Chapitre 12

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Je tire finalement la porte et je me glisse à l'intérieur. Aucun trace de vie. Les escaliers descendent dans la pénombre, je les dévale à un bon rythme. Un rythme que mon cœur, déchaîné, est loin de suivre. Il cogne fort dans ma poitrine, l'adrénaline monte. Savent-ils que je suis à l'intérieur ? Sûrement, le domaine d'un organisme d'une telle importance doit être truffé de caméras de surveillance.

Et si je meurs ? Cette pensée, recluse, s'infiltre en moi me nouant les entrailles. Et si je meurs ?

Eh bien si je meurs j'irai rejoindre Rose. La mort est un châtiment qu'elle a déjà payé en partie par ma faute. Je me dois d'être forte pour elle aujourd'hui, je me dois de chasser mes angoisses.

Vint la fin de cet escalier interminable, vint une odeur légèrement désagréable. Dans la noirceur je heurts par mégarde un objet qui tombe bruyamment sur le sol de marbre. Alors s'illuminent de faible néon grésillant au plafond.

L'objet est une chaise. Une chaise encore tachée de mon sang lors de mon évasion. Mon regard se porte sur le plancher blanc : il est maculé de trainés d'écarlate.

Ils n'ont pas nettoyé . . . Que cela signifie-t-il ? Eux qui sont si organisé, si infaillible ? Eux qui avait tout prévu, tout prévu pour détruire mon monde, tous mes espoirs, même les plus minimes ? Qu'est qu'ils manigancent ?

Je n'en ai aucune idée. Peu importe maintenant.

J'avance dans la semi-pénombre étouffante, mon pouls emballé n'en peut plus sous l'éclairage intermittent et le silence. Ce silence, lourd, pèse bien plus que ma misérable vie.

Alors, un hurlement déchirant, l'appel d'un être à la mort, vint à mes oreilles. 

J'avance plus vite. Pas parce que je veux sauver l'auteur de ce cri de désespoir, non. Parce que je sais au plus profond de moi que je ne dois pas laisser le temps à la peur de naitre, je dois foncer tête baissé.

Le couloir est jalonné de porte. D'autres détenus.

Je cours maintenant, trop de souvenirs de mon cauchemar me reviennent. Je ne dois pas laissé la peur exister en moi.

Enfin j'aperçoit quelqu'un, une femme en blouse blanche. Aucun doute, elle fait partie de l'association. J'entends mon sang battre dans mes tempes, l'excitation prend place.

Elle ne m'avait pas vu, mais mon pas l'a alertée et elle se retourne. Ses yeux, exorbité de surprise, ne comprennent pas ce que signifie ma présence. Elle semble figée et déjà il est trop tard, je l'immobilise facilement. Ma main gauche est sur sa bouche et la droite appuie un couteau sur son ventre. Je devine sous sa chemise sa chair tendre à cet endroit, une chair si facile à estropier . . .

Lentement, je libère ses entrailles.

Un flot de sang vint se déverser sur le plancher. Rouge sur blanc. Un rouge si riche et sombre. Un écarlate luisant, envahissant le plancher ; croire que celui-ci a déjà pu être blanc. Un sourire de pur plaisir étire mes traits. Oh les intestins furent aussi de la fête, fuyant l'intérieur de leur hôte. 

La femme a encore la force de se débattre et je ne peux m'empêcher de la terrorisé encore plus en lâchant le couteau et ouvrir la plaie d'avantage de ma main nue.

Que c'est grisant ! Ma main parcourt la lésion, puis pénètre en son sein chaud pour brutalement saisir et arracher le reste des ses intestins grêles.

Ma victime s'évanouie malheureusement, la débauche est finie.

Je la dépose au sol et retire ma main recouverte de sang encore ardent.

La peur ? Plus aucune trace. Juste mon envie de tuer. Juste mon plaisir d'arracher des vies.

Juste la haine, juste ma propre folie.

* * *

 * Point de vu d'un tortionnaire quelconque qui fait partie de l'association

Elle. Une inconnue. Ou presque : c'est une ancienne séquestrée. 

Elle arrache nos âmes une à une. Caché derrière un bureau je vois, je subie, mes collègues périr de ses lames. Elle possède plusieurs couteaux, tous plus immenses les uns que les autres.

Elle égorge, poignarde, décapite, éventre . . .

Le sang gicle, les taches de carmin sont partout sur elle comme sur moi : je baigne dans le sang de mes frères. L'horreur me saisi, la révulsion aussi.

Si j'avais su, je ne me serai jamais embarqué la-dedans. Cette étude c'est n'importe quoi ! Essayer de voir les limites de l'homme, ce qu'il fera quand il ne lui reste plus rien ? C'est ignoble . . . 

Merde ! Elle m'a trouvé !

Elle me soulève de terre. Ses yeux n'exprime plus rien, excepté un amusement sans nom ; elle a perdue son âme. 

Elle appose sa lame sur ma jugulaire, c'est à peine si je respire, je vais mourir. Je panique intérieurement : c'est la fin. Je suis si affolé qu'aucune pensée cohérente ne peux m'atteindre. Sauf le liquide bouillant qui coule de ma gorge ulcéré, sauf mon incapacité à respirer, sauf son sourire maculé de sombre rouge. Mon sang m'échappe.

Je finis par perdre mes moyens, je ne bouge plus, je ne respire plus . . .

* * *

* Point de vu d'Elizabeth

Euphorie. Voilà tout ce que je ressens en ce moment. Je suis tachée de sang, tachée de la vie d'environ dix personnes. Et je n'ai pas finis mon travail.

Ma vengeance est si exquise, je n'aurai cru y trouver autant de plaisir !

Ce que j'aime le plus, c'est ce que je vois dans les yeux de mes victimes : supplication, souffrance, horreur, désespoir . . .

Je sursaute quand j'entends la porte grincer et s'ouvrir. Qui vient m'affronter directement alors que tous s'enfuient lâchement ?

Il s'avance et me fait face. Je suis confuse, cela ce peut-il réellement que ça soit lui ? Je n'aurai donc pas réussi à le tuer pour de bon ?

Car il n'y a aucun doute, c'est bien Nathan qui est devant moi, imperturbable.

- C'est entre toi et moi maintenant, dit-il, un rictus fleurissant sur son visage.

Je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour, c'est là que les choses deviennent intéressante. 




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