Quand j'ouvre les yeux, je ne reconnais pas immédiatement l'endroit. Le plafond de paille au-dessus de moi flotte, comme dans un rêve. L'air de la case me paraît lourd, irrespirable, alors que l'odeur du foyer est si familière. Je suis allongée sur la natte, une couverture me recouvre, mais elle ne me réchauffe pas. Tout mon corps est douloureux, raide, comme si je n'avais pas bougé depuis des jours.
Je ne sais pas combien de temps a passé.
Je sens une main douce se poser sur mon front. Ma mère est là, assise à côté de moi, son visage ravagé par les larmes qu'elle essaie de cacher. Elle murmure mon nom, doucement, comme une prière : « Awa... ma fille... » Mais je ne peux pas répondre. Les mots me manquent. C'est comme si quelque chose en moi s'était brisé. Je n'arrive plus à parler. Je fixe le vide, les yeux ouverts, mais je suis absente.
Je suis toujours là, mais je ne me sens plus entière. La douleur en moi n'est pas seulement physique. C'est une blessure plus profonde, plus noire, qui me serre le cœur et m'empêche de respirer. Je me souviens de tout. Chaque seconde de ce qui s'est passé est gravée dans ma chair. Je sens encore ses mains, son souffle, et cette violence qui m'a broyée. Tout revient en flashs, comme des éclats de verre qui me coupent à chaque respiration.
Ma mère sanglote doucement à côté de moi. « Parle-moi, Awa... parle... » Mais je ne peux pas. Les mots sont partis avec ma voix. Elle serre ma main, mais je ne la sens pas vraiment. C'est comme si mon corps ne m'appartenait plus. Je me sens loin, tellement loin d'elle, tellement loin de tout.
Mon père est là aussi, dans un coin de la case. Il ne dit rien. Je n'ose même pas le regarder. Je sais qu'il est en colère, mais il garde le silence. Son visage est dur, fermé, comme un mur. Il ne sait pas quoi dire. Que pourrait-il dire, après tout ? La honte et la colère l'étouffent, je le sens. Mais il reste là, immobile, silencieux, comme moi.
Tout est silence maintenant. Un silence lourd, écrasant. Personne ne parle vraiment. Moi, je ne peux plus. Plus rien ne sera comme avant.
ma mère reste assise à côté de moi, la main toujours posée sur mon front, comme si ce simple geste pouvait effacer ce qui s'est passé. Mais même à travers sa douceur, je sens qu'elle est dévastée. Ses doigts tremblent, son souffle est irrégulier, et parfois, je l'entends murmurer des prières, entrecoupées de sanglots qu'elle essaie d'étouffer. Elle voudrait me protéger, mais elle sait qu'elle ne peut rien faire contre ce qui a été fait. Elle a toujours été ma force, mais maintenant, je la sens impuissante, tout comme moi.
Puis, mon père prend la parole. Sa voix, d'habitude calme, est froide et tranchante cette fois. Je sens sa colère avant même qu'il ne parle. « C'est l'école, » commence-t-il, sa voix pleine d'amertume. « Tout ça, c'est de sa faute. L'école l'a rendue différente, elle a oublié sa place. Je savais que ça finirait mal. »
Je reste allongée, immobile, incapable de réagir. Chaque mot qu'il prononce me transperce, comme une lame qui s'enfonce un peu plus à chaque coup. Il poursuit, avec une fermeté glaçante : « Elle n'ira plus à l'école. C'est fini. À quoi bon ? Une fille qui va à l'école ne ramène que la honte à sa famille. Elle se mariera dans une semaine. Je ne tolérerai pas plus de déshonneur dans cette maison. » Sa décision tombe comme un couperet, irrévocable.
Ma mère étouffe un sanglot en entendant ces mots. Elle secoue la tête, les larmes ruisselant maintenant sur ses joues. « Non, pas ça... Elle a besoin de temps... elle a besoin de se remettre, de comprendre... » Mais mon père ne l'écoute pas. Il détourne le regard, ses yeux fixés au loin, comme s'il ne pouvait plus nous regarder ni elle, ni moi. « Elle ne se remettra jamais. Le mariage est la seule solution maintenant. C'est ça, ou la honte nous suivra à jamais. »
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LES VOIX ÉCLAIRÉES
Narrativa StoricaAwa : « Ma famille est très pauvre, mais je veux aller à l'école pour acquérir les connaissances et les compétences nécessaires afin d'avoir un bon métier, pour subvenir à mes besoins ainsi qu'à ceux de ma famille. » I'm so sorry pour le debut , j...