ISAIHATout en expirant la fumée de mes poumons, je soupire lourdement de lassitude en relevant la tête au ciel. Les étoiles étaient au rendez-vous, les nuages avaient quitté le haut d'la ville laissant celle-ci retrouver la légèreté d'un ciel découvert. Longtemps qu'il nous avait condamné dans son temps pluvieux et gris... Reflétant bien la réalité de ses habitants.
Aujourd'hui, les rues sont animées par les confrontations entre certains jeunes et les policiers de la ville. Les plus jeunes courent, ils sont peu et pourtant leurs dégâts obligent aux nombreuses brigades de plonger dans une chasse à l'homme à ciel ouvert dans l'espoir de trouver de quoi se mettre sous la dent.
De mon côté, il était facile de les suivre... Mais ce genre de situation ne me divertie plus, alors je me contente d'observer ce ciel rare. Etouffant les quelques cries des enfants ayant grandi trop vite, exprimant leur amusement dans la délinquance par mes pensées bien plus bruyantes. Me guidant ainsi parmi les chemins des beaux quartiers. Là où personne n'entend qui que ce soit hurler, là où la violence extérieure se fait rare.
Là où les émeutes ne sont qu'utopies que l'on ne voit qu'à travers les écrans. Et souvent, un seul camps est diabolisé... Dégradant ainsi l'image des personnes comme nous, déjà bien rejeté de leur monde.
Alors que je m'apprête à ramener mon joint à la bouche, celui-ci disparaît de ma main, me provoquant un léger mouvement de recul de surprise.
Je tourne ma tête sur le côté afin de voir son visage qui apparaît comme si elle avait entendu mes pensées muettes. Tout en douceur, elle baisse elle aussi le visage afin de mieux voir le mien. Ses longs cheveux lâchés suivent le mouvement, formant un voile autour de son visage bien trop proche. Du moins, bien plus proche que lorsque je l'observais du fond de la salle jouer du piano sur scène. Cachant ainsi nos intentions au monde qui blâmait les relations comme la nôtre. Les relations qui n'ont aucuns sens... Aucune attache et qui pourtant, existent et perdurent durant des années jusqu'à nous voir grandir sans pourtant jamais échanger un mot.
Comme s'il était illégal de s'attacher à une femme comme Jayna, je refusais d'agir avec le cœur avec elle.
Jayna- Je pense qu'au moins pour ce soir, tu peux t'en passer... Pas vrai ?
Elle accélère légèrement le pas et passe devant moi tout en marchant à reculons, m'incitant ainsi à ralentir. Mon regard se dépose sur sa main où elle tenait mon joint sans vraiment savoir quoi en faire ce qui me provoque un léger sourire, amusé de la scène qu'elle termine en laissant tomber la tige nocive au sol. Dans le silence de l'endroit, la fumée toxique se libère de mes poumons, formant une masse blanche qui s'évapore rapidement dans l'air.
Sourire à la bourgeoise qui elle, me déteste...
Où peut-être, que c'est le prolétaire qui la déteste.Nous sommes juste des rebelles de nos classes qui espèrent créer quelque chose avec des idées minables inventées de toute pièce par les contes.
- Tu t'ennuies ?
Elle secoue négativement de la tête, étire faiblement ses lèvres et dépose son regard entre mes deux yeux avant de se retourner une nouvelle fois en me tournant le dos. S'éloignant alors même que mon désir était plus profond. Lorsque sa présence était près de moi, mon esprit refusait de se contenter de sa solitude pourtant si plaisante.
Jayna- Dis...?
- Hm ?
Jayna- Pourquoi "Caméléon" ?
- T'en a beaucoup des questions sur mon prénom...
Jayna- C'est étrange de parler avec un homme dont absolument personne ne connaît le prénom. En plus, je déteste les surnoms... Surtout que le tien est ridicule.

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Caméléon
عشوائيCAMÉLÉON Perdu dans les vestiges de son passé, Isaiha lutte désespérément contre ses démons intérieurs en cherchant à s'extirper de l'abîme dans laquelle il se retrouve condamné. L'âme meurtrie, il trouvera un réconfort inattendu dans l'amitié sinc...