Maladie D'Amour

Chapitre 2 : La dégringolade

La nuit a commencé à tomber sur la ville et je suis seul, au volant de ma voiture, les paroles du médecin résonnant encore et encore dans mon esprit.

- M. Rigault, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Nous avons reçu vos résultats d'analyses et vous avez une tumeur.

Ce dernier mot tourbillonne encore dans mon esprit et je tente d'en décoder les conséquences.

"Pourquoi ? Et pourquoi moi ? Je ne comprends pas. Qu'ai-je fait pour mériter ce sort ?"

Je passe ma main sur mon front avant de glisser mes doigts dans ma chevelure. Je m'adosse au fauteuil conducteur et lève la tête vers de toit de l'habitacle. Mes yeux se ferment un instant alors que j'essaie de clamer toute cette colère enfouie en moi. 

Je suis tiré de mes pensées par quelqu'un qui frappe au carreau de l'automobile.

Je tourne la tête pour voir l'infirmier coordinateur, son coude posé sur le toit de la voiture. Il baisse sa tête pour pouvoir me parler dans les yeux.
J'ouvre par habitude la vitre bien que je sois toujours en colère contre lui pour s'être moqué de moi.

- Qu'est-ce que vous me voulez ?

Mon ton est plus sec que je ne le voulais, mais après tout, il le mérite.

- Vous avez oublié votre dossier.

Il désigne la pile de papiers dans ses mains.

- Il sera à compléter avant l'opération. À l'intérieur, vous y trouverez aussi des affiches explicatives concernant votre type de cancer. Si vous avez des questions, n'hésitez pas à faire une liste, nous pourrons en rediscuter durant la rencontre avec le chirurgien.

Mes doigts pianotent sur le volant de la voiture, agacé. J'ai qu'une envie à présent, c'est de rentrer chez moi et de retrouver Chris.

- C'est tout ? Je peux y aller maintenant ?

- Une toute dernière chose. Je vous ai mis ma carte. Je suis aussi là pour vous aider et vous offrir un suivi psychologique.

Mes doigts se crispent sur le volant et je prends ton railleur.

- Je doute d'avoir besoin de vos services. La façon dont vous m'avez traité dans le bureau était loin d'être professionnel. 

Je crache presque ces derniers mots.

- Certes, mais elle a eu le mérite de calmer vos angoisses. Parfois, la meilleure solution pour calmer un patient est d'utiliser une méthode plutôt radicale. La colère en est un. Et avec vous, je doute que la douce aurait fonctionné.

- vous ne me connaissez pas !

Il hausse les épaules.

- Je n'ai pas à apprendre à vous connaître, seulement à vous cerner. Je fais simplement mon travail.

- Super, vous m'en voyez ravi ! Et il consiste donc à abattre un homme déjà à terre ?!

- Vous êtes bien loin d'être un homme au sol. Au contraire, vous êtes plutôt le genre à être au sommet de la chaîne alimentaire.

Il soupire, puis reprend.

- Mon travail consiste simplement que vous ne creviez pas et que vous vous en sortiez avec le moins de séquelles possibles.

- Et je suis quoi moi alors ? Juste quelques chiffres sur un dossier ?

- Non, vous êtes notre patient VIP.

Je ris jaune.

- Super, en plus vous vous faites du fric sur la santé des gens !

- Au contraire, grâce à vous, nous pourrons soigner ceux qui justement n'ont pas de quoi se payer des frais médicaux.