Déclaration

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-Bon, fit Harry. Je suppose que je n'ai pas trop le choix.

-Tu supposes bien, Potter.

-Très drôle Malefoy. Bon. Je... je ne sais pas trop par ou commencer... Autant tout te dire. La nuit ou Voldemort a... tué mes parents, Dumbledore a envoyé Hagrid venir me chercher et m'amener à lui. J'ai... non, j'avais un parrain, Sirius Black. La maison de mes parents était sous Fidelitas, le gardien du secret avait donc révélé son emplacement à Voldemort. Sauf que... sauf que ce n'était pas Sirius, le gardien, mais Peter Pettigrew. Sirius, furieux, l'a donc poursuivi, dans le but de... eh bien, de le tuer. Il voulait venger mes parents, faire en sorte que Pettigrew paye le prix de sa trahison. Dans sa rage, il n'a pas pensé que je pouvais être en vie. Il a acculé Pettigrew dans une impasse, en territoire moldu. Là, Pettigrew étant un animagus non déclaré, il s'est lui-même tranché un doigt et a provoqué une explosion avant de se transformer en rat. Il a donc fui et Sirius, mon parrain, a été pris d'un fou rire incontrôlable. Des moldus ayant assisté à l'attaque et douze d'entre eux étant morts, les Aurors et les Oubliators ont immédiatement débarqué. Ils ont jeté Sirius dans une cellule à Azkaban et il a été prit pour le coupable du meurtre de Peter Pettigrew et pour celui qui avait trahit James et Lily Potter.

» Bref, pendant ce temps-là, Hagrid m'avait amené à Dumbledore et McGonagall. Ceux-ci m'ont déposé chez la seule famille qui me restait, espérant que la protection du sang de ma mère y perdure : mon oncle et ma tante moldu. Ils avaient un fils qui avait un an également : Dudley. Ils détestent tout ce qui est magique, « anormal », comme ils disent. Ils m'ont recueilli à contrecœur, forcés par Dumbledore. Le directeur leur avait dit de m'accueillir, pas de bien me traiter ou de me dorloter. J'ai donc dormit dans un placard sous l'escalier, à peine assez grand pour un lit, remplit de toiles d'araignées. Ils me traitaient comme un elfe de maison, me confiant toutes les tâches, me sous-alimentant, me battant dès que je provoquais un phénomène étrange par accident ou que je répondais à mon oncle.

» Puis, un jour, une lettre pour moi est arrivée, l'été de mes onze ans. Elle provenait d'un endroit étrange appelé « Poudlard ». Avant que je ne puisse la lire, elle fut réduite en pièces par mon oncle. Mais d'autres lettres identiques arrivèrent. Un jour, une montagne de lettres arriva par la cheminée : ce fut la fois de trop pour mon oncle : nous avons déménagé. Pas sur une nouvelle rue de bourges ou je-ne-sais-quoi, non, dans une cabane humide, branlante et inquiétante, perchée sur un rocher au milieu de la mer. Mon oncle, muni d'un fusil, et ma tante ont pris la chambre avec le lit deux places. Mon cousin Dudley s'est emparé du canapé et des couvertures moisies. Moi, j'ai dû dormir par terre, frigorifié. Cette nuit-là, j'ai eu onze ans.

» Cependant, peu après minuit, la porte a été défoncée par un homme gigantesque. Après avoir tordu le fusil de mon oncle Vernon, il s'est présenté : Rubeus Hagrid, gardien des clefs et des lieux à Poudlard. Je n'avais aucune idée de ce qu'était Poudlard et, quand il l'a comprit, il est devenu furieux et m'a annoncé que j'étais un sorcier. Je n'en ai pas cru mes oreilles. Donc, je l'ai suivi. Il représentait... toutes les opportunités qui s'offraient à moi maintenant que j'avais conscience du monde duquel je venais.

» Il m'a amené chercher mes affaires sur le chemin de Traverse et c'est là que je t'ai rencontré. Chez Mme Guipure. Tu étais le premier sorcier de mon âge à qui je parlais. Je me suis réjoui : tu étais un potentiel ami. Puis, je suis allé à King's Cross. J'y ai rencontré les Weasley. Enfin, surtout Ron. Mon premier ami, le premier à accepter le gamin paumé que j'étais, à m'accorder son amitié sans condition, sans se poser de questions. Tu l'as insulté, j'ai refusé de te serrer la main. Cela a briser toute hypothétique relation cordiale entre nous.

» Tout le monde connaît mes aventures, les péripéties exaltantes du jeune Sauveur Harry Potter. Bordel, tout le monde croit connaître ma vie. Toujours est-il que, ce que personne ou presque ne sait, c'est que ma vie a été rythmée par nos interactions, nos défis, la façon que tu avais – et que tu as toujours – de ne pas considérer comme le Sauveur, l'Élu. Tu es une de mes « doses de normalité » si tu veux. Au fil des ans, je me suis rendu compte que... loin de te détester, j'étais plutôt incapable de t'ignorer. Toi seul sait me faire réagir au quart de tour, toi seul sait toujours me tirer des brumes sombres auxquelles je m'abandonne parfois. Il faudrait peut-être être fou pour l'imaginer, Malefoy, mais je me suis rendu compte il y a deux ans que ce n'est pas de la haine que j'éprouve à ton égard... mais des sentiments. 

» Je sais qu'on ne se connaît pas vraiment, mais j'aimerais beaucoup en apprendre plus sur toi. Je voudrais tout savoir, ta couleur préférée, ton plat préférée, ton plus beau souvenir d'enfance, ta tête quand tu te réveilles le matin, ce qui te rend heureux, ce qui te rend triste, ce qui te met en colère... Tout.

Durant toute cette déclaration, Harry avait gardé les yeux baissés. Et il ne comptait les relever que lorsque Malefoy parlerait...


Quand le ciel est gris, tu me fais voir la vie en vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant