Chapitre 10

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La nuit, sombre mais parsemée par la lumière de quelques maisons, semble me caresser. Il y a si longtemps que je n'avais pas respiré un air si pur ! Les champs s'étendent à mes côtés et les étoiles se comptent par millier.

Comment je me suis rendu en campagne ? J'ai volé une auto. Facile. Sauf que je sais pas vraiment conduire alors elle est dans un fossé à l'heure qu'il est. Et maintenant je marche au milieu de la route savourant cette chaude soirée de printemps.

Oh vous voulez plutôt dire comment j'ai pu sortir du centre de police ? Mmmm je vous laisse le mystère pour l'instant.

J'ai pas d'argent, aucun objet personnel, je sais pas où je suis et où je vais. Je sais pas ce que je vais faire. Au moins j'ai une tenue adéquate, pas comme la dernière fois. Je porte un jeans et un simple t-shirt noir. C'est ma seule consolation.

J'erre sans but.

Un bruit derrière moi me fais sursauter. Je me retourne et mon regard rencontre le vide. Ce n'est rien.

* * *

« - La vie est belle, tu ne trouve pas ?

Allongées sur un tapis d'herbes hautes nous contemplons les nuages.

- Evidemment, qu'est-ce que je ferrai sans toi, répondit-je immédiatement.

La fillette se retourne vers moi, ses yeux bleus moins joyeux tout d'un coup :

- Mais on ne peut pas être ensemble pour vie . . .

- Bien sûr qu'on serra ensemble pour la vie, jamais je ne laisserai quelque chose nous séparer !

- Promis ?

- Je te le promets. Regarde celui-là, on dirait un cheval !

Déjà nous avons oublié toutes nos insécurités. »

Le soleil vint me tirer de mon sommeil. Les brins d'herbe sur lesquels je suis couché me chatouille. Je retourne, m'attendant à voir la fillette à mes cotés. Elle n'est pas là. J'eu un bref moment d'inquiétude avant de réaliser que tout cela était un rêve. La déception, étonnamment, fut si forte à cet instant qu'elle me coupa le souffle.

Hier, après des heures de marches, je me suis étendue dans un champs pour me reposer. Peut-être n'aurai-je pas dû finalement.

Hum, peu importe. Je reprends mon avancé sur le bord de la route en m'efforçant d'ignorer la faim qui me dévore.

* * *

La chaleur se fait cuisante cet après-midi, je sue à grosse goûtes. Et tranquillement se montre la soif, je n'en ferai pas de cas pourtant, parce que dans l'immédiat je n'ai aucune ressource pour l'étancher.

Un semblant de bruit de pas derrière moi dans le champs à ma droite repousse mes réflexions. Cette fois je suis sûre qu'il y a quelque chose. Ou quelqu'un.

Je m'arrête de marcher.

- Calvin. Sort de là je t'ai entendu.

Le silence me répond.

Je me retourne et aperçois le jeune homme à peine caché par les blés. Je le rejoint et l'empoigne fermement par le bras. Je m'apprête à l'engueuler mais je ne trouve pas les mots. À quoi bon de toute manière, il m'a suivit et c'est justifié : c'est lui qui m'a aider à sortir du centre de police. Et pourquoi a-t-il fait ça ? Je vais vous raconter toute l'histoire.

Je l'ai rencontrer peu après mon arrestation, il est le concierge du bâtiment. Il ne cessait de me dévisager longuement et s'attardait à nettoyer le plancher devant ma porte. Déjà énervée par cette habitude le deuxième jour, je lui ai demandé peu poliment d'arrêter (en criant et en lançant des injures). Surpris par mon agressivité il m'a dit :

- Tu ne te souviens donc pas de moi ?

Intriguée, j'ai répondu par la négative. Alors il m'a expliquer qu'avant nous étions les meilleurs amis du monde. «Avant quoi ?» le questionnais-je. Il refusa de me donner une quelconque réponse à ce sujet. Le mystère de mon enlèvement me semble sombre et impénétrable.

Calvin m'a aussi annoncé que certaines personnes me voulaient du mal. J'ai feinté la surprise pour qu'il ne s'inquiète mais je n'avais aucun mal à faire le lien avec mes tortionnaires. Il voulait me faire sortir du centre et il a réussit. Sauf qu'après il voulait que je reste avec lui pour me rappeler mon passé, que je redevienne comme avant. J'ai eu peur sur le moment et j'ai semé Calvin (enfin, je le croyais) dès que j'ai recouvert ma liberté. 

Et maintenant je me retrouve encore avec lui parce qu'il m'a suivit. Même si lui me connait par coeur, il reste un inconnu à mes yeux, je ne lui doit rien.

- Viens avec moi, je vois bien que tu es perdue. Je peux te donner un foyer et des vivres. Je peux t'aider à comprendre . . . Dit Calvin me ramenant brusquement au présent.

Je n'ai aucune obligation envers lui mais il a raison, lui en a une envers moi : m'aider à remettre de l'ordre dans mon monde sans-dessus-dessous. Je suis dans une impasse et lui seul peut m'en sortir.

- D'accord.

Il fut presque surpris de ma réponse. 

- Aller viens, ma voiture est un peu plus loin, on rentre à la maison.

Je le suit docilement, j'ai pris la meilleur décision. Et alors que je m'attendais à faire le trajet en silence il engagea la conversation.

- Ça va être dur mais il faut que je te parle de ta soeur.

Aïe, je sais pas si c'est un pressentiment ou juste le ton qu'il a employé mais je sens que les révélations à venir vont être douloureuses.


Fleur de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant