Chapitre XIII

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Marie (Mathilde) :

Je n'envisage pas de le retrouver dans sa chambre. C'est ainsi qu'aurait réagi la véritable princesse. J'ai retrouvé la raison. Ma sœur s'opposait à ce mariage, et jusqu'à présent, mon attitude était contradictoire. Ce soir, je me couche comme tous les jours. Je ferme les yeux, mais la porte de ma chambre s'ouvre bruyamment. Je sursaute. Mon époux entre dans la pièce et m'observe les bras croisés sur sa poitrine. Je referme immédiatement les yeux après l'avoir découvert devant moi, espérant qu'il partira.

Or, il s'assoit sur le lit, caresse mes cheveux. Se relève, retire la couverture, et passe ses bras sous moi, pour me porter. Je tente de lui résister, en me débattant alors qu'il me soulève du lit. Il me maintient fermement, et m'entraine à travers les couloirs en direction de sa chambre. Je suis choquée par son audace. J'en oublie de jouer le rôle que l'on m'a attribué. Il referme ensuite la porte sur nous. Il m'autorise à quitter ses bras. Je vais me réfugier tout au fond de la pièce, le dos collé au mur. Il m'effraie. Il s'avance vers moi, je panique.

Il attrape mon bras quand je tente de m'enfuir. Il me plaque contre le mur, et se jette comme un affamé sur mes lèvres. Il est brutal, et, je déteste son comportement. Il est devenu comme possédé, je ne peux pas l'interrompre. Même mes protestations et les coups que je lui portent ne le convainc pas. Je suis désarmée, et, libre de tout accès pour lui. J'ai réellement peur de lui en ce moment. Des larmes coulent de mes yeux pour mourir sur ses joues. Il s'écarte de moi, et contemple ma détresse. L'espace de quelques secondes, il semble avoir repris ses esprits. Puis son regard affamé refait surface. Il descend ses baisers dans mon cou, et ses mains se posent sur ma poitrine. Il démontre sa virilité en plaquant son corps au mien. Il est très excité et près à tout pour que je devienne enfin son épouse. Je lutte de toutes mes forces, mord sa lèvre quand il tente de me voler un autre baiser. Il recule en gémissant de douleur.

Il s'éloigne de moi pour s'asseoir sur le rebord de son lit. Ma respiration est rapide, les battements de mon cœur retentissent jusque mes tempes. Mes larmes poursuivent leur assaut et inondent mon visage. Il me fixe, avant de détourner le regard. Je peux enfin respirer. Il semble réfléchir. Puis, il se lève, attrape ma main, et m'entraine délicatement vers le lit. Je sais que je ne vais pas pouvoir échapper à son désir. Mais, je ne suis pas préparée à cela. Il s'allonge, et m'invite à en faire autant. Dois-je me résigner et lui donner mon corps ? Je suis encore indécise. Qu'aurait fait ma sœur dans une telle situation ? Elle l'aurait repoussé. Cette pensée suffit à me convaincre de quoi faire.

Je prends mon courage à deux mains, et je lui dis :

« - Même me forcer à consommer le mariage ne changera rien à ce que je pense de vous ! » Je l'attaque.

Il écarquille les yeux, se demandant pourquoi mon tempérament combattant refaisait surface, à ce moment crucial de notre relation. Je peux lire tout le désespoir dans ces yeux. Il n'est plus aussi audacieux.

Cependant, il reprend :

« - Je prendrais de force ce que vous me devez en tant qu'épouse ! Votre père attend de notre union un héritier ! Vous pensez qu'il patientera jusqu'à ce que vous soyez prête à m'accepter dans votre lit ! » Il me rappelle.

Je baisse la tête. Je ne dois pas céder à la tentation qu'il représente. Il me repousse fermement sur le lit, et se positionne à califourchon sur moi, me maintenant sous lui.

« - Je préfèrerais que notre première nuit, soit plus douce, mais vous m'obligez à la violence ! » Il me prévient.

Il commence à retirer le lacet de ma nuisette. Je repousse ses bras. Il bloque les miens avec un de ses bras. Il poursuit son inauguration de mon corps. Il retire le haut de mon vêtement, et découvre ma poitrine. Il l'a contemple, et se baisse pour l'embrasser. J'émets un hoquet de surprise. Puis, la sensation de ses lèvres sur moi devient délicieuse et envoutante. Il continue sa séduction, en enlevant totalement mon vêtement. Je ne lutte pas. Il plonge ses yeux dans les miens. Il pose ses mains sur mon corps, le désir en avant. Il embrasse mon torse avec sensualité. Je me sens gagnée par le plaisir, et entrouvre mes lèvres pour gémir. Il me sourit. Cette réaction de ma part, le ravit. Il comprend que je commence à apprécier ses baisers et ses caresses.

Je suis vulnérable. Je ne le dois pas. Je le repousse. Il me scrute surpris. Je continue à le pousser pour pouvoir me lever du lit. Il refuse et me plaque à nouveau dos sur le lit. Ses lèvres progressent vers mon bas ventre. Je ne peux pas le laisser y accéder. Je me débats en criant. Il finit par s'écarter. J'attrape rapidement mes vêtements, et me réfugie près de la porte de sortie de sa chambre. Il reste à me contempler, les yeux posés sur mon corps. Je passe ma robe rapidement, et j'ouvre la porte. Je m'échappe de son emprise et court me réfugier en sécurité dans la chambre de ma mère. Elle me reçoit étonnée par ma tenue en désordre, et mes cheveux décoiffés.

Je lui explique brièvement la situation. Elle hoche affirmativement la tête comme si elle comprenait ce qui me préoccupe. Je ne peux pas lui permettre de me conquérir. Non ! Impossible ! Je serre les poings. Le plus difficile est de lui résister parce que mon cœur bat pour lui. Tout le monde m'oblige à être ce que je ne suis pas. Je ne supporte plus cette situation. Et, je m'effondre en larmes dans les bras de ma mère. Même cela je ne le mérite pas. Je suis aussi fourbe que mon père. Ce secret que je traine avec moi, est devenu tellement pesant que j'ai honte de moi.

De retour dans ma chambre, je songe à l'attitude de mon époux. En somme, il n'a rien fait de mal, il voulait juste que nous nous aimions. Je secoue la tête. Combien de temps encore devrais-je l'éviter ? Personne ne m'aide, surtout pas mon père qui est à l'origine de cette situation. Je me sens à nouveau abandonner par les miens. Je baisse les bras. Je ne pourrais pas l'éviter et le repousser éternellement. Je demande un peu de pitié. Je mordille ma lèvre inférieure. Qui suis-je au juste ? Pourquoi me parachuter à cette place pour m'interdire de m'y épanouir ? Je dois remplacer la princesse chérie de la nation, mais en aucun cas, je ne dois être moi. Je souffle de désespoir. Personne ne me comprend ! Je suis agacée. Mathilde n'est pas Marie.

Le lendemain matin en me réveillant, je cherche un moyen de m'échapper du château. Je veux m'enfuir et vivre la vie que je me destinais. Quand je serais au couvent mon père ne pourra rien faire. Je retrouve espoir. Je prépare mon évasion avec attention. J'ai rangé des vêtements dans un drap. Je partirais cette nuit. Je souffre, mon cœur s'active dans ma poitrine. Le roi n'osera pas se venger sur les personnes que j'aime.

Convaincue par mon projet, je suis plus sereine. Quand je regarde par la fenêtre de ma chambre, j'ai l'impression d'apercevoir une silhouette dans le jardin, suivi d'une autre et d'une autre encore. Je suis intriguée, je fronce les sourcils. Je décide d'avertir mon père de ce dont j'ai été témoin. Mais, je suis interceptée par deux bras qui me ramènent  vers un corps et m'entrainent dans le couloir opposé. Je me débats. Le prince me fait signe de garder mon calme et de ne pas faire de bruits. Des pas dans le couloir m'alertent. Mes soupçons étaient fondés, des hommes sont parvenus à entrer dans l'enceinte du château. La garde royale est appelée à la rescousse pour protéger le roi. Je comprends que nous sommes attaqués par des renégats qui semblent agir pour leur propre compte. Ils ne sont pas nombreux, mais maîtrise à la perfection les arts martiaux. Ils se dirigent sans scrupules vers les appartements du roi.

Mon époux me conduit dans sa chambre. Il referme la porte, et me revoilà dans son antre. Je ne suis pas du tout à l'aise. Notamment quand je repense à ce que nous avons failli faire tous les deux......... Et qu'en est-il du roi ? Je m'inquiète tout à coup........





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