VII

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Le lendemain mon père m'interpella: « ça se passe bien à la librairie? Et le trajet? On ne vient pas te chercher des problèmes? »
« Quelques regards mais rien de bien méchant » je ne pouvais pas dire toute la vérité à mon père.
À l'heure de midi une fille entra dans la librairie, elle m'interpela:
-« T'es nouvelle toi non? En tous cas enchantée moi c'est Abla et toi? » 
-« Loubna, et oui j'ai emménagé il n'y a pas longtemps. »
-« En tous cas ici on te connaît bien. Nos mères nous défendent d'être dans la rue comme toi. »
-« J'y suis obligée, je dois travailler pour mon père. Mais que puis-je faire pour toi au juste »
-« je cherche un livre, n'importe lequel, très court, que je pourrais présenter en classe. »
-« une pièce de théâtre ça te va? »
-« peu importe »
Je lui tendis Le Cid de Corneille. Elle me partagea sa volonté de faire plus ample connaissance et sortis.
Enfin une fille de mon âge me disais-je.
En sortant j'aperçus Younès, lui ne me vit pas. Il lisait pendant que ses amis le suppliaient de les accompagner jouer au football. Je me mis en marche vers chez moi et il fit de même.
Il marcha pendant cinq minutes sept pas derrière moi.
« Je rêve ou te me suis? » lui lançai-je.
« Une fille s'est faite enlevée hier dans la matinée. Je te dis que tu ne peux pas continuer à sortir comme ça.  Tu es inconsciente » me reprocha-t-il.
« Fais comme bon te semble Younès. » soupirais-je.
Trois jours passèrent et le même scénario se déroulait: il m'accompagnait le matin et me raccompagnait le soir. En tous cas il était tellement imposant par son caractère et sa taille qu'on ne vint plus m'embêter.
Le quatrième jour je me retournais vers lui en lui demandant: « qui est la fille qui a été enlevé? » « tout ce que je sais c'est qu'elle s'appelle Alba et qu'elle est la fille d'Houria »
Alba? La fille de la librairie? Mais c'est impossible je l'avais vu de mes propres yeux. C'était louche mais je ne dis rien.
En sortant j'entendis une conversation entre Younès et ses amis:
« Mais pourquoi tu te prends pour son garde du corps? Tu veux la marier? »
« Arrête Djelloul de dire n'importe quoi. Ma mère a peur pour elle étant donné qu'elle se croit invincible. »
« Le fou a qui tu as mis un poing dans la figure t'en veux à mort sache le »
« Qu'il reste dans son trou avec les gens de son espèce »
« Peu importe. Lyade dit avoir trouvé une autre maison close vient avec nous »
« Tu me proposes ça à l'heure de la prière en plus? Dégage abruti! »
Djelloul s'en alla en riant après s'être pris un coup de pieds de Younès.

Là-bas on continuera d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant