CHAPITRE VI

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« Le schéma classique de la vie imitant l'art, imitant la vie »

Sybil

Mes yeux me piquaient.
J'étais si fatiguée et déconnectée de la réalité qu'il m'était difficile d'écouter ce que mes professeurs disaient.

La soirée de la veille avait eu raison de chacun d'entre nous. Mes camarades étaient tous jonchés d'alcool, une odeur de transpiration envoûtante autour d'eux. Je sondais ma classe du regard, essayant de calmer mon cœur qui battait à une vitesse affolante dû à la chaleur des uns et des autres et leurs cris excités qui résonnaient tout autour de moi.

Annabelle me bousculait gentiment l'épaule me faisant sortir de ma rêverie.
Je la regardais elle aussi, ses cheveux roux tombaient sur les siennes, cachant ses taches de rousseurs devenues plus voyantes grâce au soleil environnent. Ses yeux étaient marqués par d'énormes cernes qu'elle essayait tant bien que mal de camoufler par de grossières lunettes de soleil noires.

« - Ma bouche est pâteuse, m'expliqua t-elle en ouvrant et refermant celle-ci rudement, j'ai besoin d'eau. »

Je hochais simplement la tête, ne sachant quoi répondre face à sa demande.
Elle me mima qu'elle allait chercher de quoi s'hydrater en se levant de l'endroit où nous étions tous assis depuis une bonne heure maintenant. En partant, elle réveilla son parfum de vanille qui envoûta automatiquement l'air qui m'encerclait. J'inhalais celui-ci afin de rompre l'odeur nauséabonde créée par tous mes camardes encore soûls.

Enfin nos professeurs arrivaient, des tasses de café fumantes entre leurs mains. Ils étaient propres sur eux et ne paraissaient pas manquer de sommeil.
Quelle injustice.

« - Bien, commença Monsieur Turner, je vois que vous êtes tous réveillés et de bonne humeur. »

Des grognements suffirent à lui répondre, ce qui lui faisait esquisser un sourire malicieux.

« - Les vrais fêtards savent assumer les conséquences de n'importe quelle soirée agitée, argumenta t-il, si cela ne tenait qu'à moi, je vous aurai interdit celle d'hier. Maintenant montrez-nous que vous êtes capables d'aller au bout des choses en plaçant un beau sourire sur vos visages à l'annonce de ma bonne nouvelle ! »

Chacun soufflait bruyamment, attendant impatiemment de quoi il s'agissait.

« - Au vu de l'incident d'hier matin, aucune activité n'a été proposé. Croyez-moi, vous n'allez pas y échapper aujourd'hui ! s'exclama notre professeur en tournant une cuillère en bois dans sa tasse.

- Effectivement, continua une de nos professeurs, comme nous n'avons pas eu le temps de vous faire visiter correctement le navire, nous avons décidé que vous le feriez vous-même ! »

Je fronçais les sourcils d'incompréhension et me tournais à ma gauche, m'attendant à rencontrer les pupilles de mon amie, mais sa place était toujours vide, elle n'était pas revenue.

« - Allez Monsieur, s'impatienta un élève derrière moi, crachez le morceau. »

Celui-ci le réprimanda d'un regard sévère mais hocha toutefois la tête.

« - Avant cela, promettez-moi qu'aucun raffut ne sera fait à bord. Je peux entendre que l'activité déplaise à certains, ou encore qu'elle en enchante d'autres, mais je ne veux pas d'excitation incontrôlable, sinon nous serions dans l'obligation d'arrêter tout types d'amusement. Et je pense que ce n'est pas ce que vous recherchez, et nous non plus, sinon ce voyage s'annoncera très long. Aies-je été clair ? »

Les gens sans valeur acquiesçaient machinalement, ce qui me valu un rictus amusé.
Quelle hypocrisie.

« - Quelque chose vous fait rire Mademoiselle Myoga ?

𝐏𝐚𝐫𝐚𝐥𝐥𝐞𝐥𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant