence espèce de connard. Dis-je en le laissant en plan."

   Je rentre dans la maison et file dans ma chambre. J'attrape mon téléphone et regarde mes photos. J'ai conscience de me faire du mal toute seule mais je ne peux pas m'en empêcher. Il me manque tellement.
   Une nausée me prend et je cours aux toilettes de l'étage, vomir une partie du repas que j'ai avalé. Je retourne dans ma salle de bain me brosser les dents puis file m'allonger, espérant que ça ira mieux demain.

   Le lendemain, lorsque je me lève, je me prépare à sortir. Je n'ai pas l'intention de rester indéfiniment enfermée et je compte bien aller me promener ce week-end avant d'atterrir dans le lycée de bourgeois.
   La même tenue que la veille, avec un prime mon maillot de bain en dessous. J'attrape mon casque de moto et descends les marches pour rejoindre le garage où est garée la moto de mon copain.

" Avalone la rebelle, tu sais que tu n'as pas l'âge légal pour rouler en moto ici. Ton permis n'est pas valable. Déclare Marina en me croisant.
- On va mettre les choses au clair tout de suite. Je ne suis pas de cette famille, je fais ce que je veux et je n'ai pas l'intention de me laisser fliquer par une gamine pourrie gâtée comme toi. Je la rembarre et elle me fusille du regard.
- Ava tu saurais pas... Commence mon père avant de s'arrêter net dans sa phrase. Je t'avais dit que tu ne pourrais pas rouler ici, j'ai caché les clefs de ta moto. Il soupire en croisant les bras et je soupire à mon tour.
- Et tu sais aussi bien que moi que tu n'as pas d'autorité sur moi. Je t'aime, je suis venue jusqu'ici pour ton bonheur mais là, c'est ma vie. Donc je vais aller me balader, visiter la ville que tu sois d'accord ou non. Je réponds alors qu'il me fixe.
- Et tu vas démarrer comment si tu n'as pas les clefs? Me questionne Marina avec un sourire en coin que je suis ravie de pouvoir lui faire ravaler.
- En utilisant le double. Je réponds en montrant le trousseau que j'ai dans la main."

   Sur cette magnifique provocation, je les laisse en plan et monte sur ma moto. Je démarre et pars à toute vitesse alors que mon père me hurle dessus. Je me dirige vers le centre ville puis me gare avant de continuer à pied. La ville est grande, et j'avoue que c'est magnifique. Je m'arrête dans un petit café français et commande un expresso avec une viennoiserie étant donné que je n'ai pas mangé avant de partir et que rien au monde ne vaut les pâtisseries françaises.

" Salut! S'exclame une fille métisse assise à la table à côté de moi.
- Salut. Je réponds méfiante.
- Je m'appelle Hada, tu es nouvelle dans le coin, je t'ai jamais vu. Dit-elle avec le sourire.
- Ava. Je viens d'emménager. Je réponds en lui rendant son sourire.
- T'arrives d'où? Elle questionne en venant s'installer à ma table.
- Buenos Aires. Tu vas au lycée? Je demande en retour.
- L'Amérique, ça doit te changer. Dit-elle sans perdre son sourire.
- Tu n'imagines pas à quel point. Je soupire et elle rigole.
- Ouais je vais encore au lycée, je suis dans le privée. Tu vas aller où toi? Elle questionne et je souris.
- Au privée aussi. Ça me rassure de savoir qu'il n'y a pas que des snobs. Dis-je alors qu'elle explose de rire.
- Ouais mais ne te fais pas trop d'espoir quand même. Elle réplique et je souris. Sinon, tu veux que je te fasse visiter? "

   Je la regarde en souriant, elle me rappelle Camila qui est toujours de bonne humeur et hyper avenante. J'accepte son offre et on se dirige vers le centre commercial. On fait plus ample connaissance et vers midi on se décide à manger au resto. A peine mon plat arrivé que je m'excuse pour me rendre aux toilettes. Les nausées c'est vraiment le pire des trucs dans la grossesse.