Chapitre 1

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On dit souvent que la vie est un choix, mais pour moi, elle ne m'a jamais laissé cette option. Dès ma naissance, tout semblait déjà tracé. La vie m'a piégée, blessée, brisée jusque dans les profondeurs de mon être. Je n'ai jamais eu la chance de choisir ma famille, mon destin, ni même les moindres petits détails de mon existence. Pourtant, je vous invite à en juger par vous-mêmes, à lire avec vos propres yeux ce que cela signifie de grandir dans un monde où chaque pas est dicté par d'autres.

Je m'appelle Awa. Je suis née dans un village haoussa, un endroit où les traditions et les coutumes ancestrales déterminent chaque aspect de notre vie, surtout celle des femmes. Ici, rêver est un luxe, et la liberté un mirage. Depuis mon plus jeune âge, j'ai compris que le monde autour de moi ne m'offrait pas beaucoup d'options. Le poids des regards, des attentes et des jugements m'enveloppait déjà. Ce village où j'ai grandi m'a forgée autant qu'il m'a enfermée. Il m'a vue devenir cette fille que la société allait rejeter, marquée à jamais par des événements que je n'ai pas choisis. Une vie façonnée par des décisions qui n'étaient jamais les miennes, jusqu'à ce que tout bascule, me laissant avec des cicatrices que personne ne pouvait voir.

Certains diront que nous sommes différents, mais je sais qu'au fond, beaucoup d'entre vous trouveront une part de leur propre histoire dans la mienne. Je suis une simple villageoise. J'ai grandi loin des lumières de la ville, sans technologie, dans une vieille case de terre battue dont le toit se fissurait à chaque pluie. Les nuits orageuses étaient remplies de peur, et sous ce toit abîmé, je m'endormais sur une natte usée, bercée par le sifflement du vent glacial. C'était une vie modeste, mais c'était ma vie.

Je n'ai jamais choisi cette vie, mais je l'ai vécue pleinement. Aujourd'hui, je vous la raconte, non pas pour vous apitoyer sur mon sort, mais pour vous montrer ce que cela signifie de n'avoir jamais eu le pouvoir de choisir. D'être une victime silencieuse, prisonnière d'un destin que d'autres ont tissé pour vous, et d'avoir survécu malgré tout.

Je suis née dans une famille polygame, avec des frères, des sœurs, et des tantes qui n'étaient pas toujours tendres. Mon enfance était rythmée par le travail : piler le mil, balayer, nettoyer, surveiller mes petits frères, courir d'un bout à l'autre du village. C'était notre quotidien, et malgré la fatigue, il y avait des moments de bonheur. Nous volions des mangues dans les vergers, nous nous baignions dans le marigot après une longue journée, et dans cette insouciance, j'étais heureuse, ne sachant pas encore que la vie me réservait autre chose. Une enfance comme tant d'autres, mais marquée par la dure réalité d'un village où les traditions ont plus de poids que les rêves.

Et pourtant, à chaque instant, la vie me guettait, comme une ombre silencieuse. Elle semblait me chuchoter, avec malice : « Profite bien tant que tu le peux... »

LES VOIX ÉCLAIRÉESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant