Cнαpιтre 5

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Bianca et les Vandenblaan avaient très mal dormi, et pour cause ; aujourd'hui, le déchirement de la famille allait avoir lieu. À une heure du matin, toute la famille s'était réunie dans le salon pour passer une dernière nuit avec leur frère aîné et leur père.

Bianca ne les avait pas suivis pour les laisser entre eux, mais Sally était venue la chercher pour lui demander de se joindre à eux ; « Tu es de la famille, maintenant » expliqua-t-elle en cachant ses larmes. Elle était donc descendue et avait essayé de les réconforter le plus possible, même si elle savait que c'était inutile.

Hélianthe pleurait dans les bras de sa grande sœur, Alphonse tapotait maladroitement le dos de Rodolphe qui le prenait dans ses bras, Sally et Albert étaient inséparables et les jumeaux écoutaient distraitement Bianca en essayant de dissimuler leurs pleurs.

- Chuut... murmurait-elle. Chuut, ça va aller.

Ils s'étaient alors endormis dans les bras des uns et des autres, oubliant leur peine pour sombrer dans le monde du sommeil.

Le lendemain matin, quand Bianca se réveilla, tout les Vandenblaan étaient levés et déjeunaient sur la grande table de la salle à manger. Personne ne parlait, tous profitaient de la présence du père de famille et de l'aîné, qui allait leur être cruellement arrachés.

L'atmosphère était pesante, très pesante. C'était la guerre, il fallait se battre, et sans hommes pour le faire le champ de bataille resterait vide. Mais pourquoi est-ce que la République du Sud avait déclaré la guerre au Royaume du Nord ? Dans quel but ? Y en avait-il vraiment un ?

Peu à peu, la table du petit déjeuner se dépeupla et ce fut bientôt le moment de partir. Dans la voiture, la grande famille se tenait la main. Rodolphe, un sourire triste collé sur le visage, lui présenta la sienne qu'elle prit en la serrant fort dans un signe d'encouragement. « Tu fais partie de la famille, maintenant » avait dit Sally tout à l'heure. Apparemment, le cadet aussi le pensait, et cela lui fit chaud au cœur.

Ils montèrent à l'intérieur de l'imposante voiture d'Albert vers 7 heures. La traversée fut longue et ennuyante, sans compter de la tristesse de chacun. Ils arrivèrent dans une cour fermée où des centaines d'enfants discutaient gravement. Un immense château se dessinait au loin, entouré par une grande forêt sombre. De grandes tourelles l'encadraient, et il pouvait aisément se faire traiter de « moyenâgeux ».

Albert, qui était au volant, s'arrêta alors, la mort dans l'âme. La portière s'ouvrit et toute la fratrie sauf l'aîné et Bianca en descendirent. Le père, la mère et le plus âgé firent de même. Ils se regardaient dans le blanc des yeux, se demandant qui allait craquer en premier. Ce fut Hélianthe qui le fit en se précipitant dans les bras de son père en sanglotant.

- J'ai peur, papa... avoua-t-elle. J'ai peur... de ce qui va arriver.

Albert sourit entre ses larmes et cita une phrase écrite par Albert Brie :

- La peur de l'inconnu, c'est l'appréhension du connu défiguré par l'imagination.

Marianne, qui était derrière sa sœur, reconnu immédiatement la citation qu'elle avait apprise à son père il y a quelques années. Un sourire sans joie et mélancolique se dessina sur ses lèvres.

- Adieu, les enfants, annonça gravement le père de famille. Je ne sais pas si Alphonse et moi sortirons vivant de cette histoire, ainsi je vous demande de ne jamais penser à moi avec mélancolie. Prononcez mon nom comme vous l'avez toujours fait et ne soyez pas triste. Dîtes-vous que je vous attends dans l'au-delà...

Sur ces mots, toute la famille se regroupa dans une étreinte. Bianca, ainsi que quelques élèves aux alentours les regardaient avec émotion se faire leurs adieux, puis la voiture partit, Albert, Alphonse et Sally avec.

ℓєѕ ƲσуαƓєυяѕ ∂єѕ Ƭємρѕ αηƇιєηѕOù les histoires vivent. Découvrez maintenant