Godfather

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Lorsque Delhi ouvre les yeux, il est surpris de voir encore Erick endormi, les bras autour de lui. D'habitude, il se réveille toujours en dernier. Il profite de cette occasion pour l'observer; des cheveux gris en bataille sur son visage sillonné de rides "ses cheveux devaient être brun, ce qui devait mettre en valeur ses yeux clairs" se dit-il. Une bouche fine sur un menton carré ornant une mâchoire taillée à la serpe. Des poils grisonnants recouvrant un torse large et puissant. Des bras musclés et des épaules larges. "Il devait être très beau quand il était jeune. Il est quand même bien conservé pour son âge!" pense-t-il.

Perdu dans ses pensées, le jeune homme se met à suivre de son doigt une ride de la joue de son amant. Erick, ouvrant doucement les yeux lui sourit "As-tu bien dormi mon chéri?" lui demande-t-il d'une voix rauque. Delhi sourit et l'embrasse.

Après être sortis du lit, dans la cuisine où ils ont maintenant l'habitude de manger ensemble.

Erick demande "Pourrais-je avoir ton numéro de téléphone?"

Delhi, d'un ton neutre, ses yeux n'affichant aucune émotion "Je n'ai pas de téléphone". Voyant le regard perplexe de son aîné "Je n'ai personne à appeler. Les gens qui me sont importants sont au Fallen Angel et je les vois tous les jours."

Erick est touché par l'explication du jeune homme, elle fait raisonner en lui un vieux sentiments avec lequel il a appris à vivre: la solitude. Enfin, il commence à comprendre la froideur de cet être. Enfin, il peut mettre un mot sur son regard vide.

Erick se lève et prend le cadre photo posé sur une petite table dans l'entrée de la cuisine et un bout de papier sur lequel il note son numéro de téléphone, puis revient s'asseoir près du serveur.

Chaleureusement, il lui donne le papier et il lui tend le cadre, que le jeune homme prend de ses deux mains et regarde. Dans le cadre, une photo de Erick au milieu de deux jeunes adultes ayant exactement les mêmes yeux et le même sourire que lui.

Erick, le visage rayonnant d'amour "Ce sont mes enfants, ma fille et mon fils. Leurs mère et moi avons divorcé il y a 15 ans, elle s'est remarié et est partie avec les enfants vivre à l'étranger avec son nouveau mari. J'appelle mes enfants deux à trois fois par semaine et on s'envoie des messages. Je vais les voir dès que j'ai des congés. Ils sont très importants pour moi et je veux à tout prix garder nos liens forts malgré la distance. Je me disais que je pourrais peut-être me rapprocher d'eux dès que je prendrais ma retraite."

Delhi, fixant le cadre, les jointures de ses doigts devenant blanches, des émotions et pensés tourbillonnants en lui. Pourquoi Erick lui balançait ça à la figure, se moquait-il de lui? Qu'est-ce qu'il cherche à lui dire? Lui n'a rien de tout ça non, personne à appeler, pas de famille, personne n'avait besoin de lui. Sa propre mère l'avait balancée à la DDASS dès qu'elle s'était trouvé un mari. Non, sa mère ne l'avait pas emmené avec elle! Non lui n'a pas de père qui parle fièrement de lui!

Voyant le visage complexe de Delhi, Erick panique "Hey! ça va ?"

Alors le jeune homme, n'arrivant plus à refouler ses émotions, une boule obstruant sa gorge, les sons environnant s'éteignant laissant son cerveau dans un silence froid, posa le cadre sur la table à son côté et se leva. Une larme coulant sur la joue, il marcha vers l'entrée, mais fut arrêté par le torse chaud d'Erick. Son corps encerclé par les bras du flic, ses grandes mains lui caressant les cheveux et le dos. Ses oreilles perçurent de nouveau la voix inquiète de son amant "Si tu dois pleurer fait le dans mes bras! ne pleure pas seul. Je suis là !"

Alors il laissa sortir tout, s'abandonnant totalement à la douleur et au vide, secoué de sanglots silencieux, ses mains s'accrochant désespérément aux vêtements de cet homme.

Fallen AngelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant