Chapitre XXX

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Felipe Lopez, Prince d'Espagne :

Cette déception remet en cause mon comportement prétentieux. J'avais l'impression de tenir le monde dans mes mains. Mais, aujourd'hui, j'ai pris conscience que je n'avais aucun pouvoir sur les sentiments des autres. Cette femme qui me trahit me fait trop mal. Je ne suis pas prêt d'oublier cette souffrance, et, je vais devenir méfiant. Avec le temps, vais-je réussir à l'oublier ? Je n'avais jamais été amoureux auparavant, et, les personnes autour de moi, m'indifféraient. S'impliquer avec autrui signifie souffrir à un moment ou un autre. Ce mariage est un échec poignant. Je sais pertinemment qu'en tant que Prince, je dois faire un mariage de ce statut. Même en retournant chez moi, mon père provoquera un second arrangement pour moi. Je ne pourrais échapper à mon destin d'héritier du trône d'Espagne. J'espère pouvoir rencontrer une femme qui me fera oublier Mathilde. Quand je pense que j'ai tout accepté même son mensonge pour pouvoir l'avoir près de moi. Je suis en colère à présent.

Je m'achemine ver le sud de la France pour regagner la frontière et quitter ce royaume infesté par mon chagrin d'amour. La souffrance que j'éprouve est accentuée par la colère qui me ronge. D'ordinaire, je n'aurais pas laisser passer cela, et, j'aurais désiré une explication de la part de celle qui me brise le cœur. Je suis tellement abattu que je n'ai plus aucune volonté de me battre pour l'amour de cette femme. Quand je repense à elle, je ne peux m'empêcher de la trouver mignonne, attachante, attirante, etc.... Je veux la haïr, cependant, j'en suis incapable parce que je la désire. Elle était à la hauteur de mes espérances. Je serre les poings. Quand je la tenais dans mes bras, je l'embrassais, j'aurais donner tout mon monde à ses pieds.

Je secoue ma tête. Je dois chasser ses idées de mon esprit, je me fais du mal. Elle s'est enfuie, cela prouve que je ne suis pas du tout important à ses yeux. Alors, il faut que je cesse de la trouver attirante, que je cesse de l'aimer comme un fou, tout simplement. Je m'éloigne de ce qui aurait pu devenir une belle vie avec ma moitié. Plus j'avance vers mon royaume, plus je ressens un vide en moi qui s'agrandit à chaque pas en avant. Ma respiration est difficile parce que mon estomac est compressé. Je m'éloigne, mais, ce n'est pas du tout ce que je souhaite. Je le fais pour ne pas perdre la fasse face au monde. Mon cœur me dicte de la retrouver et de chercher à comprendre ses raisons. Car, elle doit avoir une raison pour agir ainsi. Je ne peux pas croire qu'elle ne m'aime pas. Elle a avoué. Plus j'y pense et plus je deviens fou.

Je ne veux plus être ainsi. Je frappe les flancs de ma monture, je dois m'éloigner d'elle le plus rapidement possible avant de perdre définitivement la raison. Je ne veux pas être faible, elle torture mon cœur. Tout comme je tente de la haïr pour soulager ma peine, mais je n'y parviens pas. Je suis amoureux d'elle, et, cet amour, je le conçois, ne s'en ira pas facilement. Toute mon âme est ébranlée. Et si, elle se trouvait devant moi, à cet instant, je ne pourrais pas la rejeter. Je le sais, c'est ce que l'on appelle être dépendant d'elle. Toute ma volonté ne suffit pas à la repousser totalement de ma vie. Impossible !

Impossible que je parte ainsi ! Impossible que je la laisse derrière moi parce qu'elle est la femme de ma vie. Impossible que je passe à côté de cela ! Je stoppe mon cheval. Je réfléchis quelques secondes. Je ne peux pas vivre sans elle. Une larme coule sur ma joue. Je suis à tel point épris d'elle que je ne suis pas en mesure de la quitter. Une seconde larme et je comprends que je suis sur le point de faire demi-tour pour la retrouver. Mes mains tremblent, mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. J'ai trop besoin d'elle. Je retourne mon cheval, et reviens sur mes pas, toujours suivi par mon escorte. Quoi qu'elle en pense, elle sera mon épouse !

Je lance mon cheval au galop. Qu'est-ce qu'il m'est passé par la tête pour la fuir de la sorte ? Ce n'est peut-être pas de moi qu'elle s'éloigne, mais tout simplement de la vie qu'elle s'apprêtait à vivre...... J'en suis de plus en plus convaincu. Il faut que je la retrouve, et si je dois remuer ciel et terre pour cela, je le ferais. Je me moque de ce que penseront les autres. Mon bonheur avant tout ! De toute ma vie, je n'ai jamais désiré quelque chose à ce point. J'ai toujours obéi à mon père, agit en fonction de ce qu'il souhaitait pour moi. Maintenant, j'ai envie de vivre pour moi. C'est ce que la fuite de Mathilde vient de me faire prendre conscience. Je ne souhaite plus vivre sous l'autorité de qui que ce soit. Je veux aller là où mon bonheur se trouve. Je ne veux pas manquer cette opportunité d'être un homme heureux.

Il faut que je la retrouve au plus vite. Où irais-je si j'étais elle ? Certainement pas là où on viendrait  me chercher en premier lieu ! Je dois commencer les recherches par les villages qui se trouvent dans une direction opposée à celle du couvent, où elle devait rentrer. 

" Mathilde, je ne te laisserais pas t'éloigner de moi ! Je te retrouverais !" Je songe.

Elle est devenue mon équilibre, ma raison de vivre. Je me battrais pour la convaincre d'être avec moi. Tout simplement, je n'admets pas de perdre cet amour intense, ce véritable amour. Je m'impatiente, mais mon cheval s'épuise, et mes suivants également. Je dois admettre que nous devons faire une pause. A regret, je stoppe ma monture. Je marche de long en large, la tête baissée et intenable. Je veux me hâter pour ne pas perdre plus de temps. Me presser ne servirait à rien ! Je me calme pour retrouver mes esprits ! Je serre les poings. Je veux la retrouver ! Je souffle et inspire profondément pour ralentir mon rythme cardiaque. Je ne tiens plus, et me calmerait totalement quand je la reverrais, et que je pourrais enfin la tenir dans mes bras. Voilà ce dont je suis certain.

Mes hommes sont de solides gaillards, ils ont l'habitude de ces grands périples. Je les observe. Ils semblent ne pas comprendre mon changement d'avis. Mais, bien évidemment éviteront d'exprimer leur surprise. Ce qui me convient car je ne désire pas me justifier auprès de qui que ce soit pour ma réaction spontanée. Je n'ai qu'une idée en tête : la retrouver.

La pause se termine, nous reprenons notre ascension vers Paris. Le château se trouve devant nous à l'horizon. Il n'est pas notre lieu de destination. Un pincement au cœur me rappelle à quel point j'étais heureux avec elle. J'ai décidé de la retrouver, mais j'espère que ce sera rapide. Je me languis d'elle, et surtout m'inquiète pour elle. Elle pourrait être stoppée par des bandits, comme sa soeur, et être tuée. Je ferme les yeux. Il faut que je la retrouve avant qu'il ne lui arrive malheur. Je ne me le pardonnerais jamais, dans le cas contraire. La peur en plus de mon impatience guide mes pas.

Nous ralentissons la cadence, nous entrons dans un village. Mes hommes se déploient pour interroger les habitants. J'attends tout en observant autour de moi. Chacun revient, en secouant négativement la tête. Nous nous dirigeons vers le village suivant. Et ainsi de suite jusqu'au sixième, où nous entrons, moins motivés et épuisés. Nous décidons d'y passer la nuit, et reprendre les recherches par la suite.

Une nuit de repos dans un lit ne fera pas de mal. Je m'allonge pour réfléchir à notre prochaine destination. Elle me manque, et cette inquiétude permanente pour elle m'achève petit à petit à chaque que nous essuyons un échec. Si elle est prise dans une embuscade, elle ne saura pas se défendre. J'en frissonne en imaginant ce qu'il pourrait lui arriver. Elle a été très inconsciente en agissant ainsi. Elle aurait tout simplement pu en discuter avec moi. J'aurais pu comprendre.  Ce serait toujours mieux que de ne pas savoir, où elle se trouve, ce qu'elle fait. Et surtout, si elle va bien. Elle a agi sur un coup de tête, mais j'espère qu'elle va bien...........

Pile ou faceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant