Ta lumière me sauvera [RivaMika]

Chapitre 5

Mikasa n'en revenait toujours pas. Le Caporal... ici ? En effet, il se tenait devant elle, l'air interdit. Revoir le visage de celui qui avait été son supérieur durant plusieurs années la rassurait.
Ou pas. Ses souvenirs commençaient à lui remplir la tête. Mikasa aurait pu détester le Caporal juste pour ça. Elle tenta de refouler ses souvenirs douloureux. Son front était perlé de sueur due à son agitation soudaine.

Soudain, une infirmière apparut dans son champ de vision. Elle échangea quelques mots avec Livaï qui semblait manifestement très en colère. Mikasa le vit finalement s'éloigner.

- Bonjour Madame Ackerman, commença-t-elle en s'approchant du lit.

Mikasa tourna la tête, faisant retomber la mèche de cheveux sombres couvrant ses yeux. L'infirmière lui sourit faiblement tout en vérifiant les branchements. Le soleil se déversait dans la petite chambre. La jeune femme savourait la douce chaleur qu'il lui procurait. Elle ferma les yeux pour mieux profiter des couleurs orangées sous ses paupières fermées.

- Voilà, c'est fini Madame Ackerman.

Mikasa ouvrit les yeux à regrets. L'infirmière lui sourit à nouveau puis quitta la pièce. La jeune femme se retrouva seule. Elle soupira légèrement en se redressant et grogna : cela faisait plusieurs jours qu'elle acceptait tous les médicaments qu'on lui donnait, et le moins que l'on puisse dire était qu'ils l'assommaient. Il fallait qu'elle donne l'illusion de se remettre doucement.
Mikasa tendit l'oreille : elle était enfin seule. Elle rejeta les couvertures au bout du lit, dévoilant ses jambes blanches. La jeune femme s'appuya sur le rambarde avec beaucoup d'efforts. Elle réussit à se lever, enfin. Résolue, elle décrocha ses perfusions et ses fils d'un violent coup de main. Elle était devenue aveugle, elle souhaitait simplement en finir. Elle se dirigea vers la fenêtre en titubant. D'une main tremblante, elle ouvrit le battant. De l'autre, elle s'appuya sur le rebord pour y grimper. Ses bras étaient faibles malgré tous les traitements, elle devait reconnaître avoir perdu de la force. Au bout de quelques secondes, elle se dressait sur ses jambes, surplombant l'hôpital; la vue était imprenable. Le vent fit voler ses cheveux sombres, c'était un vent doux, accompagné d'un soleil caressant son visage blême.

-Ackermaaannn !

La porte venait de s'ouvrir sur Livaï, flanqué d'Armin. Mikasa enjamba le rebord, elle ressentait l'appel du vide. Son regard croisa celui du Caporal une dernière fois. Cela lui faisait étrange de penser ça, mais après tout, Eren l'attendait de l'autre côté. Elle n'était plus seule à présent. Une larme roula sur sa joue au moment où elle sauta. Merci, pensa-t-elle en voyant Livaï se précipiter vers elle.

- Ackermaaannn ! hurla le brun.

Il vit le corps chuter lentement. Le temps semblait s'être arrêté. Le visage clair de Mikasa lui revint en mémoire. Mais aussi ceux qu'il avait perdu. Hansi et Erwin notamment. Ses deux amis, morts sous ses yeux. Et il refusait de perdre une camarade de plus. Pas Mikasa. Livaï revint difficilement à la réalité. Il serra les dents : Mikasa pouvait être sauvée. Malgré le fait qu'il avait quitté le bataillon d'exploration, il n'avait en aucun cas perdu ses réflexes. Il se tourna vers Armin et lui ordonna durement :

- Va prévenir une infirmière !

Pourtant, la tête blonde ne bougeait plus, il était pétrifié.

- Putain Arlert, bouge ton cul ! La vie de ta meilleure amie est en jeu bordel ! hurla Livaï en le secouant violemment.

Armin sembla revenir à la dure réalité. Il hocha vivement la tête le regard encore dans le vide. Livaï n'attendit pas un geste de plus de la part de son compagnon pour quitter la chambre en vitesse.  Survie, Ackerman, pensa-t-il en dévalant les escaliers. Il déboula dans la cour à bout de souffle. Une armée d'infirmières se précipitait déjà vers le corps étendu au sol.

- Dégagez! Dégagez bande de connasses!
s'égosilla Livaï en arrivant sur les lieux du drame.

Les femmes se retournèrent et une s'avança vers lui:

- Calmez vous monsieur!

Aveuglé, Livaï balança une gifle dans le visage de la femme. Elle porta la main à sa joue mais l'Ackerman la poussa pour accéder au corps de Mikasa.

- Laissez-moi la voir ! ordonna-t-il en s'approchant.

On tentait de l'éloigner de sa camarade.

- Laissez-le ! cria quelqu'un.

Livaï fit volte-face: Armin ! Il éloignait les infirmières de lui. Enfin, le caporal pu approcher Mikasa. Il tomba à genoux à ses côtés.
La jeune femme était tombée sur le dos. Au vu de l'angle que faisait son bras, il en déduisit qu'il était cassé. Ses jambes étaient dans un sale état. Pourtant, Livaï pouvait voir son visage harmonieux. Ses cheveux noirs étaient collés à son front par le sang. Le brun écarta les mèches de cheveux sombres recouvrant ses yeux bridés.

- Ackerman, souffla-t-il, sous le choc.

- Eren... dit-elle du bout des lèvres.

Livaï fronça les sourcils en entendant cette appellation. Au moins elle était consciente. Le caporal se devait de la garder éveillée. Il répétait :

- Ackerman, reste avec moi.

- Acker... man...? soupira-t-elle.

Bordel il faut qu'elle reste éveillée !

- Ackerman ! Reste avec moi ! répétait sans cesse Livaï en prenant maladroitement sa main entre les siennes.

Armin se joignait à lui. Il appelait Mikasa, de toute sa voix:

- Mikasa ! Mikasa, reste avec nous !

Bientôt, plusieurs infirmières accoururent pour transporter le corps de la blessée. Abattus, les deux anciens camarades regardèrent les blouses blanches s'éloigner.