Chapitre 7

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* Point de vu de Nathan

Peur. Terreur. Peut importe le nom que vous donner à cette bête qui me dévore l'estomac à l'instant. Je vais mourrir aujourd'hui. Un sentiment d'impuissance me submerge. Puis la peur devient un euphémisme.

* Point de vu d'Elizabeth.

Il ne peut s'empêcher de fixer avec angoisse la bouteille à demi cassée que je tiens à la main. J'adore le voir dans cet état.

Je m'approche de lui. Ses yeux suivent la bouteille maintenant au même niveau que son visage. Sa joue se fait effleurer . . .

Puis je me mets au boulot.

Je déchire ses vêtement pour me faciliter la tâche. Je commence par des lacérations peu profondes ici et là . . .

Un son strident me tire de mon état de concentration.

Après la peur on dirait que ses réflexes se réveillent : Nathan crie à l'aide. Je n'avait pas prévu cela. Je suis vraiment dans la merde si quelqu'un l'entend. Une idée me vient en tête.

- Ouvre grand la bouche ! Demandais-je alors que je pris un long morceau de vitre dans ma main droite.

De l'autre je saisi sa langue.

* * *

Désormais Nathan ne me dérangera plus en hurlant.

Un sourire carnassier se dessine sur mon visage alors que je déclare sachant qu'il ne pourra pas me répondre :

- Tu tremble. Être muet te déplaît ?

Il ne m'accorde même pas un coup d'œil trop occupé à fixer ce qui reste de sa langue au sol. Quand finalement il tourne la tête dans ma direction je m'aperçois que la colère a remplacée la peur. Et je veux remédier à cela.

Je continu à lui déchiqueter la peau jusqu'à ce qu'elle soit en lambeaux et que des rivières de sang s'en échappe de partout.

- Tu ne pense quand même pas que je vais te laisser t'en sortir à si bon compte ? Te torturer avec des bouts de verre ? Ce n'est pas suffisamment original à mon goût . . .

Nos regards se croisent. Le siens n'exprime que fureur et lassitude. Puis cela change tandis qu'il essaie de découvrir le sens de mes paroles.

J'éclate d'un rire sinistre vis-à-vis son air nigaud et projète une bouteille de verre à quelques centimètres de Nathan avec force. Des dizaines de fragments viennent se ficher dans la peau de celui-ci.

Je sort de sa cachette le bidon d'essence que j'ai apporté.

Et je m'amuse de l'image que me donne Nathan : il se débat avec un long hurlement muet sous la douleur de ses plaies ouvertes entrant en contact avec l'essence . . .

* * *

Immolation,

Une simple allumette et c'est fait.

Les flammes lèchent bientôt le corps qui se débat en vain.

On dit que la pire des souffrances est d'être brûlé vif . . .

Et c'est aussi un magnifique spectacle.

Je délire. Une hallucination, la fleur de sang, refait surface.

Elle se consume avec ce qui reste de mon ennemi.

* * *

La sirène de plusieurs véhicules, pompiers, ambulances et polices compris, me sort de mes pensées confuses.

Quelqu'un s'aurait-il aperçu de ce que je manigance depuis tout à l'heure ? Ou serait-ce la fumée qui aurai alerté les voisins ?

Peu importe, si la police s'en vient, il faut que m'en aille au plus vite.

Je m'élance à la course entre les différents dédales de ruelles et de rues peu fréquentées. Mon habit d'hôpital maculé de sang séché et d'essence vole au vent. 

Mais au bout de dix minutes les sirènes au lieu de s'éloigner me rattrape.

Ils m'on prit en chasse.

Aurai-je la chance de les semer ?

* Point de vu d'un policier quelconque

Nous arrivons sur les lieux. Le feu s'est déjà propagé aux maisons qui bordent la ruelle et les pompiers s'affairent à leurs tâches.

Une forme sombres entre les flammes attire mon regard. Serait-ce le déclencheur de l'incendie ? Puis après observation, je réalise que la tâche sombre a forme humaine.

L'horreur me saisie alors que j'aprends ma découverte à un pompier.

Une personne presque déjà entièrement consumée peut-elle encore être sauvé à ce stade ?

Je m'éloigne un peu. Mon ex-femme avait raison, peut-être suis-je un peu trop sensible pour mon travail.

Je soupire dans la nuit sombre seulement éclairée par l'incendie et quelques faibles lampadaires.

Depuis qu'elle a demandé le divorce ma vie n'est plus la même. Je n'arrive plus à sourire. Elle me manque . . .

- Monsieur ?

- Euh . . .oui, répondis-je l'esprit encore embrumé par mes sombres réflexions.

- J'habite tout proche et je suis venu voir ce qui se passait quand je l'ai vue s'enfuir, continua le témoin.

- Pardon ?

- Une jeune femme, elle était couverte d'une substance noire ou je sais pas trop. Vous savez ça s'est passé tellement vite et puis il faisait déjà nuit noire à ce moment . . .

L'homme, le témoin, semblait plutôt nerveux.

- Une femme ? Pouvez-vous mieux me la décrire ?

- Elle avait des cheveux noirs et puis . . . et puis . . . je n'ai pas remarqué autre chose . . . 

- Merci monsieur de votre contribution.

Sur ce je me retourna d'un pas vif pour aller faire part de ces découvertes à mon supérieur. Cependant, l'homme me donne une dernière information :

- Elle est partie par là, dit-il en me pointant une direction.

Hum, si je prends le temps d'avertir mon supérieur il sera plus difficile de retrouver la trace de cette femme après si elle est d'une manière ou d'une autre impliquée dans l'affaire. Je crois qu'il vaut mieux la poursuivre dès maintenant.

Je hèle mon coéquipier et je prends le volant. On a pas une seconde à perdre.

* * *

Après quelques feux rouges ignorés et toujours à grande vitesse, j'aperçois enfin une silhouette humaine et féminine à la course.

Les cent mètres qui nous séparait ont disparus d'une rapidité ridicule. Avec la voiture nous lui coupons le chemin mais elle ne s'arrête pas là. Nous sortons de l'habitacle et la rattrapons à la course.

Quand nous la cernons enfin, elle court vite il faut se l'avouer, elle se débat sauvagement mais mon coéquipier la maintient fermement. J'allume ma lampe de poche et remarque qu'elle correspond parfaitement à la description que m'a faite le témoin de sa fuite. Elle est en habit d'hôpital et la substance que la macule semble être du sang coagulé. Aie. Peut-être qu'elle est plus qu'un peu impliquée dans l'affaire.

On lui mets les menottes et la glisse à l'arrière de l'automobile.

La dernière chose qu'elle émet avant que la portière se ferme est un profond grognement guttural et animal.


Fleur de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant