Chapitre 2- Retard

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époque : 10 ans plus tard


Une forme mouvante se profila sur l'horizon, elle se rapprochait rapidement.

Le vrombissement de la moto troubla bruyamment le silence du parc. Les graviers crissèrent sous ses pneus quand elle se gara devant l'entrée. Léo retira son casque, ses gants, ouvrit son blouson, puis ébouriffa ses cheveux courts afin qu'ils reprennent un peu de volume.

- Léonie ! Tu es en retard ! Lui cria une jeune femme blonde du haut de l'escalier central alors qu'elle remontait l'allée qui y menait.

- Et alors ? Pas la peine d'ameuter les foules, c'est pas encore l'heure du mariage que je saches... J'ai donc tout mon temps. Je suis là, c'est déjà pas mal !

- Tu avais promis que tu viendrais à la préparation...

- Et je suis venue !

- Elle a commencé depuis déjà plus de deux heures !

- Hey! Quand j'ai accepté, je ne pensais pas que vous aviez prévues cinq jours de préparation et de répétition. Pourquoi autant de tralala pour se séparer dans quelques mois ?

- Léonie ! Le ton sec et impérieux de sa mère claqua comme un reproche quand celle-ci apparut à son tour dans le couloir. Tu es en retard !

- Mais je suis là !

- Ranges ton engin diabolique sous les arbres, veux-tu ! Le photographe sera là dans une quinzaine de minutes à peine et il doit photographier la façade avec le parking avant de prendre la famille.

Léonie retint de justesse la réplique qui lui montait aux lèvres, et ne laissa échapper que la fin de sa pensée :

- Quel intérêt ? Les futurs mariés ne sont même pas là !

- Léonie !

- Oui, mère ?

- Ton engin !

La jeune femme opina en glissant ses gants dans les poches de son blouson de cuir. Autant s'opposer à un mur : tant qu'elle ne céderait pas, sa mère réitérerait sa demande. Elle avait toujours agi ainsi. Alors, Léo prit la position favorite de son père: celle du roseau. Elle se plia à sa volonté le temps de faire passer le sujet pour ensuite être plus libre de ses mouvements.

Elle se glissa à l'extérieur, attrapa le guidon de sa Duke, enfourcha prestement la KTM.


Au moment où elle s'élançait vers l'espace parking une petite Dacia grise prit la place laissée libre devant l'entrée.

La portière s'ouvrit sur une rousse, et son sourire éclatant éblouie un instant Léonie – à moins que ce ne soient les rayons du soleil sur la vitre du véhicule -, mais le résultat fut le même de toute façon! Et elle faillit perdre la maîtrise de sa moto qu'elle rétablit de justesse avant de percuter une statue.

- Mais qu'est-ce qu'elle fout là, celle-là !


Surprise par ces paroles virulentes, la jolie rousse se tourna vers elle :

- Pardon ? Qu'est-ce que vous venez de dire ?

Léo coupa son moteur et descendit de la Duke.

- Je parlais de la statue, au milieu du chemin. Je ne me serais pas permise de vous interpeller ainsi... On ne se connaît pas suffisamment intimement encore pour ça, ajouta-t-elle avec un clin d'oeil. Léonie, enchantée ! Et vous êtes ... ?

- En retard ! Désolé !

- Ne le soyez pas ! Je n'aurai pas eu le plaisir de voir votre sourire éclairer ma journée si vous aviez été à l'heure. Et vous êtes en retard pour quoi, au fait ?

Sa réplique fut interrompue par Sarah qui dévalait les escaliers :

- Nora, tu es enfin arrivée. Ça a été ? Tu n'as pas eu trop de problèmes sur la route ?

A moi, les reproches et, à elle, les remarques d'inquiétude, se dit Léo en aparté.


La dénommée Nora disparut, happée par la tornade qui lui servait de cadette.

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