Chapitre 4

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Mikasa était agitée. Cela faisait plusieurs jours qu'elle avait perdu le fil. Des ténèbres l'entouraient, et même si cela la rassurait, elle aurait bien aimé s'y retrouver un peu. Mikasa entendait. Du moins, elle percevait des voix. Des médecins, des infirmières. Armin... Elle l'avait entendu il y a quelque temps. Puis plus rien. Elle se sentait cotonneuse.

Parfois, elle sentait le soleil sur ses paupières qu'elle gardait fermées. Mikasa se demandait si elle pourrait revoir un jour. Mouais... Au fond, quelle importance ? Si elle n'avait pas réussi à disparaître maintenant, elle retenterait.

Un bruissement lui parvint soudain. Malgré son état réduit, elle n'avait en aucun cas perdu ses sens ou ses réflexes. Et lorsqu'on la privait d'un de ses sens, les autres s'en voyaient décuplés.

Mikasa n'était pas seule dans la chambre, elle l'avait senti. Une autre personne s'approchait du lit. La jeune femme garda les yeux fermés alors qu'un brin de vent vint lui caresser le visage.

Non... elle s'était trompée. Ce n'était pas le vent, mais bien... une main.

- Ackerman ! s'écria-t-on.

Une lumière lui aveugla la rétine, elle venait d'ouvrir les yeux. D'abord, elle ne vit que du blanc qui lui brûlait les yeux. Elle gémit légèrement alors qu'elle commençait à distinguer une forme. Un visage. Des cheveux noirs. Une cicatrice.

- Caporal !

Sa voix n'était qu'un murmure. Une voix inexplicable la prit toute entière. Il était là ! Le caporal !

Heureusement des cheveux cachaient ses yeux car des larmes menaçaient de s'en échapper. Elle n'aurait pas voulu qu'il la voit pleurer.
Pourtant, Mikasa avait l'impression de rêver.

- Bordel... Ackerman, souffla Livaï.

Malgré ses efforts pour se contrôler il avait de l'émotion dans la voix, et Mikasa l'avait compris. Ils restèrent ainsi en silence de longues minutes.

- Madame Ackerman !

Une infirmière déboula dans la pièce. Elle s'immobilisa à la vue du caporal qui la dévisagea d'un air mauvais. Connasse, pensa-t-il. La jeune femme se racla la gorge, genee. Elle osa dire:

- Monsieur... s'il vous plait il va falloir...

- Ta gueule, siffla-t-il.

L'infirmière avala sa salive devant l'air agressif de Livaï. Elle finit par s'approcher du lit de mikasa, ignorant la menace du caporal.

Pendant qu'elle faisait les branchements sur le lit, Livaï pensait à toute vitesse. Que faisait-elle là ? Pourquoi ? Était-ce grave ?

- Monsieur Ackerman... Il va...

Sans en entendre plus, Livaï quitta la pièce, pressé. Il se dirigea vers la salle d'attente où il espérait trouver des réponses à ses questions. En effet, comme il l'avait espéré, il pu trouver une tête blonde.

- Armin ! lança-t-il.

Ce dernier leva la tête surpris:

- Caporal!

- Gueule plus fort gamin, grogna-t-il en s'approchant.

Armin quitte son siège et rejoint l'Ackerman. Il était bouleversé de retrouver son supérieur ici. Au fond, Armin savait qu'il venait ici avec un but précis. Manquait plus qu'à le trouver.

- On peut aller parler dans un endroit moins chiant ? Demanda Livaï en avisant les personnes autour.

Le blond acquiesça et ils se dirigèrent vers la sortie de l'hôpital. Les portes vitrées coulissèrent et les deux hommes se retrouvèrent dehors. Livaï soupira en s'adossant au bac à fleurs bordant l'entrée. Ils gardèrent le silence un instant. Puis, c'est Armin qui se lança. Il avait compris ce que Livaï venait chercher et Dieu savait combien l'Ackerman détestait demander des choses.

- Vous venez aux nouvelles de Mikasa ?
Face au silence de Livaï, Armin soupira et poursuivit.

- Elle y est depuis presque deux semaines.

L'Ackerman fronça les sourcils à cette annonce.

- Oui, reprit Armin, comme si Livaï avait prononcé un seul mot.

Armin attaquait la partie plus délicate.

- Elle a tenté de se suicider.

Cette fois-ci, le brun garda le silence qui traduisait sa stupeur malgré son visage impassible.

- Vous savez qu'après le Grand Terrassement, elle s'est retirée et a acheté une maison.

Le caporal hocha lentement la tête.

- Je vais la voir toutes les semaines pour vérifier si tout va bien.

Armin devait se contrôler pour ne pas faire trembler sa voix. Le souvenir de sa meilleure amie, étendue au sol, l'air morte, le choquait encore beaucoup.

- Mais quand je l'ai quittée la semaine dernière, elle allait bien. Elle mangeait et elle souriait parfois. C'était trop louche. Et en effet... quand je suis repassé trois jours plus tard... Elle...

Armin s'arrêta et dû s'appuyer sur le mur pour ne pas chanceler.

- Elle était... dans sa chambre, en très mauvais état. Je pense qu'elle n'avait ni bu ni mangé depuis ma dernière visite. Je crois qu'elle a voulu bouger, mais elle était au sol quand je suis arrivé.

Armin marqua une nouvelle pause. Puis, il scruta le visage de son ancien supérieur. Il était impassible, comme d'habitude. Mais en réalité, Livaï était profondément abattu. Il sentait que la suite n'allait pas beaucoup lui plaire.

- Elle se sent coupable, mais je pensais que ça irait mieux. Ca fait un an.

Livaï savait que tout le monde avait été profondément touché, lui le premier.

- On l'a amenée à l'hôpital mais elle a échappé à ma vigilance et elle a tenté d'en finir.

L'Ackerman commençait vaguement à comprendre.

- Et dès qu'elle pourra, commença Armin.

- Elle recommencera, compléta Livaï.

Putain, pensa-t-il, frappé de stupeur.

- Bordel ! s'écria le caporal en s'élançant vers l'intérieur.

Il fallait faire vite ! Ils se précipitèrent à l'intérieur en bousculant les infirmières. Livaï, mué par une volonté de soulager sa conscience en sauvant son ancienne camarade, était en tête. Ils arrivèrent devant la porte à bout de souffle, après avoir monté les trois étages. Sans même un regard à Armin, Livaï ouvrit la porte violemment, menaçant de la sortir de ses gonds. Ce que craignaient les deux hommes était sur le point de se produire. Mikasa avait quitté son lit, ouvert la fenêtre et était montée sur le rebord. Sa frêle silhouette se découpait dans la clarté de la lumière du jour.

Armin restait pétrifié. Livaï, quant à lui, se précipita vers elle en hurlant :

- Ackermaaannn !

Mikasa tourna la tête et croisa son regard. Puis, elle se jeta en arrière, une larme roulant sur sa joue.

Ta lumière me sauvera [RivaMika]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant