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Ana s'est calmée depuis qu'on est arrivés à la maison.

Bennett est sur la canapé et on s'occupe d'elle depuis tout à l'heure.

Ici au moins, on a tout ce qu'il faut pour s'en occuper correctement. Elle va s'en sortir. Ça va aller.

Il le faut de toute façon.

- Restes allongée, Ana nettoie bien autour, je vais chercher d'autres compresses.


Je me lève et vais dans la cuisine pour prendre des compresses et de l'alcool aussi. Elle va douiller un peu, mais bon, il faut passer par là.


En ouvrant le placard, c'est là que l'alarme se met à sonner.

C'est l'alarme des ordis d'Ana.

- Regardes ce que c'est Matt.


Ce que je fais. Je vais vite fais vers les ordis pour voir d'où ça vient, et j'me bloque d'un coup.


Je coupe le son, pour arrêter l'alarme de sonner.

Je reste là à fixer l'écran de l'ordi pendant qu'Ana me demande ce que c'est.


Voyant que je ne lui répond pas, je ne me suis même pas rendu compte qu'elle s'est déplacée jusqu'ici.

- C'est quoi ce bordel ? Demande-t-elle en voyant elle aussi ce que nous montrent les caméras.


Je me tourne doucement vers elle. Je regarde son visage tant abimé. Ses yeux gonflé tant elle a pleuré.

- Matt ?


Je ne sais pas quoi lui répondre.

J'ai beau avoir vu la même chose qu'elle à l'écran. J'ai beau très bien avoir vu Victor et son clan marcher aux cotés de ces flics.

Je ne sais pas ce qu'ils viennent faire.

Enfin... je me doute bien un petit peu. C'est pour moi qu'ils viennent.


Mais tout n'est pas encore clair dans ma tête.

- Mathis ? C'est quoi ce bordel ?
- Je -j'en sais rien.
- Pourquoi mon géniteur se ramène avec les flics ?!

Je tente de réfléchir, de trouver une solution. Mais il n'y en a pas.

- Ils m'ont fait chier ces derniers temps. Je- ils ont du trouver le moyen de me faire regretter mon choix.
- Non... non, c'est pas vrai putain ! MERDE !  

Elle pête un cable et frappe contre le bureau.

Je vois les larmes revenir à nouveau dans ses yeux, et je ne perds pas une seconde de plus, je la prend pas les épaules et la tourne face à moi.

- Écoutes moi Ana.
- Non, Matt. Non, il- il faut que tu partes-
- Je vais pas partir. C'est trop tard. Ils arrivent.
- On - on peut partir, je pars avec toi.
- Et Bennett ? Tu vas la laisser là ?

Je la vois réfléchir. Comme si elle hésitait un instant. Et avant même qu'elle ne puisse prendre une décision, je continues ;

- Soignes la. Et fou le camp d'ici. Tu te barres, loin.
- Non... me dit-elle en pleurant encore, comme si elle me suppliait de ne pas partir.


Et putain ça me brise le coeur.

- Je te jure que j'aimerais rester Ana. Mais tu sais que si je reste, ton père foutra la merde. Il fait équipe avec eux maintenant. C'est trop dangereux. Promets-moi de ne pas faire n'importe quoi, ok ?
- Tu peux pas faire ça Matt. Pas toi. Toi.. t'as pas le droit de me laisser.
- Je te laisse pas... lui dis-je en collant mes lèvres contre son front. Je te jure que jamais je te laisserais Ana. Dis-toi juste que ce n'est que pour un petit temps.
- J'y arriverais pas sans toi Matt.. je les ai déjà tous perdus, je peux pas te perdre toi aussi.
- Ça va aller. Je te le promets.


Ses sanglots se sont accentués. Comme si c'était à ce moment qu'elle acceptait, et qu'elle comprenait que j'allais partir. Et la laisser.

Je la serre fort contre moi. Je la serre de toutes mes forces mais prenant aussi soins de ne pas lui faire trop mal, vu l'état de son petit corps.

J'aurais aimé rester avec elle encore. Mais je n'ai pas le choix. Cet enfoiré en a décidé autrement.

- Faut croire que t'avais raison.. ton père est vraiment un connard... lui dis-je en tentant de la faire rire.

Elle me frappe le torse mais je réussi à lui tirer un petit sourire.

- Parce que tu en doutais ?
- Pas une seconde. Non.

On se fixe un instant. Et on oublie même que Bennett est dans le canapé, une balle dans le ventre.

On les entends arriver, et c'est bientôt le moment.

Je vais vers l'entrée, pour les voir arriver à la fenêtre, et j'ai regardé mes armes un instant, posées sur la table. Hésitant à les prendre ou non. Mais elles ne me seront d'aucune utilité.

- Ils arrivent Matt.. me dit-elle en tenant ma main dans mon dos.


Je sais... et ça veut dire qu'à partir de maintenant je ne verrais plus Ana avant un moment... et c'est ça qui me fait le plus mal.

C'est seulement à cause de ça, qu'une larme se permet de couler le long de ma joue.

S'en doutant surement, elle tire son mon bras et me fait me tourner vers elle.

J'essuie ma larme avant même qu'elle ne puisse la voir, mais c'est trop tard. Ce qui lui provoque encore plus de pleurs.

- Matt...
- Chut. Ça va aller.
- Tu pleures. Tu pleures jamais d'habitude...


Je prend son visage en coupe et elle plonge ses yeux turquoise dans les miens.

- C'est pour ça que je pleure. Lui dis-je alors.

Ses sourcils se froncent, et je sais qu'elle ne comprend pas pourquoi je lui dis ça.

Je sens ma gorge se serrer pour la première fois depuis longtemps, mais je continues, tout en fixant ses yeux.

- Parce que je ne pourrais plus te laisser me regarder comme ça. Je ne pourrais plus me laisser hypnotiser par tes putains d'yeux Ana. Et t'imagines même pas à quel point ça va me manquer. Mais je te jure que tous les jours je penserais à toi. Je te jure que tous les jours je t'imaginerais fouiller dans mes placards pour me piquer des fringues. Je n'oublierais pas une seule journée ce sourire que tu as quand ta musique préférée passe. Je rêverais de toi en train de danser, ou encore tenter de me battre à l'entrainement. Et je peux même pas te dire tout ce que je ferais encore Ana. Mais s'il te plait n'oublie pas que je t'aime. Que je t'ai toujours aimé et que je t'aimerais toujours.

Ses larmes ont continuées de couler. Et puis ce sourire triste qu'elle arborait au fur et à mesure de mes paroles s'est éteint lors de mes derniers mots.

J'ai cru qu'elle me dirait quelque chose. Une connerie, même. Mais non. À la place, ce sont ses mains qui se sont placées derrière ma tête et ma nuque. Elle m'a tirée en avant, et je ne me suis pas laissé prié. Je l'ai attrapée et l'ai portée pour que nos lèvres s'embrassent.

Et on revivait l'espace de quelques secondes.

Ce baiser nous faisait revivre, tout comme il nous tue en même temps.

Alors on profite. Je la laisse caresser mes cheveux, tout comme ma main passe dans son dos.

Je me retiens également de dire quelque chose en sentant ces marques qu'elle n'avais pas avant sur son corps. Je profite juste.

Parce qu'après ça, tout sera terminé. 

BROKEN ( TOME 2.5 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant