Maladie d'Amour

Chapitre 23 : Le bonheur à portée de main

La nuit est déjà bien avancée et la fête bat son plein dans cette salle de bal aux reflets dorés et aux sculptures éclatantes. Elle est organisée pour célébrer une collecte qui a eu lieu pour la clinique quelques jours auparavant.

Je déambule, apprêté comme un dieu, une coupe de champagne à la main.

— Marc, bonsoir, fait le chirurgien qui m'a opéré. Enfin, je peux vous aborder. C'est totalement dingue, il y a un monde fou ici.

— Dr Sonntag, bonsoir.

— Je voulais vous remercier pour le don à la clinique. C'est plus que ce que nous pouvions espérer.

— Je vous l'avais promis, dis-je avec un petit sourire.

— J'avoue que sur le moment, confie-t-il, je n'étais pas très fier de devoir jeter en pâture notre meilleur élément.

— Vous y allez un peu fort. Néanmoins, je vous dois des excuses, je n'ai pas été très fair-play.

— Même si je n'approuve pas, je comprends. La plupart de nos patients ont des exigences parfois encore plus étranges que les vôtres.

Alors que je bois une gorgée de ma boisson pétillante, du coin de l'œil, j'aperçois une petite tête qui court jusqu'à la piste de danse, entraînant derrière elle ce qui semble être son frère. Curieux, je m'excuse auprès du Dr. Sonntag et je m'approche des enfants de Gaël, sachant très bien que leur père doit être dans les parages. J'entends des bribes de leur conversation et je ne me prive pas d'écouter les deux gamins.

— Non, laisse-moi ! La danse, c'est pour les filles ! réplique Nathanaël.

—  N'importe quoi ! assure sa sœur.

— Quand même, c'est trop nul.

La petite fille croise les bras et lève le menton.

— Pfff !

Je souris devant la scène et rejoins Lanaëlle. Je m'incline, la salue et lui demande :

— Mademoiselle, m'accorderiez-vous cette danse ?

La jeune fille décroise ses bras fins, effectue une grimace en glissant ses doigts dans ses cheveux.

— Normalement, je ne danse pas avec les vieux, dit-elle avec un petit air hautain qui me fait sourire, mais je vais faire une exception.

Je m'esclaffe alors qu'elle prend ma main et que je l'embarque pour une valse. La petite a tendance à me marcher sur les pieds, ce qui nous rend totalement hilares.

— Tu n'es pas doué ! me charrie-t-elle.

— Je m'excuse, humble demoiselle, dis-je avec sérieux alors qu'elle éclate de nouveau de rire.

Nous finissons notre danse et je la ramène sur le bord de la piste. Celle-ci rejoint son frère et ils partent s'amuser.

Mon regard accroche celui de Gaël, non loin de là. Mon cœur s'emballe anormalement dans ma poitrine. Il est là, dans un élégant costume sombre qui épouse parfaitement sa silhouette élancée et athlétique. La lumière tamisée souligne les angles de son visage, la force tranquille de sa mâchoire, et cette lueur espiègle qui danse dans ses prunelles sombres. Une mèche rebelle s'attarde sur son front, et malgré la distance, je devine son parfum, ce mélange entêtant de bois de cèdre et de bergamote qui m'a toujours troublé. J'ai l'impression qu'une éternité est passée depuis la toute dernière fois que je lui ai parlé.

— Bonsoir, Marc, dit la voix grave de ce dernier.

Le sourire enchanteur de mon vis-à-vis fait fondre petit à petit mes remparts, ma voix tremblant presque lorsque je le salue en retour.