Chapitre 9- Secrète

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Le lendemain matin, juste après le petit déjeuner, Sarah arriva en trombe dans la salle. Elle repéra Nora et, lui saisissant le bras, elle lui glissa:

- La pièce secrète ! Elle est ouverte !

- Quoi ? Comment ?

- Comment ? Je ne sais pas... Mais je suis passée devant, ce matin, et je l'ai vu: la porte, elle est entrouverte !

Toute leur adolescence, les deux jeunes femmes avaient cherché à découvrir le secret qui se cachait derrière cette porte fermée. C'était devenue une sorte de chasse au trésor ! Elles avaient fouillé partout, essayé toutes les clefs qui leur tombaient sous la main. Aucune n'avait jamais fait coulisser la serrure ! Et maintenant, là, aujourd'hui, comme par hasard, l'accès était possible... Et le secret à portée de mains !

- Alors...

Un silence interrogatif plana quelques secondes, suspendu entre devoir familial et réminiscence d'enfance.

- Tu viens ?

Elle ne pouvait décemment pas dire non, pas après toutes ces années de recherches. Cette quête, elles allaient la résoudre ensemble.

Elles grimpèrent au second étage, puis prirent le long couloir, avant d'arriver devant LA porte. Une porte d'où, aujourd'hui, filtrait un léger rai de lumière.

- Tu vois ? murmura Sarah.

Celle-ci tendit la main et agrandit l'ouverture. Devant elles, apparut un escalier. Elles montèrent les marches religieusement, en silence, attendant une révélation.

Surprises, elles découvrirent une grande pièce éclairée par plusieurs lucarnes. Les murs étaient couverts de posters de groupes de rock, d'éléments d'instruments de musiques et de photos. Au centre de la pièce, trônait une station de travail avec de nombreux appareils que Nora ne put identifier spécifiquement. Quand elles levèrent les yeux de ce meuble impressionnant, leurs regards transpercèrent la paroi vitrée qui les séparait d'une autre pièce plus grande. Elles virent des micros, des guitares, des percussions et un saxophone, installés sur leurs supports. Sans faire un bruit, elles continuèrent leur exploration et s'approchèrent de la porte opaque entrouverte donnant sur la seconde pièce. En s'avançant, elles aperçurent ce que celle-ci leur avait jusqu'alors caché: une batterie complète et énorme. Et assise devant, leur tournant le dos, se tenait Léo, figée sur son tabouret, le regard tourné vers des photographies accrochées au mur. Eléonora sentit comme une présence la frôler, un frisson la parcourut. Elle s'avança et du doigt fit résonner la cymbale la plus proche. Un son puissant résonna, faisant sursauter tout le monde.


Si Léonie avait réouvert la porte de ses souvenirs, c'était parce que Simon avait lancé cette idée farfelue comme une des conditions de son cessez-le-feu d'avec Tomas. Il accepterait de faire la paix, uniquement après un bon concert. Pour un soirée, il souhaitait reformer leur ancien groupe. « Accordes-moi une seule nuit de plaisir ! » Elle avait souri à cette supplique et s'était laissé tenter. Petit génie de la lampe, elle allait exhausser son vœu. Mais, aujourd'hui, revenaient les peurs : elle ne savait pas si elle pourrait vraiment remonter sur scène, reprendre ses baguettes, se laisser aller dans la musique.

Alors, ce matin, après avoir tournée et virée dans son lit toute la nuit,  elle avait sorti la chaîne entourant son cou, regardait quelques secondes l'une des breloques qui y pendait, et, avec cette clef, elle avait ouvert la boite de Pandore, fermée depuis des années. Dès que Léonie avait poussé la porte, ses yeux avaient été aimantés par les clichés qui lui faisaient face. Elle se souvenait de la première fois qu'ils avaient été pris. Ses souvenirs l'avaient assailli, la projetant dans une autre époque. Elle se laissa tomber sur le tabouret et posa la main sur la peau tendue de la caisse claire. L'image prit vie et les sons s'amplifièrent autour d'elle.

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