Les rues sont sombres et désertes, le soleil dort toujours et le voisinage aussi mais il est temps pour moi et mes collègues de rejoindre l'hôpital. Je charge mon véhicule pour y mettre ma petite valise et mon sac qui servira aux jeunes du Mexique. Ce sont de vieux jouets et habits que j'avais conservé et que j'ai récupéré hier. Je suis rentrée chez moi plus tard que prévu, j'ai été à plusieurs endroits et je me suis pour conséquence peu reposée mais je compte sur le vol pour finir ma nuit. Au volant, avant de quitter mon quartier, je vérifie que j'ai mes papiers d'identité et de santé pour ne pas avoir de problèmes à l'aéroport, et à l'étranger.

Lorsque j'allume le moteur et commence mon chemin, je sens de l'angoisse m'envahir. J'ai conscience qu'il s'agit de travail et que ce n'est que pour dix jours mais je n'ai plus voyagé depuis mon enfance. Et le Mexique m'est inconnu bien loin de Boston. Je vais aider des gens dans ce pays, je serai utile et c'est ce qui me motive à prendre l'avion jusque là-bas. Pour me détendre, je lance de la musique qui se fait finalement coupée par un appel. Mon kit main  libre répond, je baisse les yeux une demi-seconde pour constater l'interlocuteur.

- Comment vas-tu Sarah ? Tu es bien matinale. Je lance la conversation.

- Je suis désolée, j'ai appris que vous partiez aujourd'hui pour le Mexique et je voulais t'avoir avant que tu ne prennes l'avion.

- Anna t'a prévenue, j'aurai dû le faire aussi mais je n'ai pas eu le temps. Je devais préparer ma valise et j'ai dû faire quelques détours alors j'ai oublié. Mais je suis ravie que tu m'aies appelé.

- Je comprends que tu étais occupée avec ce voyage pour le travail. Je ne t'en veux pas. Mais dis-moi comment vas- tu ?

- Je suis un peu stressée car c'est tout nouveau ce genre de projet mais c'est excitant à la fois.

- Ça te plaira. Tu avais commencé tes études pour entrer dans l'armée alors ton voyage sera comme si tu étais dans l'armée, mais tu ne l'es pas. Mais je voulais te demander comment s'est passé votre sortie avec Ayden ? Il n'en a pas vraiment parlé en rentrant.

- Franchement, ça a été. Ma réponse est si courte, je n'ai pas envie de développer.

- Tu ne veux pas non plus en parler ? Sarah me demande mais elle me connaît mieux que personne et sait qu'il y a un détail que je ne lui dis pas.

- Écoute, j'arrive dans le parking de l'hôpital. Je dois te laisser car je dois vite remonter pour que nous partions à l'aéroport. Je te raconterai tout à mon retour.

- Bien, fais un bon voyage alors à bientôt ! Je raccroche et finis ma manœuvre pour bien me garer dans le fond du parking. Je récupère tout dans ma voiture et verrouille

bien mon véhicule, car il ne va pas bouger durant dix jours, je ne veux pas qu'il disparaisse.

Je suis remontée pour retrouver mes collègues devant l'hôpital. Il manque encore Marion qui arrive quelques minutes après nous. Tous réunis, Monsieur Campbell prend la parole pour nous dire quelques derniers mots avant de partir. Nous l'applaudissons lorsqu'il finit son petit discours et nous montons chacun dans un des deux vans avec nos bagages. Tout bonnement, je me retrouve avec mes trois amis, et deux autres collègues dans l'un des van.

- Taxco, au Mexique. Je ne réalise pas, s'exclame Marion enthousiaste à l'idée de partir.

- C'est vrai que c'est incroyable qui aurait cru que nous, infirmiers et médecins auriez la chance d'aller au Mexique. Pour le travail. Anna semble surprise, elle aussi de voyager.

- Et toi, Emma ? Qu'en penses-tu ? C'est génial d'avoir la chance de partir à l'étranger pour exercer notre métier !

- Tu as raison Marion. C'est une grande opportunité que nous avons. Nous allons travailler sous de nouvelles conditions. Dans un cadre très différent du nôtre. Même si mes paroles sont belles, mon ton est réticent. Au plus nous approchons du vol, au plus je sens que je devrais faire demi-tour pour rester à Boston, au cas où. Je tente de ne rien montrer et ferme les yeux pour le reste du trajet jusqu'à l'aéroport. J'entends vaguement, parfois, les sujets de conversation, sur le décalage horaire, ou des suppositions sur ce qui nous attend. Après presque trente minutes, le véhicule s'arrête et nous libère. Nous sortons tous un par un et prenons nos affaires puis nous pénétrons l'enceinte du bâtiment où nous passons les contrôles. Une fois, tous passés, nous proposons de nous rejoindre dans quelques minutes après le passage de chacun aux toilettes. J'en suis la première à m'y rendre. Je passe dans une cabine et ensuite je lave mes mains et asperge mon visage. Je m'observe, à travers le miroir, les cheveux bruns en un chignon mal coiffé, un jogging large et un vieux et long t- shirt sur lequel j'ai fait un nœud à l'avant. Posé, j'ai ma veste en cas de tremblement, pour me réchauffer. Cette tenue est la meilleure que j'avais afin d'être confortable pourtant je ne le suis pas. Je me sens compressée dans ma poitrine, une sensation étrange qui me bloque. Je trouve dans ma poche ma boite avec mes pilules, je l'avais embarqué et je me rends compte que j'ai bien fait car une crise d'angoisse est en train de se manifester. J'avale l'un d'entre elle avec l'eau du robinet, et ensuite j'inspire et expire lentement avant de retrouver le centre de l'aéroport où certains sont encore. Je souris et contiens quelques larmes, je tente de paraître naturelle et ravie comme tout le monde ici.

LOVE TO THE STARSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant