Cela faisait plus de huit mois que nous étions ensemble. Notre relation était belle, intense, mais couverte de disputes, parfois épuisantes. Je tenais bon, car je l'aimais et j'y croyais plus que je n'y avais jamais cru. Pourtant, mes études me contraignaient à passer beaucoup de temps loin d'elle. Je n'avais pas le choix, ce métier c'était mon but ultime et je voulais faire honneur à mon père.
— Qu'est-ce que tu fais encore là, Du chat ? demanda Elana en m'enlaçant.
— Oh El' ! sursautai-je. Tu me fais bouger, attends !
Elle ricana et renforça son emprise en passant ses mains sous ma chemise tout en me mordillant le lobe de l'oreille.
— Tu sais que j'ai encore rêvé de nous, glissa-t-elle, mutine.
— Ah oui ? répondis-je en me laissant aller dans ses bras.
— Mhm, mhm oui, acquiesça-t-elle en caressant le bout de mon nez avec le sien. De nos vies antérieures et futures aussi cette fois. On était dans un monde entièrement digitalisé et ta peau était couverte d'acier...
Pendant qu'elle me racontait son songe de la veille, elle écartait les bras de manière théâtrale et se redressait, les yeux brillants.
Je ris, amusé de la voir ainsi se mettre en scène et si passionnée par un simple rêve.
— Arrête avec ces conneries de spiritualité, ricanai-je en la tirant vers moi. Ça te bouffe la tête...
— Ce ne sont pas des conneries ! Ton esprit n'est pas assez ouvert, c'est tout. Tu pourrais au moins respecter mon ressenti, se vexa-t-elle.
— Je suis désolé, c'est vrai, mais je suis un scientifique, pas un rêveur, notifié-je en me retournant vers mon bureau, prêt à me remettre au travail.
Elana esquissa une moue dubitative.
— On y va pas ? demanda-t-elle d'un ton plus sérieux.
— Hein ? balbutiai-je déjà absorbé par ma tâche.
— Mais, Nath ! Le ciné ! T'as oublié ?
Elle me fixait de son air accusateur. De mon côté, je planchais sur les mêmes plaquettes de séquençage ADN depuis des heures au point où je n'avais pas vu les aiguilles tourner.
— On ne passe jamais de temps ensemble, se plaignit-elle en soupirant.
— Je n'ai pas vu l'heure, excuse-moi, soupirai-je. Je dois bosser et tu n'es pas censée venir au labo !
— C'est celui de mon père, donc je fais ce que je veux. Si tu es là, c'est grâce à moi ! Tu aurais au moins pu me prévenir que tu annulais, je serais allée voir le film avec un autre mec qui m'aime vraiment.
Je lui lançais un regard réprobateur. Je détestais quand elle faisait ça. Jouer avec mes nerfs.
— Laisse donc ces pauvres souris tranquilles ! lâcha-t-elle alors que je refermais une cage en me saisissant d'un nouveau sujet.
— Ce sont des rats, répondis-je, imperturbable.
— Mais qu'est-ce que tu lui fais ? Le pauvre... Arrête ! s'écria-t-elle alors que je coupais à vif le rongeur qui couina.
Je ne disais rien, recueillais l'hémoglobine qui s'écoulait sur mon scalpel pour le passer au microscope.
Sous la loupe et la lumière blanche, le liquide brillait de reflets bleus violines qui se fondaient dans le rouge. Le sang de cette bête était profondément bleu. Bleu indigo.
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Essence Indigo - Sarah JOAN ©
Mistério / SuspenseEt si l'amour et la vérité valaient la peine d'être sauvés, jusqu'où iriez-vous ? Nathaniel part voyager en Nouvelle-Zélande suite à la mort d'Elana, son ex-petite amie, dont il a été accusé. Bien qu'à l'autre bout du monde, les eaux troubles du pa...