Chapitre 12- La frousse

57 4 0
                                    

Durant toute la matinée, Léonie fut prise par ses obligations familiales, passant de l'un à l'autre de ses parents, avec les instructions et les rapports d'avancées des préparatifs. Quand elle apercevait Nora, c'était souvent de loin et par intermittence, et à chaque fois celle-ci faisait semblant d'ignorer les signes discrets qu'elle lui faisait.

Finalement à la pause de midi, quand elle vit la rousse se diriger vers les toilettes, elle mit fin, un peu abruptement, à une conversation ennuyante avec sa tante en lui répondant qu'elle y réfléchirait, puis elle se précipita vers la salle d'eau. Léo trouva la porte close, mais elle s'arma de patience jusqu'à ce que le visage de son amante apparaisse. Surprise, cette dernière fit signe à l'aînée des Salomon que la voie était libre et qu'elle pouvait y aller. La séductrice repoussa Nora à l'intérieur de la pièce et ferma la porte derrière elles.

- Ey ! Qu'est-ce que tu fais ?

- J'en profite qu'on soit seules, fit Léo en posant ses lèvres sur celles de sa prisonnière.

- On pourrait nous surprendre ! Argumenta la rousse.

- Dans les toilettes ? Quels petits vicieux ! Répondit en plaisantant Léonie.

- Arrêtes de plaisanter. Ce n'est pas drôle !

- Si cela l'est ! Qui veux tu éviter ? Personne ne sait rien - à part Sarah, bien sûr - et tu m'as snobé toute la matinée. Allons ! On est tranquille, profitons-en. Laisse-toi aller... Décroches !

Elle avait un peu haussé la voix sur ce dernier mot. Au même moment, quelqu'un manœuvra la poignet de la porte pour essayer d'entrer.

- C'est occupé ! Cria Léo par automatisme, en plaquant la main sur la bouche de Nora afin que celle-ci reste silencieuse.

-Hey ! Ce n'est pas une cabine téléphonique ! Vous n'avez qu'à aller téléphoner ailleurs. Il y a des gens qui ont besoin d'accéder aux commodités pour des raisons impérieuses ! Laissez moi entrer !

- Si on peut même plus se branler tranquille, dans quel monde vit-t-on ? Lança Léo par provocation. 

A ces mots, un Oh offusqué suivi d'une débandade de talons aiguilles parvint de derrière la porte.

- Alors ! Où en étions-nous ? Reprit Léo en faisant glisser sa main dans le cou de la rousse qui tremblait.

Léonie s'arrêta et fixa sa prisonnière.

- Ça va ? Tu as eu tellement la frousse que cela ? !

Nora ne put se retenir plus longtemps. Elle explosa de rire. Un rire qui n'en finissait plus et la laissa essoufflée au bout de quelques minutes, alors que sa complice la regardait ébahie. Quand, finalement, elle put de nouveau aligner les mots, elle s'expliqua:

- Tu vas avoir de sacrés ennuis ! 

Léo haussa les épaules, rien ne pouvait l'atteindre. Eléonora reprit:

- C'était la femme du maire, une paroissienne assidue... Et c'est aussi la meilleure amie de ta mère ! 

Des éclats de voix provenant du hall approchaient.

Nora prit la main de son amante et l'entraîna dans l'escalier, au moment où la voix suraigüe de la femme outrée passait l'angle du mur, à l'étage du dessous. Puis, elle la tira sur plusieurs mètres dans le long couloir. Après que la fugitive eut regardé derrière elle pour vérifier que personne ne les suivait, Nora la poussa dans la pièce qu'elle venait d'ouvrir. Elles se plaquèrent contre la porte close. 

- Puisque je vous dis qu'il y avait un goujat dans les toilettes des dames ! Un malotru qui faisait des cochonneries ! Hurlait la femme du maire. Vous devez sévir Madeleine ! Vous ne pouvez laisser le mal entrer sous prétexte que votre fille revient dans le droit chemin en se mariant.

MurmuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant