Chapitre 9

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C’est vrai que je me sens mal. Mais je savais bien, qu’en fin de compte, elle allait me laisser faire. Il faudra juste, qu’après, je lui montre tout l’amour que j’ai pour elle et la rassurer sur le fait que le monstre rentrera se cacher dès que tout ça sera fini.
Je prends mon téléphone et les regarde tous. Deux sont proches de mourir et les deux autres se bécotent comme des adolescents en chaleur. Je réfléchis pour savoir lequel je vais voir en premier et me décide pour celui qui se vide de son sang par les poignets. J’entre dans la pièce, le type est tout blanc et essaie de comprimer sa plaie, mais sans grande chance d’y arriver.
— Alors, papa il est où, là ?
— Laissez-moi partir, s’il vous plaît, j’ai compris la leçon.
Il me dit tout ça d’une voix faible qui me ravit. Si je le laisse ici encore quelques heures, il crèvera tout seul. Je pourrais l’aider, mais quel intérêt ? Ce n’est pas drôle. Je m’approche de lui doucement, il a peur. J’adore cette sensation, je m’en délecte, c’est ce qui me plaît le plus dans le fait de tuer, la peur des gens, cette sensation de grandeur que je ressens.
— Pitié…
Comme si j’allais en avoir pour lui ? Il n’en a pas eu quand il tenait ma femme, pendant que ses amis la violaient.
— C’est ce que ma femme vous a dit ? Pitié ?
— On ne savait pas ce qu’on faisait.
Bien sûr qu’ils le savaient et c’est ça le pire. Comme moi à l’instant. On ne peut pas violer quelqu’un impunément, chez lui en plus, sans se rendre compte de ce qu’on fait. C’est leur éducation qui a fait qu’ils sont devenus comme ça. Comme il me l’a avoué, papa le sort de toutes les galères, alors pourquoi se gêner et ne pas faire tout ce qu’on veut ? Je ne suis pas mieux qu’eux, mais, au moins, moi, j’assume ce que je suis, je sais ce que je risque, sans me cacher derrière quelqu’un.
— Pourtant, quand je t’ai demandé tout à l’heure, tu m’as dit que tu t’en fichais, car ton père, Monsieur le Juge, te sortirait de là, non ?
— C’était juste pour me défendre, mais je n’ai jamais fait ça avant.
Je n’y crois pas une seconde et je me demande combien de filles il a déjà violé. Sûrement moins que moi, mais son nombre doit être impressionnant pour réagir comme ça. Il se prend pour un monstre, mais je le suis plus que lui, le diable m’a marqué au fer rouge depuis que je suis petit.
Ses yeux, pleins de frayeur, me rappellent les miens et de mauvais souvenirs.
— Jason, aujourd’hui, ton oncle a gentiment proposé de te garder.
Je regarde ma mère, effrayé. Non, je ne veux pas qu’il me garde, la dernière fois qu’il l’a fait, il m’a fait mal.
— Maman, ne pars pas, s’il te plaît…
— Écoute, Jason, je suis obligée d’aller travailler et ta nounou ne peut pas venir. Tu sais que toutes les heures qu’on me donne en plus, je les prends.
Je le sais bien. Depuis que mon père est parti, maman fait tout ce qu’elle peut pour qu’on puisse s’en sortir financièrement.
— Je pourrais me garder tout seul, j’ai plein de copains de mon âge qui n’ont plus de nounou.
— Tu n’as que neuf ans, tu ne peux pas rester tout seul ici, pour moi c’est inconcevable. Ton oncle vient te garder, fin de la discussion.
Je ne veux pas en rajouter plus, ma mère va s’inquiéter si je lui dis ce qu’oncle George me fait quand elle n’est pas là. Elle va pleurer et être malheureuse et, moi, je ne veux pas qu’elle soit triste, ma maman je l’aime. Je m’approche d’elle et lui fais un câlin.
— Je fais ce que je peux, Jason.
— Je sais maman.
Elle se lève et va se préparer, tandis que je cours dans ma chambre pour essayer de me barricader comme je peux, avant l’arrivée de mon oncle. Je pousse mon bureau, j’ai beaucoup de mal, mais au moins ça devrait me protéger.
— Je pars, mon chéri. Ton oncle George est dans le salon, à ce soir, sois sage.
Mon cœur bat plus vite, j’ai peur. Je m’assois sur mon lit et attends. Au bout d’un moment, j’entends ma poignée se baisser.
— Ouvre Jason.
Je ne réponds pas, j’espère juste qu’il va partir. Plus il s’acharne sur la porte et plus j’ai envie de faire pipi. J’ai mal au ventre.
— Dépêche-toi d’ouvrir, sale morveux.
Je commence à pleurer. Maintenant, il donne des coups d’épaule sur la porte, mais ça ne cède pas, j’ai bien barricadé cette fois.
— Si tu n’ouvres pas, Jason, je vais devoir me défouler sur ta maman pour me calmer. Tu n’aimerais pas que je lui fasse du mal, n’est-ce pas ? Que je la tue ?
J’ai encore plus peur, je ne sais plus quoi faire.
— Tu vas te retrouver tout seul après et ça ne sera que de ta faute.
Ma maman, c’est la seule qui m’aime, la seule qui a toujours été là pour moi. Quand mon père est parti pour aller avec la nouvelle dame qu’il aimait plus que maman, comme il disait, elle ne m’a jamais abandonné. Je me lève et décide que c’est à moi de la protéger. J’ai peur pour moi, mais encore plus pour elle. Je m’approche de la porte et commence à pousser le bureau. Quand c’est fait, la porte s’ouvre tellement vite que ça me fait basculer en arrière.
— Alors, petite merde, on a voulu m’empêcher d’entrer ? Tu sais depuis combien de temps j’attends que ta mère me demande de te garder encore ? Beaucoup trop !
Il baisse son pantalon et commence à se toucher à un endroit inapproprié. Quand il avance vers moi, je n’arrive plus à me retenir, la peur est trop grande, je me fais pipi dessus.
— Putain, tu es vraiment dégueulasse comme môme ! Si tu crois que ça va m’empêcher de te faire quelque chose, tu te trompes.
Il retire complètement son pantalon. Je me relève, mais tombe en avant. J’essaie de ramper, mais il me rattrape et s’allonge sur moi.
— Tu ne peux pas m’échapper.
La terreur traverse tout mon corps et, quand il commence à retirer mon pantalon, je m’évanouis.
Ce jour-là, je m’en souviens comme si c’était hier, la terreur qui s’est infiltrée en moi, la douleur que j’ai ressentie. J’ai besoin de faire vivre, à d’autres, les nombreux viols que j’ai subis, de partager avec eux cette peur et cette douleur et, l’infliger à d’autres, me permets de survivre. Heureusement que tout ça s’est fini quand…
— Monsieur, s’il vous plaît, je me sens mal.
Je l’avais complètement oublié celui-là, tellement j’étais englué dans mes souvenirs. J’entends la porte derrière moi et Océane arrive.
— Jason, ça va ?
Elle s’en fout complètement de l’autre qui gît par terre.
— Je te connais, mon cœur, je sais que quand tu es comme ça, tu repars dans tes souvenirs. Elle me prend dans ses bras pour m’aider à m’accrocher à la réalité. Elle ne sait pas ce qui m’est arrivé, je n’en parle pas, refuse de déballer les horreurs que j’ai vécues, mais elle me soutient malgré tout. Des absences comme ça, j’en ai souvent et ça survient, en général, avant que je ne perde tout lien avec le monde réel.
— S’il vous plaît madame, pardon.
Elle regarde derrière moi puis revient à moi, me fixant droit dans les yeux.
— Je t’ai vu aux caméras. Reprends pied, Jason, sinon on part maintenant.
Il n’y a qu’elle qui peut se permettre de me parler comme ça.
— On va partir, mais pas maintenant.
— Alors fais vite, tout est prêt, je n’attends plus que toi.
Elle me fait un dernier baiser et s’en va. Je me retourne vers ma future victime en souriant.
— Ma femme veut que j’aille vite, mais moi je préfère faire souffrir longuement les gens. On va faire selon ma méthode.
Je m’approche de lui et quand je perçois sa peur, je commence à bander.

Du plus profond de mon âme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant