𝐏𝐚𝐫𝐚𝐥𝐥𝐞𝐥𝐬

CHAPITRE II

« Ton ennemi n'est peut être pas celui que tu crois »

Sybil

Affalée sur le lit double qui bordait la chambre, je recomptais pour la neuvième fois les moulures du plafond.

Sur ce coup là, je ne pouvais qu'être en accord avec le fait d'être dans une école aussi prestigieuse que l'était Shelton. Cela avait de nombreux avantages pour ce voyage, bien que le coût ait été si conséquent que je n'étais pas si sûre de vouloir y participer.

Ma mère m'avait demandée la somme exacte, en sachant pertinemment que j'allais lui mentir.
Un voyage scolaire de deux cent milles pour l'entièreté de mes camarades était peu, mais pour ma mère et moi c'était insensé.

Lorsque je lui avait avoué le véritable prix, un voile était passé dans ses yeux. Je savais qu'elle voulait refuser, que c'était bien trop au dessus de nos moyens, qu'ils se foutaient de notre gueule.
Mais elle avait caché sa déception et elle avait souri.

« - Bien, mes économies mises de côté existent pour toi de toute manière ! m'avait-elle dit. »

Ses économies tu parles, je n'aurai même pas pu verser milles sous si je l'avais écouté.

J'avais secoué la tête d'un air grave et lui avais dit que le voyage était prit en charge par l'école pour ma part au vu de mes nombreux bons résultats.

Sur cela, je ne mentais pas, j'étais loin de l'échec scolaire, de toute manière cela était compliqué avec des professeurs constamment sur notre dos, mais ma moyenne était au dessus de celle des autres, alors cette excuse avait fonctionné.

Un véritable sourire s'était affiché sur son visage, comme lorsque je lui avais affirmé que j'avais été prise à Shelton, une bourse tout prête m'attendant patiemment.
Évidemment, ça aussi c'était faux.

Je ne pouvais dire que j'avais été accepté à cette école par la sueur de mon front, même si mes résultats comptaient beaucoup.
L'argent était la raison première, et les revenus de mes parents étaient à retranscrire sur mon dossier, pour voir si j'étais capable ou non de financer celle-ci pendant mes trois ans ici.

Avec un père décédé et une mère qui ne touchait globalement rien mes chances étaient minimes, mais j'avais payé à l'avance les trois premiers mois, ce qui avait tout remis en cause.

Ce que j'appréciais dans cette école, et c'était quelque chose de rare, c'était que ni mes professeurs, ni les supérieurs me demandaient d'où venait tout cet argent. Ils me traitaient non pas différemment des autres, et personne d'autre savait que c'était moi seule qui payait ma scolarité.

L'argent que j'avais n'était certainement pas une chose à dire de toute manière. Cela me causerait encore plus d'ennuis, et je n'aurai jamais été prise s'ils savaient que l'argent sur mon compte bancaire était tout ce que j'avais volé depuis le début.

Je me débrouillais comme ça pour mes besoins secondaires, l'école passait bien après les besoins primaires, tels que le logement, la nourriture et la santé de ma mère qui se dégradait de jour en jour.

Il y a de cela cinq ans, j'avais échangé sa carte bancaire avec une que j'avais faite exactement pareille. Tout était faux, même le nom inscrit dessus avec le sien. Mais le compte était le mien. Ayant quelques connaissances dans ce domaine, j'avais su me débrouiller pour que personne ne sache jamais que dès que ma mère utilisait sa soit disant carte, les sous étaient débités pour ma part. Elle ne l'avait jamais remarquée, et c'était comme cela que nous vivions à présent.