Our summer ʸᵉᵒⁿᵍʸᵘ

°•°•💙Chapitre trois🩵•°•°

Conseil de lecture : écoutez Loin de Nuit Incolore pour ce début de chapitre ^^

Je vous remets le lien de ma playlist juste ici :
https://deezer.page.link/Hs5Rtt2TK9jfF8Ug6

Bonne lecture 🩵

Samedi matin/ après midi

Pourquoi se sent-il si loin ? Il a froid, il a chaud, il ne sait plus où il est. Mais il est loin. On dirait que son esprit s'est détaché de son corps. Je vous le demande, à cause de qui ?
Il a cru les gens jusqu'à ce que le ciel tombe et voilà le résultat. D'un tableau familial, il ne reste plus que des fragments déchirés qui ne seraient jamais réunis. Ne le mérite-t-il pas ? Est-ce parce qu'il a le cœur un peu trop seul ? Ou trop sale ? La cécité s'est emparée de son cœur d'enfant qui n'est maintenant plus qu'un lointain souvenir.

Si seulement il pouvait mettre en veille le temps. Dormir est son seul reméde contre sa mélancolie. Bon sang combien lui faudra-t-il encore de rêves pour que les heures s'arrêtent ?
Les gens dorment-ils encore avec des rêves ? Et Yeonjun, lui reste-t-il un petit quelque chose qui pourrait se faire passer pour ? Bien sûr que oui. Il poursuit le Soleil, il poursuit l'amour, il poursuit sa liberté.

Mais là n'est pas la priorité. Si ses parents avaient trouvé un moyen de le retrouver ? Non c'est impossible. Tout bonnement impossible. Cette idée tourne dans sa tête, comme un poison s'immisçant dans ses veines. Il ne peut s'en détacher, ni même l'ignorer. La peur qui lui tord les entrailles est constante, et bien réelle. Il lui est impossible de l'annihiler, même s'il le voulait de toute ses forces. Ce qui est d'ailleurs le cas.

Il se sent comme un animal traqué. Un chronomètre fictif dans sa tête semble prendre un malin plaisir à lui rappeler le bruit d'une bombe. Qui pourrait à tout moment exploser et le détruire, lui qui a encore tant de choses à vivre après avoir raté contre son gré le début de sa vie. L'impression d'avoir passé ses plus belles années en cage le rend fou.

Peut-on faire subir un tel abandon à sa propre progéniture ?
L'a-t-on une seule fois désiré ? C'est pourtant ça la vérité.
Son enfance a été passée à s'inventer des souvenirs pour tuer le temps, chaque fragment de bonheur de sa petite vie, emportés par le vent.
Il est le fantôme d'un enfant.

Tiré de ses sombres pensées par la voix nasillarde de l'hôtesse italienne annonçant avec un bel accent de son pays qu'il est onze heures cinquante et que les restaurants viennent d'ouvrir leurs portes, Yeonjun se redresse et étire son dos en grimaçant sous les craquements secs que produisent ses vertèbres endolories. C'est vrai que dormir par terre n'est pas excellent pour le dos mais le sol est préférable à une cabine hors de prix.
Il ne sait pas combien de temps il restera en Corse ni même où il ira et ce qu'il fera après alors s'il peut éviter de dépenser un argent fou, il le fait.

Sa vision est trouble et une désagréable sensation lui martèle le crâne. Il grimace. Il s'est encore levé trop vite. Familier de ce ressenti, Yeonjun se rallonge tout en soupirant et portant une de ses mains dans ses cheveux pour les entortiller autour de ses doigts. C'est une habitude, quelque chose qu'il fait depuis tout petit. Il n'a pas souvenir d'avoir eu vraiment de doudou étant enfant, ce n'était pas ce qui l'attirait spécialement. Bien sûr, il possédait un petit lapin bleu en peluche pour dormir mais il préférait toucher ses cheveux comme bon nombre de bébés.
Un rituel qui l'a suivi dans son évolution de petit garçon à homme.

Il se rassied en tailleur puis attrape son téléphone, planqué sous son oreiller de fortune soit son sac, afin de vérifier ses notes prises une fois sa réservation accomplie. Débarquement à l'île Rousse, ou Isula Rossa pour les autochtones, vers seize heures environ. Ce qui lui reste quatre bonnes heures à patienter, le ventre vide.
Yeonjun est un homme aimant la bonne chère, un passionné de nourriture en somme. Cependant ses quelques années de travail à manger des sandwiches tout fait et des salades à emporter dans les boulangeries les rares fois où il pouvait se permettre de prendre une pause, ont ruiné son palais et son appétit.
Il sait que les repas en bateau coûtent de l'argent pour finalement pas grand-chose, aussi décide-t-il de ne pas prendre de déjeuner.
Comme vous avez pu le remarquer, notre motard fait attention à l'argent.