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ISAIHA

Maness- Eh... Calme-toi. Tu vas finir par te faire mal. Va voir les gamins, ils sont tous là.

Sa main se dépose sur mon épaule, m'incitant ainsi à m'arrêter dans ma lancée. Le souffle saccadé, je baisse les bras le long de mon corps et pose mon front sur le sac de frappe que je violentais depuis un moment. 

Maness- Ne leur fait pas subir ta mauvaise humeur, ils ont rien demandé.

- J'ai la flemme putain...

Maness- Je sais, et t'es insupportable quand t'as la flemme.

- Qu'ils osent se plaindre t'façon, déjà que je viens comme si j'avais que ça à foutre.

Maness- T'as quoi de mieux à faire ?

- Dormir.

Maness- C'est vrai que c'est vachement productif. Tu penses que c'est parce que tes combats à deux balles t-...

- Commence pas à m'les casser toi aussi avec ta morale...

Je me redresse tout en retirant mes gants. L'irritation était à son maximum, la moindre phrase de lui ou de n'importe qui d'autre m'agaçait au point où que je ne souhaitais que de les faire taire une bonne fois pour toute. La maîtrise que je m'efforçais de tenir me bouffait toute mon énergie et ça se ressentait sur mon attitude plus que désagréable.

Maness- Qu'est-ce qui t'arrive là ? Même quand t'étais à la rue tu te gérais mieux !

Sans l'écouter, je me dirige en direction des vestiaires pensant m'échapper de son serment mais il me suit,  bien décidé à me prendre la tête. Je regrettais même d'être venu à la salle.

Maness- Cam !

Je continue de l'ignorer, me dirigeant vers mon sac où je range mes gants dans le but de rapidement rejoindre le groupe d'élèves de Kemine.
Hier soir, l'infirmière m'a informé que l'état de celui-ci ne s'améliorait pas et même s'il était stable, rester autant de temps sans amélioration n'était pas bon.

Alors évidemment, aujourd'hui, je me suis réveillé de mauvaise humeur. Et puis j'ai vu la date, alors tout est devenu noir, les couleurs ont disparu et mon humeur s'est encore plus ternie.

Je m'en voulais, à moi et à ce putain de monde qui n'était pas décidé à me laisser en paix. Chaque jour devenait pire que le précédant et lorsque j'essaie de me convaincre que demain sera un jour meilleur, la vie me rappelle à l'ordre en me montrant que les personnes comme moi n'ont pas de jours meilleurs.

Condamné à rester en bas de l'échelle et voir nos semblables gravirent les étapes puis tomber de tout en haut... Et ce, sans avoir le moindre moyen de les rattraper avant qu'ils ne touchent violemment le sol. Parce que j'étais moi-aussi, plus bas qu'eux.

Maness- J'te parle !

- J't'entends assez bien, t'inquiètes pas.

Il referme la porte d'un geste rapide sans que je ne puisse réagir et avant même que je puisse effectuer un geste de plus, sa main attrape violemment mon t-shirt pour me plaquer contre le mur, m'obligeant à reculer de quelques pas.
Tout en posant ma main sur son poignet par réflexe, je relève les yeux dans les siens, le souffle lourd, essoufflé de me retenir face à lui.
Il était bien le seul face à qui osé lever le bras en signe de violence m'était impossible. Peu importe les dégâts qu'il pouvait me faire subir, Maness m'avait bien trop donné pour user de ce mal envers lui.

Maness- J'ai l'air de ton p'tit pour que tu te permette de me manquer de respect Léon ?

"Léon", le surnom qu'il me donnait lorsqu'il était énervé.

CaméléonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant