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Le dernier jour du séjour au Mexique est arrivé, pour dire un au revoir digne de ce nom, l'équipe associative a décidé de nous organiser une fête, avec des gens du quartiers, des personnes que nous avons eu la chance de rencontrer et que nous avons essayé d'aider du mieux que nous le pouvions. Après une semaine compliquée, où nous avons dû faire plusieurs allers-retours à l'hôpital pour consulter l'état physique et psychologiques des blessés, même s'il y a des spécialistes, nous voulions garder un œil sur eux, car après tout, nous avons été là lors de leur sortie du bâtiment et nous les avons aidés sur le terrain. C'est assez déchirant de penser à ces séquelles qui marqueront ces personnes innocentes qui n'ont pour beaucoup rien demander à personne.

A l'occasion, nous avons recroisé les militaires mais nous n'avons pas tenu de discussion avec eux, ils sont repartis deux jours après l'incident car ils étaient appelés autre part, c'est alors une autre équipe qui est venu au Mexique pour nous venir en renfort en cas de problème. L'homme supposé témoin, en était bien un. Il n'a pas voulu parler immédiatement par peur mais j'ai su qu'il a quand même daigné expliquer ce qui lui était arrivé et ce qu'il avait vu. L'incident survenu a assurément bouleversé notre programme au Mexique. En effet, nous avons été plusieurs jours soumis à venir en aide aux rescapés, à en loger certains dans notre auberge et à en emmener d'autres dans des locaux sûrs où ils seront pris en charge. Cela nous a demandé du temps et de l'organisation, nous avons cependant fait beaucoup. Nous avons pu passer dans une école, et avons fait le tour de l'hôpital où se trouvait les blessés, nous avons rencontré du monde, et avons vu la détresse dans les yeux de certains. Les affaires que j'avais ramené ont pu servir finalement aux blessés, des couvertures, de la nourriture, il fallait leur donner du courage pour qu'ils arrivent à surmonter l'épreuve qu'ils ont traversé et qu'ils subissent encore. Certains malgré nos efforts se trouvent encore à la rue, nous avons fait appel à l'État pour leur demander de l'aide et du soutien aux victimes mais la réponse n'a pas été concluante. Affirmant que les locaux que nous avions trouvés étaient les seuls disponibles et qu'aucun logement n'était louable pour ces gens, ils étaient sans moyen. Ils ont cependant affirmé qu'ils chercheraient à aider comme ils le pourraient dans les prochains jours. Nous avons fait de notre mieux, mais c'est assez difficile de trouver un logement quand il y a une bonne centaine de personnes pauvres, démunis.

C'est malheureux, car nous ne sommes pas assez pour leur assurer à tous une vie stable. Le monde est parfois cruel et injuste et nous nous en rendons compte, chaque seconde un peu plus. Nous sommes parfois impuissants comme maintenant face aux difficultés des autres.

Enfin bon, nous y avons donné tout notre cœur et avons fait tout ce que nous pouvions. A présent, il est temps pour nous de dire au revoir. Nous sommes tous apprêtés et descendons, des applaudissements surgissent lorsque nous arrivons, ce qui nous fait chaud au cœur. Je perçois certaines de mes collègues laisser couler des larmes et j'avoue que je ne suis pas loin d'en laisser échapper quelques-unes aussi. Un pincement au cœur nous prend tous, nous sentons le mélange de la joie d'avoir pu partager des moments avec tous ceux présents et de la nostalgie de les quitter. Nous savons que nous ne reverrons jamais ces Mexicains et que nous ne pourrons pas savoir si leur vie a été illuminée. Parfois, cette question nous nous la posons à Boston quand des patients quittent l'hôpital car même si parfois certains viennent nous rendre visite, la majeure partie de ce que nous soignons reprennent leur vie et nous ne savons pas ce qu'ils deviennent. Nous nous rassurons en nous disant que si nous ne les revoyons pas c'est qu'ils vont bien, seulement ici ne pas les revoir ne signifiera pas qu'ils vont bien mais simplement qu'ils sont trop loin pour venir nous consulter en cas de problème. Mon cœur se serre en y pensant, mais je chasse cela et sourit. Anna m'attrape par le bras et je reprends confiance, c'est pour cette raison que s'attacher n'est pas bon, car les adieux sont toujours trop difficiles.

LOVE TO THE STARSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant