Persona Tome I: Half of my heart

Aconit

"Le masque est si charmant que j'ai peur du visage" Alfred De Musset

???, 6 Juillet 842, 3h45

Seul le bruit de ses pas frappant les pavés sales venaient briser le lourd silence de ses rues étouffantes. Trébuchant à de nombreuse reprise du à la faible luminosité des lieux, il reprenait à chaque fois péniblement sa course folle, se tordant les chevilles par moment ignorant la douleur qui irradiait ses jambes, son cœur qui battait toujours plus vite et plus douloureusement dans sa cage thoracique, son pauvre cerveau ne réfléchissant même plus à la direction qu'il devait prendre la peur de perdre la vie brouillait sa vision des choses.

Malgré cette peur qui lui bouffer les entrailles et les sifflement hachurés de sa respiration qu'il peinait à prendre ses sens étaient quand à eux en pleine ébullition, inondant son cerveau déjà saturé d'information plus terrifiantes les unes que les autres, car à seulement quelques mètres derrière lui c'est la mort elle même qui le pourchassait.

C'est en se rattrapant de justesse à un pan de mur recouvert de moisissure qu'il l'entendit, ce bruit si significatif, un crissement lointain qui vint pourtant agresser son ouïe semblable à une lame qu'on aiguisait patiemment. Il en avait pourtant déjà entendu parler, des murmures qu'on n'osait dire à voix haute, de la peur qu'il instaurait chez les gens. Le jeune homme orgueilleux qu'il était avait préféré en rire, souhaitant épater la galerie il s'en était malheureusement pris à la mauvaise personne.

Comme poussé par la force du désespoir, le jeune homme qui n'avait qu'à peine vingt ans accéléra la cadence de ses foulées, des gouttelettes salées débordant de ses yeux inondant ses joues creuses. L'homme discerna dans la pénombre de la rue une intersection, une à sa gauche et l'autre à sa droite. Il était perdu, ce coin reculé de la ville lui était inconnu, il ne savait même plus quel chemin il avait emprunté pour arriver jusqu'ici, tout lui semblait flou et incohérent. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes d'être aussi étourdi mais la panique qui régnait en lui empêchait la construction d'un raisonnement logique dans son esprit. Sans perdre plus de temps, il prit le chemin de droite.

Il n'était pas bien costaud dû à l'environnement dans lequel il avait grandi mais il pouvait s'enorgueillir d'avoir hériter de jambe suffisamment puissante pour lui permettre de fuir n'importe quel danger, personne n'avait jamais pu lui mettre la main dessus, et encore moins les soldats de la garnison, trop occupé à s'enfiler des bouteilles d'alcool et faire tourner l'économie des bordels pour attraper un petit bandit. Cela faisait bien longtemps que la seule forme d'autorité qui régnait ici était celle de la loi du plus fort, et aujourd'hui il s'était frotté à plus fort que lui.

Tendant l'oreille le jeune homme ne discerna plus les pas de son poursuivant, osant enfin jeter un coup d'œil par-dessus son épaule il eut l'immense joie de constater que plus personne ne le suivait.

L'obscurité des lieux avait-elle joué en sa faveur?

Il n'en s'avait foutrement rien et putain il ne voulait pas savoir, tous ce qu'il désirait c'était d'aller retrouver la douce étreinte de sa belle Agathe, il lui avait promis de la retrouver au petit matin, une habitude qu'ils avaient pris car de jour il devait la partager avec les nombreux clients qui payaient pour la voir. Il éloigna le plus loin possible de son cerveau cette pensée désagréable préférant savourer l'instant présent, celui où il avait échappé à la mort. L'adrénaline abandonnant son corps aussi vite qu'elle était arrivée, il s'adossa au mur le plus proche,reprenant tant bien que mal son souffle, les jambes encore tremblantes, un rire nerveux s'échappa de sa gorge sèche, l'euphorie du moment allégeant son corps si lourd par l'effort intense qu'il avait dû fournir, inconscient du piège qui se refermait silencieusement autour de lui.