CHAPITRE IV

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« Les cauchemars des uns sont les rêves d'autres »

Félix

    J'avais bon fond.
Malheureusement, ces paroles n'étaient pas ce que j'appliquais à ce moment-même.

J'étais accoudé à la barrière extérieure, une clope entre mes lèvres et j'expirai la fumée qui provenait de celle-ci d'une manière si habituelle que c'en était presque lassant.
Ce spot aussi était devenu un quotidien. Cela faisait seulement quelques heures que nous étions arrivés sur ce navire avec notre école, mais ce qui s'était passé en une médiocre nuit avait rendu les choses plus intéressantes.

Un sourire se dessinait sur mes lèvres fraîches dû au vent qui soufflait autour de moi. Ce spectacle si beau sur un bateau naviguant sans but précis, c'était ce que j'appelais du divertissement.
Voir le visage des élèves qui venaient à peine de se réveiller, pour certains qui venaient de passer une nuit blanche à parler, boire, rire, se transformaient en une pâleur si développée que cela devenait à la limite de l'effrayant.

Malgré ce crime qui était pour le moment que moindre, certains avaient continué à jouer les pitres, à amuser la galerie, sans considérer une seule seconde qu'Evan aurait pu être n'importe qui dans cette pièce.
Ils avaient eu une chance importante que l'homme croisé était lui et pas un autre.
Cette chance avait malgré tout tourné en la faveur d'Evan puisque ces crimes-là iraient crescendo.

Une simple défiguration pour un qui évoluerait en quelque chose de plus effroyable encore. Cela ne serait tarder, évidemment ce voyage n'était pas infini, et le peu de temps donné était l'excuse parfaite pour commettre des crimes, des délits chaque putain de secondes.

Hier soir je n'arrivais pas à dormir, sûrement trop préoccupé par la future victime qui allait ronger mes mains propres.
J'avais décidé de prendre l'air, observant l'horizon, réfléchissant à la manière dont j'allais procéder. J'étais resté deux bonnes heures, l'air s'était rafraîchi et je m'étais apprêté à rentrer mais une porte s'était refermée à ma gauche derrière moi.
Je m'étais retourné, laissant mon regard plonger vers la silhouette qui avançait vers la même barrière sur laquelle j'étais posé.

Elle ne m'avait pas encore vu, et je ne distinguais pas parfaitement qui cela pouvait être.
Ses mains portaient doucement ce qu'il semblait être un gobelet en plastique vers sa bouche. Le même gobelet que je tenais quelques minutes auparavant grâce au distributeur non loin de là. Cette personne avait fait exactement le même scénario que moi, et cela ne me plaisait pas.

À ce moment-ci, je n'avais toujours pas décidé qui allait manger de mon malheur, qui allait subir les conséquences de mon énervement. Cette petite proie facile qui s'était approchée de moi sans même lever le petit doigt était celle qu'il me fallait. Alors j'avais écrasé mon mégot, et je m'étais approché, moi aussi, de cet inconnu.

J'avais eu un moment de réflexion lorsque mes yeux avaient rencontré ceux d'une camarade à qui je ne parlais strictement jamais.
Je n'étais même plus sûr de son pauvre prénom.

J'avais directement pensé que c'était inutile de m'amuser avec elle lorsque je m'étais rappelé qui elle était.
Sybil Mygoa, une élève réservée qui ne parlait qu'avec sa copine dont le nom m'échappait aussi, Annabelle je pensais.
Ces deux-là étaient inséparables mais n'étaient pas désagréables, bien au contraire. Je n'avais jamais réellement entendu leur timbre de voix, elles ne parlaient qu'entre elles et ne se faisaient en aucun cas remarquer.

𝐏𝐚𝐫𝐚𝐥𝐥𝐞𝐥𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant