Prologue

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Dans un monde comme le nôtre, on pourrait se demander si la vie vaut le coup d'être vécu. Bien sûr, on peut entendre toutes sortes de réponses à cela. Personnellement, j'aurais aimé que ma vie en vaille le coup. J'aurais aimé avoir le temps de rêver, le temps de faire des projets, le temps de me planter dans des milliers de décisions, le temps de vivre pleinement. Quand on est jeune et que nos jours sont sur un compte à rebours permanent, on perd l'espoir que la vie en vaut le coup. Alors que notre monde s'effondre, on essaye de rester debout et d'afficher une facette du bonheur. De se renfermer dans un mensonge, en essayant de se convaincre que c'est réel. Mais rien n'est réel. Mon monde n'est pas constitué de cours d'économie ou de soirées étudiantes. Mon monde ne se joue que dans la noirceur de la nuit. Un monde sur lequel je n'ai plus d'accès. Mais à cet instant précis, face à l'université qu'on choisie les fédéraux et face à la vie que j'aurais voulu avoir plus jeune, j'ai un goût amer dans la bouche. Parce que je sais. Je sais qu'elle n'est qu'illusion. Cette vie que j'espérais n'est qu'une façade de l'enfer qu'est mon monde. Après toutes les années que j'ai passé dans un trafic de drogue, la beauté n'a plus le même goût dans ma bouche. J'arrive à reconnaître un dealer juste à sa façon de se tenir et maintenant que je suis recherché par tout mon ancien trafic de Boston, je ne peux plus m'empêcher de chercher un tatouage identique au mien sur chaque petit dealer de fac.

Et lorsque j'avance vers le bâtiment de mon cours en soufflant la fumée de ma cigarette je reste aux aguets, comme toujours en repensant à toutes les conneries qui pourraient me tomber dessus. J'observe chaque personne qui se trouve autour de moi avec attention, guettant la moindre information que mon cerveau trouverait louche. Depuis que je fais partie du programme de protection des témoins, pour avoir dénoncé les plus haut placé de l'ancien trafic ou je travaillais, je reste constamment sur mes gardes, prêt à bondir sur le moindre danger que je vois. Alors que mon regard est scotché sur un gars, appuie sur un mur, les mains dans les poches avec un tatouage dans le coup, attendant d'être assez proche pour pouvoir distinguer le motif, une main se pose sur mon épaule. Je me retourne en vitesse prêt à l'attaque. Je découvre Declan avec un grand sourire venue pour me saluer sans s'être rendue compte que j'étais à deux doigts de lui éclater la tête contre le bitume. Declan est aussi un ancien membre du trafic ou j'étais, lui et moi somme ami depuis nos quatorze ans. Lorsque je me suis fais serrer par les flics et qu'il m'ont proposé une nouvelle vie en échange de tout ce que je savais a la place de la prison, j'ai accepté sans aucune hésitation lorsqu'il ont accepté que Declan, de son vrai nom Emyl, est le droit à une nouvelle vie avec moi.

Alors que Declan commence à me raconter une soirée que j'aurais loupé à la dernière soirée étudiante, je ne lui accorde aucune attention et me retourne rapidement pour observer le mec appuyer sur le mur, faisant un deal avec une joueur de basket. J'examine à nouveau son tatouage, rapidement. C'est un corbeau. Il n'est pas comme le mien. Je me décrispe d'un coup en touchant rapidement mon tatouage. Ce n'est pas l'un deux. Les fédéraux m'ont envoyé beaucoup trop loin de ma ville natale pour se soit possible, selon eux, mais je connais Boozer. J'ai vu ce qu'il faisait aux gens qui le dénoncent. Je l'ai vue les traquer, les torturer et leur enlever tout ce qu'ils aiment pour finir par les tuer d'une mort lente et douloureuse.

Declan lance un regard à ma main encore posé sur mon tatouage et suis mon regard jusqu'au petit dealer. Il se retourne vers moi et pose une main sur mon épaule pour me ramener à lui avant de me dire :

« Il nous retrouverons pas, ici. On a fait le bon choix tous les deux. »

Et je l'ai crue, les dix minutes qui ont suivi.




Une deuxième vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant