Chapitre 3 : Le démon peut pleurer

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Devant Félix se dresse une grande porte blanche et un peu sale. Il ne sait pas trop pourquoi on l'a amené ici, mais il sait pour sûr que quelque chose se trame de l'autre côté, et que ça le concerne.

Hésitant, il se demande ce qu'il peut faire. Devrait-il rebrousser chemin, ou écouter ce qui se passe ? Dans le deuxième cas, il risquerait de se faire prendre et méchamment gronder. Il déteste quand ça arrive, et ça arrive souvent. Cependant, dans le premier cas, il reviendrait à la case départ, sans réponse.

Prenant son courage à deux mains, il colle doucement son oreille contre la porte, espérant entendre ne serait-ce que des bribes de conversation, qui lui permettraient de savoir ce qu'il fait là...



- Je vous remercie d'être venus à cette réunion, dit le docteur Sheyfard. Voyez-vous, nous sommes confrontés à un problème majeur.

Le psychiatre de Félix est entouré de plusieurs médecins, infirmières et autres membres du personnel de l'hôpital, dont Richard et Gérard qui observent d'un air perturbé, à l'écart, près d'un ordinateur portable branché à un projecteur dirigé vers le mur.

- Ces deux gardes de sécurité ont repéré récemment des images suspectes sur les caméras. Selon eux, une drôle de silhouette aurait suivi mon patient que vous connaissez tous, Félix, dans les couloirs de l'hôpital, après quoi des problèmes techniques notables ont eu lieu. Cependant nous ne sommes pas d'accord sur l'origine de cette silhouette, je vous ai donc convoqués pour que nous puissions en débattre ensemble.

Une psychiatre aux longs cheveux bouclés teintés en rouge vin lève le bras; Alan reconnaît alors sa collègue au caractère bien trempé. Il avait pourtant demandé à ce que les personnes en charge de Félix assistent à cette réunion, il n'a pas précisé que les autres membres du personnel hospitalier pouvaient venir. Se retenant de lui demander ce qu'elle peut bien faire là, il la laisse parler.

- Il suffirait de visionner les enregistrements de surveillance, non ? Demande McAllister en levant un sourcil. Pourquoi convoquer du personnel médical au lieu d'appeler la sécurité ?

- Vous allez vite comprendre, déclare Sheyfard. Les gars, projetez votre vidéo.

Richard s'exécute et clique sur un fichier mp4 pendant que Gérard allume et ajuste le vidéoprojecteur. De cette façon, il est braqué sur le tableau blanc vissé au mur.
Lorsque tous les regards sont tournés vers le tableau, Gérard va éteindre la lumière, et Richard lance la vidéo.

Félix marche dans les couloirs de l'hôpital. Il est suivi de près par une silhouette sombre, impossible à identifier. Félix lui parle. La silhouette parle à Félix. La silhouette pointe la caméra du doigt. La silhouette sourit. La vidéo s'arrête brusquement.

Gérard rallume la lumière, sortant les observateurs de leur concentration. Désormais, Alan et les gardes de sécurité peuvent admirer les regards dubitatifs du personnel de la réunion.

- C'est exactement comme ça que ça s'est passé pour nous, explique Richard d'un air très tendu. On ne sait pas qui c'est, ni même ce que c'est. Les autres écrans de diffusions grésillaient, mais ça, on a pas pu l'enregistrer.

- On avait plusieurs hypothèses, mais impossible de se mettre d'accord, même avec le docteur Sheyfard, explique Gérard qui ne semble pas plus calme que son collègue.

- Voici donc les différentes conclusions que nous avons pu tirer de ce visionnage, annonce le psychiatre d'un air solennel. Soit il s'agit d'un déguisement de très bonne qualité, ce qui n'explique pas les problèmes techniques, d'autant qu'il semble surprenant que quelqu'un avec un accoutrement pareil aie été admis dans l'enceinte de l'hôpital.

Ils sont 13Où les histoires vivent. Découvrez maintenant