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Une unique nuit me sépare du douloureux souvenir de Noah. De cet inconnu. De cet homme.

Créant en moi l'horrible sentiment que ma vie n'était qu'un mensonge. Croisé entre la vérité sur mon passé et celle de Rosita. Tout ce que je peux retenir des derniers mois est que l'adolescent qui me servait de petits frères auparavant est maintenant père et un monstre avec la mère de sa progéniture, s'il ne l'était pas déjà.
Honnêtement, j'aurais préféré qu'il reste caché, mais ce n'était qu'un rêve que je caressais chaque soir avant de m'endormir. À la place, il a fait et fait toujours vivre un enfer à Rosita. Pourtant, la jolie blonde m'a avoué récemment qu'elle ne regrettait pas sa relation avec Noah, parce que sinon, elle n'aurait pas eu son fils, Emil. Au moins elle lui a trouvé une utilité que je n'aurai pu trouver sans elle.
Terminant ma clope du soir, je tourne mon corps en direction de la porte coulissante pour entrer dans mon appartement sauf qu'une minuscule main toque de nombreuse fois sur la paroi vitrée. Je ne peux m'empêcher de sourire en voyant cela.
-Pourquoi tu as cogné p'tite bestiole ? disais-je en entrant dans mon logement pour prendre Emil dans mes bras.
-Maman m'a demandé de dire au grand corbeau qu'elle va voir Paul.
-Le grand corbeau ? répondais-je sceptique face au prénom employé par Emil.
-Mi, c'est toi !
Ces dires ont le don de me faire rire à la seconde où il les prononce. Ce n'est qu'en posant le blondinet au sol que je comprends qu'il est maintenant sous ma responsabilité. Prise d'une soudaine panique, je compose le numéro de téléphone de ma mère parce que je ne sais nullement m'occuper de ce genre d'humain.
À mon plus grand bonheur, la femme qui m'a donné le cadeau de la vie, me donne, aujourd'hui, le cadeau de répondre à mon appel.
-Que se passe-t-il frérot ? s'exclame-t-elle à l'autre bout du fil.
-En une phrase, je t'explique la source du problème. Je dois m'occuper de l'enfant d'une... heu... D'une amie, lui disais-je en procédant les cent pas dans le seul couloir de mon appartement.
-Autre problème meuf, la mère de ce gosse n'est pas qu'une simple amie. C'est ça ?
-Ce n'est pas le sujet maman !
-Vous avez couché ensemble, murmure-t-elle pour m'énerver.
Ma mère fait une courte pause en gloussant silencieusement puis quelques secondes plus tard, elle continue sa réflexion très peu scientifique :
-En gros, une dame mystère a eu le courage de te laisser son enfant ?
-Maman !
-Ok, j'arrive. Et, ne crois surtout pas que je viens pour toi ma gueule. Je me grouille le postérieur pour la survie de l'enfant en question, précise-t-elle avant de raccrocher sans me dire au revoir.
Ne fessant pas attention au sarcasme de ma mère, je lâche un énorme soupire tout en m'asseyant sur un des tabourets installé autour de l'ilot de cuisine. Toutefois, la détente est loin de faire partie des compétences du petit blondinet puisqu'il court vers ma personne, les cheveux nouvellement en bataille avec un air des plus innocents.
-On fait quoi madame Corbeau ?
-C'est vrai que tu es là petit Citron...
-...Mi
-J'avais oublié, ajoutais-je désespérément.
Je me passe une main nonchalante sur le visage, ensuite, je regarde les alentours pour trouver une source de divertissement à cette petite personne. Malheureusement, je prends vite conscience que je ne possède aucune imagination, car je n'ai pas la moindre activité qui me vient à l'esprit. Heureusement, le petit change vite d'idée en s'exclamant haut et fort :
-J'ai faim Corbeau !
-C'est vrai, tu as des besoins vitaux petit Citron...
Nous débloquons à l'instant un point commun et c'est la faim. En vue de cette réalité, je me lève pour entamer une inspection du frigo et des placards. Les critères du repas : facile à faire et sans risque, car les enfants et la cuisine, voici mes deux pires ennemis.
Au bout de longue minute d'enquête dans ma cuisine, je sors enfin les derniers ingrédients requis pour faire une excellente salade.
Que d'originalité dans cette baraque.
Ma mère ne cogne pas à la porte d'entrée de mon appartement et vient sans gêne dans la pièce où je coupe les légumes pour le repas. Petit détail, elle possède deux sacs remplis de jouets pour enfant sous les bras.
-Maman de Jane est là ! s'écrit-elle, joyeusement.
Je relève la tête vers ma mère en riant face à sa dégaine de vielle femme. Je lâche, de suite, mon couteau couvert de morceau de carotte, écoutant ma génitrice qui m'a ordonné de récupérer le petit à travers le logement.
Une fois que j'ai retrouvé la trace du blondinet, je le conduis voir ma propre mère. Il court directement vers elle pour ensuite crier, le sourire aux lèvres.
-Bonjours madame la vielle !
Au cours de l'après-midi, ma mère m'apprend les bases pour m'occuper correctement d'un enfant si un beau jour, Rosita me laisse son fils une deuxième fois.
Cette première fois ne serait-ce que le début d'un renouveau pour moi ? Une chose est sûre, je n'ai plus de regret. Je suis fier d'avoir connu cette blonde et ce blond...
(Autrice : J'adore la relation mère et fille qu'elles ont.)

Rosita-Histoire LesbienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant