Chapitre 9 : Démuni, mais pas diminué

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- Alors, c'est vrai ? me demande à nouveau la fillette.

Je cligne des yeux, luttant pour comprendre. Je bégaie un "Hein ?" parfaitement articulé avant de tenter un sourire crispé.

"Si je m'attendais à ça... !" m'exclamé-je en mon for intérieur, abasourdi.

- Non mais pas du tout ! réponds-je finalement. 

- Vraiment ? Vous êtes sûr ? insiste-t-elle en posant ses mains sur ses hanches comme une adulte.

Mon regard s'abaisse instinctivement vers mon entrejambe, masqué par le drap. Une vague envie de vérifier me traverse, mais la présence de cette enfant m'en empêche.

- Certain. Et maintenant, du balai, le mouflet !

Elle fronce les sourcils, vexée, puis baisse la tête. Heureusement, un coup frappé à la porte interrompt ce moment gênant. Gaël, mon infirmier, entre, et ses yeux se plissent en voyant la gamine.

- Lanaëlle ? Que fais-tu ici ? Je t'ai déjà dit de ne pas déranger les patients.

La jeune demoiselle trépigne, fixant le sol, et murmure :

- Mais je voulais savoir si c'était vrai...

Gaël arque un sourcil.

- Vrai de quoi ?

Elle hésite avant de lâcher :

- Bah... Que le docteur lui avait coupé la zigounette.

Gaël étouffe un rire alors que mes poings se crispent sur le drap.

- Je vois que mon état fascine tout le service... raillé-je sarcastique.

La voix de Gaël se durcit :

- Non, Lanaëlle. Et même si c'était le cas, cela ne te regarde pas. Maintenant, file, tu n'as rien à faire ici.

La petite part en bougonnant, presque en larmes. Gaël referme la porte et soupire.

- Désolé pour ça. Elle est curieuse, mais pas méchante.

Je me contiens pour ne pas répondre à ma colère, et il change habilement de sujet :

- L'opération s'est bien passée. Le chirurgien a retiré la tumeur et l'a envoyée pour analyse. On aura les résultats d'ici une semaine ou deux. En attendant, vous pouvez déjà commencer à bouger un peu.

Il m'encourage avec un sourire.

- Vous avez besoin d'un coup de main ?

- Non, merci.

J'esquisse un mouvement pour me lever seul. Glissant mes jambes hors du lit, je grimace en sentant une douleur tirailler mon bas-ventre et tant bien que mal, je me redresse.

- Bravo ! lance Gaël avec un sourire encourageant.

Son comportement commence à m'agacer. Chaque geste, chaque parole pleine de sollicitude me donne l'impression d'être un enfant maladroit, à peine capable de se tenir debout. Peut-être que Gaël ne le voit pas de cette manière, mais c'est ainsi que je le ressens. Une part de moi lui en veut, une autre sait qu'il ne fait que son travail.

Lorsque je me redresse enfin, la blouse glisse et tombe, me laissant nu. Je grogne de frustration. Mais quel idiot je fais alors que je viens tout juste de me faire opérer...

Manquant d'équilibre, je tombe, et me retrouve contre lui, mon visage dans le creux de son cou. Une chaleur familière me traverse malgré moi.

Gaël s'approche pour m'aider, mais je refuse.

Maladie d'AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant