Chapitre XVIII

50 7 0
                                    

La mère supérieure Margaret :

J'espère que le saint père me pardonnera d'avoir été faible vis-à-vis du roi de notre royaume. J'ai obéi à ses ordres diaboliques. Je n'ai jamais apprécié cet homme autoritaire sans sentiments. Il a été assassiné, mais il a eu le temps de détruire des vies. Ma petite Mathilde, cette enfant adorable et sensible doit être totalement dépassée par les personnes qui l'entourent. Elle ne saura pas détecter les personnes bienveillantes des personnes fourbes. Sa position de reine la met à l'épreuve de responsabilités que rien ne présageait qu'elle endosse. Surtout, un mari ! Je suis au courant de son intention de donner sa vie à Dieu, je prie pour qu'elle finisse par accepter sa nouvelle situation et son époux. Je pense beaucoup à elle depuis son départ. J'imaginais qu'elle conserverait une certaine rancune à mon égard parce que je n'ai pas permis qu'elle soit adoptée par une famille. Je l'ai empêchée d'être heureuse avec d'autres parents. Et, j'en est honte, désormais.

Elle est venue se ressourcer auprès de nous. Elle ne cultive aucun reproche, ce qui fait d'elle une femme honorable. Je me sens d'ailleurs davantage lamentable. J'aime Mathilde comme si elle était ma fille parce que je savais qu'elle serait seule toute sa vie. Ce que je ne pouvais tolérer. J'ai peur pour elle. Comment va-t-elle s'en sortir ? Il est clair qu'elle ne pourra compter sur personne. On dirait que la solitude lui colle à la peau.

*******************************************************

Mathilde :

Je marche de long en large dans la salle du trône. J'attends le premier ministre, j'ai besoin de ses conseils. Il arrive enfin, je m'avance vers lui impatiente. Il s'incline devant moi quand il m'aperçoit.

« - Comment va mon époux ? » Je le questionne soucieuse.

« - Il se rétablit lentement ! » Il me répond en souriant.

J'ignore s'il y a une information cachée derrière ce sourire, mais, je ne préfère pas approfondir. Je suis soulagée qu'il aille mieux. Quand je lui ai rendu visite hier soir, il était tellement faible et amaigri. Bien que je ne veuille pas l'admettre, je m'inquiète pour lui. Cependant, je dois rester réservée dans mes émotions, et mes sentiments. La personnalité de ma sœur hante la mienne et m'interdit des libertés fondamentales pour moi. Je ne suis plus libre de rien, et tous mes faits et gestes sont épiés en premier lieu par les personnes qui m'entourent, et, contrôlés par moi pour ne pas faire d'erreur sur ma personnalité. Qu'adviendra-t-il de moi si les autres apprenaient la vérité ? Mon époux me détesterait ! Cette pensée provoque un pincement dans mon cœur.

Le roi d'Espagne loge encore au château, il n'a cessé de me rappeler qu'il m'était reconnaissant et redevable de mon aide dans la libération de son fils. Je suis plus inquiète par les personnes qui ont manigancé cet enlèvement, et par conséquent, commandité l'assassinat de mes parents. Je suis très en colère contre eux notamment parce qu'il s'agit de la famille de ma mère. Ils n'ont pas hésité à sacrifier l'un des leurs pour le pouvoir. Je suis écœurée par toute cette haine environnante, moi qui ne suis pas du tout habituée à ce genre d'attitude. La violence m'était inconnue. J'ai grandi dans un endroit surprotégé, je suis ignorante des réalités controversées de la vie. J'ai peur, encore une fois. J'ai peur tous les jours en fait. Je fais une cible de choix à présent. Marie connaissait les rouages de cette vie périlleuse de princesse héritière, moi non. Je suis novice en la matière et, je ne peux compter que sur le premier ministre meilleur confident et ami de mon père, d'où sa présence près de moi, en ce moment.......

« Comment pouvons-nous montrer de la répression face à cette rébellion. Il s'agit tout de même de ma famille proche ? Comment ne pas perdre la face devant le peuple de France, et les hommes politiques qui travaillent au quotidien avec moi ? ».

Pile ou faceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant