Le ciel était noir. Chargé d'épais cumulus orageux, il semblait presque s'effondrer sur la terre. Le clochet de la chapelle venait de sonner, et le chant funèbre venait d'être entonné. Le prêtre, accompagné de son cortège donnait la dernière onction funèbre. Autour de lui, la famille et les invités, tous vêtus de noir observaient la scène certains avec afflicition, d'autres avec indifférence.Orvate, assis à l'écart contre le gazon du sépulcre regardait dans le vide. Personne n'osait s'approcher de lui... Sauf une personne.
Les cheveux d'ébène, et les yeux d'un vert perçant, elle s'approcha d'Orvate s'abaissa à son niveau malgré son opulente robe.- Orvate, mon cher cousin... Dit-elle, en lançant son regard dubitatif dans celui de son interlocuteur.
Celui-ci, qui n'avait pas le moins du monde remarqué son arrivée se retourna lentement vers elle avant de lui répondre.
- Blue, c'est vous.
- Eh bien, cher cousin pourquoi ne venez-donc pas vous joindre à nous ? Vous savez, c'est assez mal vu que le fils du défunt se mette ainsi à l'écart.
Rétorqua celle qui répondait au nom de Blumen, Blumen Verborgene Eldërweiss, fille de Natch Verborgene Eldërweiss, Oncle d'Orvate.
- Sachez que c'est encore plus mal vu qu'une femme de votre rang s'abaisse ainsi au niveau d'un misérable tel que moi. Si Tante Chatëlayne vous voyait...
- Vous savez, je comprends parfaitement votre douleur, mais laissez-moi au moins vous aidez à l'encaisser...
Orvate laissa s'échapper un léger rictus d'amusement.
- Eh bien, vous ne devriez pas. A vrai dire, je suis épuisé, je suis fatigué de toutes ces rengaines à ne pas en finir. Plus rien n'a d'importance. Laissez-moi plutôt en paix, voulez-vous bien...
Sur ces mots, le visage de Blumen vira à des teintes tristes, bien différentes de son visage d'habitude si enjolivé.
- Tout le monde dit que votre vie est fichue, qu'il n'y a plus d'espoir...
- Oui, c'est vrai, ils ont raison. Que voulez-vous que je vous dise ? Cette vie me semble un peu plus incolore chaque jour. Je passe mes journées à me triturer le cerveau, encore et encore, mais je n'arrive pas à m'y faire, je suis épuisé. Pourquoi a-t-il fallu que ça n'arrive qu'à elle ?
- Vous savez, la vie est faite ainsi. La pluie choisit-elle sur quel toit tomber ? Non... Alors sachez qu'il n'y a que Dieu pour penser vos blessures. Faites-lui confiance...
Sur ces mots, le visage d'Orvate prit une expression divisée entre l'exaspération et la peine.
- Dieu ? Dieu ?! Vous entendez-vous parler ? Si Dieu existait, pourquoi a-t-il laissé ainsi Sévinque me quitter ? Pourquoi m'aurait-il arraché ma femme et mon enfant ? Hein, dites-moi. Ne partais-je pas à la messe tous les Dimanches ? M'étais-je pas fait baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ? Dites-le moi ?! Pourquoi la vie est-elle ainsi ? Pourquoi sommes-nous donc comdamnés à cette cruelle mécanique ?!
- Non ! Vous n'avez rien compris. Hurla Blume, visiblement irritée par les propos d'Orvate.
En l'espace d'un instant, les regards se dirigeaient vers elle avant de se reconcentrer sur le prêtre et son cortège qui s'en allaient déjà.
- Pardon, mais vous vous trompez. Ce n'est pas parceque vous faisiez tout cela que vous méritez quelque chose en retour ! Vous dites vous être baptisé, mais pensez-vous réellement connaître Dieu, ou vraiment faire ce qu'il demande ? Je vous connaît bien Orvate, vos défauts, vos forces et surtout vos faiblesses. Car ce qui compte le plus, sachez le, c'est votre foi et vos oeuvres. Elles parleront plus que vous-même.
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Là où naissent les Lucioles
FantasiaLe taciturne Orvate Eldërweiss, héritier de la prospère et influente famille Eldërweiss est promis à un destin radieux avec sa femme et leur futur enfant. Mais lorsque s'enchaînent tragiquement le décès de son épouse puis de leur père, Orvate somb...